Natif d'Avignon, Éric Di Meco a passé son enfance à Robion (Vaucluse) avant de se rendre à Marseille pour intégrer le centre de formation de l'OM. Vainqueur de la Ligue des champions en 1993, il est devenu une légende du club. Un passage qui lui a permis de nouer un lien extrêmement fort avec les Marseillais et de tomber amoureux de sa ville d'adoption.
Qu'est-ce que représente Marseille pour vous ?
Je crois que l'on peut définir Marseille comme l'eau et le feu. Cela bouillonne tout le temps. D'ailleurs, je commence à vieillir et je me rends compte que j'ai du mal à suivre par moments tellement cette ville avance vite. La mer, le soleil, l'eau, le feu, ça donne tout ce bouillonnement qui fait qu'on est un peu fadas dans cette ville, et on le revendique. On aime bien se définir comme cela.
Comment Marseille a-t-elle influencé sur votre carrière ?
Je suis arrivé à Marseille en 1980, parce que je suis Vauclusien. J'étais un tout jeune ailier gauche, technique et élégant, un peu à l'ancienne et j'ai vite été confronté à la rigueur de tous mes copains du centre de formation. Quand je suis arrivé ici, j'étais un attaquant tendre, je prenais des coups par José Anigo, Christian Caminiti et tous les minots de l'époque parce qu'ils arrivaient des quartiers où il fallait se faire une place physiquement. Donc j'ai été obligé de m'y mettre mais cela a été moins rapide qu'on ne le croit. On peut dire que Marseille a défini mon jeu.
Quel est votre endroit préféré à Marseille ?
Lorsque je pars longtemps de Marseille, je suis obligé de passer par la Corniche. Quand je fais ça, je me dis "ça y est, je suis arrivé à Marseille". C'est un passage obligé.
Quel est le lieu culturel incontournable ?
C'est facile car je suis le président du conseil d'administration de l'Espace Julien (6e). C'est une salle mythique en plein centre-ville, qui a vu passer beaucoup de grands à leurs débuts. J'ai la chance d'être impliqué dans l'espace musical, du coup j'y passe énormément de temps, je vais voir des concerts.
Pour les Marseillais cette salle représente beaucoup parce qu'il y a plein de groupes étrangers et surtout des groupes marseillais qui ont débuté comme IAM ou Psy 4 de la rime. Le rêve ultime quand ils ont commencé, c'était de jouer à l'Espace Julien.
Quelle est la meilleure zone pour se ressourcer ?
C'est difficile de se ressourcer à Marseille ou alors il faut se mettre dans une cave. Cela bouillonne tellement que j'ai mal à la tête par moments. Sinon, j'ai découvert les joies du bateau, il y a deux ans. Alors ce n'est pas une passion parce que je ne suis pas marin mais pour vraiment couper, il n'y a rien de tel que de prendre le bateau et de se caler dans les calanques du Frioul.
Le lieu qui vous rappelle votre meilleur souvenir ?
C'est le stade Vélodrome. La première fois que je suis venu à Marseille c'était pour voir un match de l'OM. Étant Vauclusien, je suis venu tard au stade mais pour moi la grande époque de l'OM ce sont les années 70 avec Josip Skoblar et Roger Magnusson. Quand j'étais adolescent, c'était le Graal de venir au Vélodrome pour les voir. J'ai eu la chance de rencontrer Josip Skoblar après coup. La première fois que je l'ai vu, je tremblais car c'était mon idole de jeunesse. Pour moi, Josip Skoblar, Roger Magnusson et le stade Vélodrome ne font qu'un. Ce stade, c'est un lieu de rencontre de tous les Marseillais.
Qu'est-ce que Marseille a de plus que les autres villes ?
Je crois que c'est ce qui fait le succès de la ville ces derniers temps. Ici, le touriste se met à la table d'un café, et peut se sentir chez lui en dix minutes parce que l'on va venir lui parler. Les patrons de bars sont souvent avenants, donc les touristes se sentent rapidement intégrés. J'ai des copains qui sont venus s'installer ici et qui aiment ce côté-là, contrairement à Paris.
Si vous pouviez changer quelque chose à Marseille ?
C'est facile, c'est notre manière de conduire. On a quand même un Code de la route un peu particulier où on se gare en double file voire en triple file. Ici, on tourne sans clignotants, on insulte l'autre quand on fait une connerie. C'est ce qui me donne envie de retourner un peu plus à la campagne.
Le Marseille de demain pour Éric Di Meco, il ressemble à quoi ?
J'aimerais que cela devienne une ville apaisée et propre. Attention, ça, c'est de la science-fiction. Demain, ce n'est pas l'année prochaine, c'est peut-être dans 100 ans. Je compte beaucoup sur les générations qui arrivent, avec la prise de conscience sur tous les problèmes écologiques que l'on peut avoir. J'aimerais qu'on ne soit pas trop en retard sur ça, que l'on ait une ville un peu plus propre et facile à respirer pour nos gamins. Est-ce que c'est utopique ? On verra, moi je compte sur les générations futures.
La Provence