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National : le Red Star tient à Habib Beye
Propulsé entraîneur intérimaire du Red Star à la mi-septembre, Habib Beye semble faire l'unanimité en interne. Au point que se pose la question de son maintien, même s'il ne dispose pas encore du diplôme requis.
Depuis Valenciennes, où il s'apprête à effectuer le sixième module de sa formation au BEPF (Brevet d'entraîneur de football professionnel), Habib Beye va certainement se poser la question : faut-il prolonger l'aventure démarrée sur le banc du Red Star il y a maintenant un mois, pas simplement en tant qu'intérimaire, mais en tant que numéro 1 à part entière ?
Le 17 septembre, après son premier match, face à Villefranche-sur-Saône (0-1), l'intéressé calmait les ardeurs : « Quand vous êtes numéro 1 dans un club, vous devez être à 200 % au service de votre équipe. En étant plusieurs semaines en formation à Clairefontaine, il serait difficile d'assumer cette responsabilité. Encore une fois, ce n'est pas le moment. »
Douze buts en trois matches
Mais depuis, la donne a évolué. Après avoir vécu un début de saison décevant ponctué par une place de relégable et un limogeage de Vincent Bordot, le Red Star a été redressé par Beye (2 victoires, 1 nul, 1 défaite et une 10e place). Le jeune technicien (44 ans mardi prochain) a insufflé un état d'esprit qui trouve de l'écho et il a pris des risques avec un système à trois défenseurs (ou à 5) qui porte ses fruits, puisque le club audonien a inscrit douze buts lors de ses trois derniers matches, dont six sur la pelouse d'Avranches vendredi (6-0). Bien sûr, Beye n'a pas réinventé le football en un mois, mais il est décrit comme proche des joueurs et lucide sur le potentiel de son groupe. « Il a pris le rôle de manière entière, sincère, glisse un intime du club. Les joueurs sont réceptifs. »
Réglementairement, la question de son maintien devient, elle aussi, incontournable. Chaque équipe de National doit disposer d'un entraîneur titulaire du BEPF, ou alors d'un coach certifié du DES (Diplôme d'État supérieur) ou BEES2 (Brevet d'État d'éducateur sportif) ayant exercé au club durant les douze mois précédant sa nomination. Beye ne dispose pas encore du BEPF, qu'il passe cette saison, et il n'est arrivé qu'au printemps. Le club s'expose donc à une amende de 3 000 € par match et le temps presse car le délai d'un mois octroyé pour se mettre en conformité sera écoulé en fin de semaine.
Une dérogation demandée à la FFF
Les dirigeants du Red Star ont discuté avec plusieurs techniciens depuis le mois dernier, dont Mathieu Chabert, Fabien Mercadal ou Oswald Tanchot, mais à chaque fois les discussions ont achoppé. Une candidature émanant d'un technicien étranger serait également à l'étude, mais la tendance serait de prolonger Beye. La piste est concrète, à tel point que le club a même envoyé une demande de dérogation à la FFF, qui sera examinée jeudi. Pas fan de la solution du prête-nom, le club pourrait aussi se résoudre à payer une amende à chaque match jusqu'à la fin de la saison (soit minimum 72 000 €). Avec l'ancien défenseur de l'OM, les dirigeants franciliens trouveraient peut-être leur homme clé, eux qui ont toujours rêvé d'un projet digne de ceux portés par Bernard Blaquart à Nîmes ou Stéphane Moulin à Angers.
Beye, pas autorisé par son club à s'exprimer, n'aurait pas encore pris sa décision, mais il devrait au moins prolonger le plaisir jusqu'à dimanche, sur la pelouse de Chambourcy (D3), dans le cadre du 5e tour de la Coupe de France. Souhaitera-t-il ensuite se lancer définitivement dans une division aussi risquée et incertaine que le National, au risque de se griller, et alors que sa formation au BEPF n'est pas terminée ? « Il n'y a que lui qui peut y répondre. Il prend le temps de la réflexion », glisse un de ses proches. La porte semble pourtant grande ouverte.