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Revenu cet été à Dijon, au poste d’entraîneur n° 1, Stéphane Jobard avait été exfiltré du club au printemps 2018 pour une affaire de vol aux dépens d’un autre membre du staff.
Il est revenu à la maison cet été comme s’il n’était jamais vraiment parti, lui qui a occupé presque tous les postes à Dijon en deux décennies, de joueur à formateur en passant par entraîneur adjoint des pros. Après une brève parenthèse pour rejoindre l’OM et Rudi Garcia, au printemps 2018, Stéphane Jobard (48 ans) a même été intronisé dans le costume du numéro 1, en juin, la promotion ultime pour celui qui est parfois décrit comme le « Luis Fernandez de Dijon ». Son départ à Marseille ressemblait à une formation en accéléré, une avancée notable dans sa carrière. Il cachait en fait des raisons moins avouables : une affaire de vol dans le vestiaire. « Aujourd’hui, c’est du passé, affirme Olivier Delcourt, le président du DFCO. Je ne nie pas les faits mais je ne rentrerai pas dans le détail. Ça ne regarde que le club. Stéphane a eu un coup de folie, il s’en est excusé auprès de ses collègues, des joueurs et de moi-même. »
Voici les faits en question : comme dans de nombreux clubs, plusieurs joueurs ainsi que des membres du staff, notamment le kiné, Nicolas Didry, se retrouvaient régulièrement pour des parties de poker, en milieu de semaine. Ils convenaient ensuite du jour de paiement, généralement le lundi suivant. Le montant des gains n’était pas démesuré mais il pouvait approcher les 1 000 euros par soirée. Habile aux cartes, Didry emportait souvent la mise et rangeait précieusement son pactole dans son casier, le temps de la séance d’entraînement, avant de rentrer chez lui.
La plupart des joueurs s’étaient sentis trahis
Au fil des semaines, le kiné s’est aperçu qu’il lui manquait systématiquement une partie de ses gains. Didry s’est rapproché du responsable de la sécurité, qui a bientôt eu sous les yeux la preuve irréfutable que l’auteur des larcins était... Stéphane Jobard, à l’époque entraîneur adjoint. La révélation des faits a créé une véritable déflagration en interne. L’ancien capitaine du DFCO était une sorte de grand frère qui assurait le tampon entre les joueurs et Olivier Dall’Oglio, le numéro 1, il était chargé de véhiculer certaines valeurs de respect et de solidarité au groupe. Stupéfaits, les joueurs se sont sentis trahis, pour la plupart. Ils ont d’ailleurs rapidement soutenu le kiné – toujours présent cette saison dans le staff –, d’autant qu’ils avaient remarqué, dans leur vestiaire, plusieurs vols de crampons, même si le coupable n’a jamais été découvert.
“Dans la vie, on a tous le droit à l’erreur,,
OLIVIER DELCOURT, PRÉSIDENT DU DFCO Delcourt, confronté aux images de vidéosurveillance, n’a pas eu d’autre choix que de se séparer de Jobard, mais il a préféré la méthode douce, soucieux de ne pas entacher davantage la réputation d’un enfant du club, aucune plainte n’ayant été déposée. « Pour le bien de tous, nous nous sommes séparés d’un commun accord », précise-t-il. À cette époque, il aurait assuré à plusieurs personnes, en ville, que l’intéressé ne remettrait plus les pieds au club. « Archifaux », balaie-t-il aujourd’hui. L’intérêt soudain de l’OM pour Jobard a en tout cas été une porte de sortie inespérée pour le président du DFCO, qui n’a pas manqué de vanter les mérites du technicien à son homologue marseillais Jacques-Henri Eyraud, tout de suite averti de la situation. Il faut dire que Rudi Garcia est toujours très bien renseigné sur les coulisses du club bourguignon. « “Jobi” m’a expliqué l’affaire tout de suite, explique l’ancien entraîneur de l’OM. C’est un super mec et tout le monde a le droit à une deuxième chance dans la vie. »
À Marseille, Jobard s’est vu offrir un joli rebond. Pendant un an, il a pu apprendre aux côtés de Garcia, son ancien coach à Dijon, avec pour mission d’être proche du groupe ou d’observer les premières périodes des matches en tribunes. En formation pour le Brevet d’entraîneur professionnel de football (BEPF), qu’il a obtenu en mai dernier, il a également pu terminer son apprentissage sans être présent tous les jours à la Commanderie.
Le départ négocié de Rudi Garcia de Marseille, en fin de saison, a entraîné celui de ses plus fidèles lieutenants, dont Jobard. Dijon cherchait alors un nouveau coach après une saison éprouvante et une place en L 1 sauvée lors des barrages. Delcourt a brièvement pensé à Bruno Genesio, une piste impossible, avant d’étudier plusieurs possibilités et de songer au retour de… Jobard. « Stéphane est un grand professionnel, un historique, justifie le président du DFCO. Je souhaitais qu’il revienne en toute connaissance de cause. Compte tenu des circonstances, c’était ex- trêmement compliqué mais son amour du club l’a emporté. » Contacté sur cette affaire, le technicien n’a pas souhaité s’exprimer, rejoignant les déclarations de son président. L’annonce de sa nomination a pourtant bien été un deuxième coup de tonnerre dans le vestiaire. Mais Delcourt l’assure : « Il s’est expliqué avec la personne en question (Didry), qui lui a pardonné. Dans la vie, on a tous le droit de faire une erreur. »