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Un regret pour l'OM
Le destin phocéen d'Isaac Lihadji s'est sans doute joué un soir de décembre 2018, au détour d'une conversation entre Nabil Hannachi, le tuteur du môme, et Andoni Zubizarreta, directeur sportif de l'OM à l'époque. « Prenez un agent, je préfère parler de chiffres avec un agent », dit l'Espagnol à Hannachi, ancien recruteur pour le centre de formation de l'OM. En mars 2019, après avoir organisé un casting informel, le tuteur choisira Moussa Sissoko, représentant d'une des idoles de Lihadji : Ousmane Dembélé. « Le loup est entré dans la bergerie », soupire un cadre de l'OM.
Le 14 juillet 2019, à l'hôtel Radisson de Glasgow, Zubi rencontre pour la première fois Sissoko. L'entraîneur André Villas-Boas est sous le charme de Lihadji, le directeur sportif déroule son projet. La discussion se tend, quand le volet financier est abordé. Le clan Lihadji demande des conditions légèrement supérieures à celles offertes en mai 2017 à Boubacar Kamara, qui avait signé un premier contrat pro record. « Je ne serai pas dans la surenchère », assure Sissoko à Zubi comme à Lihadji, qui se voit commencer sa carrière dans le club de sa ville.
L'OM va mettre trois gros mois pour accéder à la requête initiale de Sissoko. Entre temps, Lihadji a brillé en amical face à Naples (0-1, le 4 août), débuté en L1 (à Dijon, 0-0, le 24 septembre) et un certain Luis Campos, début septembre, est entré dans la danse. Le cerveau du LOSC continuera sa cour au Brésil, au coeur de l'automne, lors du Mondial U17 disputé par Lihadji.
L'OM sent le dossier lui échapper. Sissoko est distant, Nicolas Marin, ancien joueur pro et "nourrice" de Sissoko dans le Sud-Est, prend le relais auprès du club marseillais et de Lihadji. Mais celui-ci n'a ni légitimité ni marge de manoeuvre, il n'est qu'un coursier et peine même à joindre Sissoko. Zubi réussit à faire venir l'agent à l'hôtel Intercontinental le 19 décembre 2019, assure à Lihadji qu'il a tout pour devenir le successeur de Florian Thauvin sur le côté droit de l'attaque.
Zubi attend une réponse début janvier, elle ne viendra jamais. Sissoko ne retourne pas ses appels, Lihadji, lui, découvre ses affaires dans un caddy en pénétrant dans le vestiaire des pros à la Commanderie. Rétrogradé sportivement, il doit retourner au centre sous le regard des stars de l'équipe. Sur les réseaux sociaux, les supporters de l'OM ont la dent dure, le fossé se creuse.
A-t-il choisi le LOSC pour des raisons financières ? Oui, si l'on considère que l'offre lilloise est deux fois supérieure à celle de l'OM (en salaire comme en prime à la signature) et que ses agents se partageront une commission, car il est désormais majeur. Pas seulement, si l'on recense les jeunes qui ont éclos dans le Lille de Campos et si l'on considère que des offres étrangères étaient encore mieux-disantes. M. Gr.