PORTUGAL - GRÈCE :0-1
Le calvaire de Pauleta
LISBONNE - de notre envoyé spécial
L'attaquant parisien a raté sa finale comme il a raté son Euro. Il sort déçu et frustré de la compétition.
PAULETA N'A PAS TOUCHÉ son rêve. Il n'est pas ce matin champion d'Europe et il va revenir dans quelques jours à Paris déçu et frustré. Avec en plus le sentiment confus d'avoir complètement raté son Euro. D'être passé tout au long des trois semaines de la compétition totalement à côté de son sujet.
Il n'en est pas le seul coupable, d'ailleurs, tant ce que Scolari demande à son avant-centre a d'ingrat. Mais le bilan personnel présenté par l'ancien Bordelais n'a pas de quoi affoler les compteurs. Quatre matches avant celui d'hier soir (il était suspendu pour le quart de finale contre l'Angleterre) et deux tirs à son tableau de chasse. Deux tirs cadrés, certes, mais deux tirs seulement.
Y pensait-il au moment des hymnes, blotti entre Jorge Andrade et Cristiano Ronaldo, en jetant des regards vers le président du Parlement qui arborait fièrement son maillot tout là-haut, dans la tribune présidentielle ? Y pensait-il tout au long d'une première mi-temps où, sans ménager sa peine, il apparaissait en décalage permanent avec ses partenaires de l'entrejeu ?
C'est Kapsis qui s'occupait personnellement de son cas, comme il s'était occupé auparavant de quelques autres pointures. C'est Kapsis qui avait toujours un petit temps d'avance. C'est Kapsis qui prenait le meilleur dans le jeu aérien.
Et quand, par hasard, ça ne suffisait pas (très rarement il est vrai) le grand Dellas venait s'en mêler.
Le fait de cette première période ? Le troisième tir de l'Euro de Pauleta, cadré lui aussi mais trop croisé, trop lointain, pas assez violent non plus pour ennuyer Nikopolidis, après pourtant un bon contrôle. Le reste du temps, on voyait surtout le Parisien lever les bras de dépit, réclamer le ballon dans de meilleures conditions et, comble de l'incompréhension, être percuté par Miguel au moment où il s'apprêtait à armer une frappe. Une âme en peine.
La cruauté des chiffres
Ça ne souriait pas à Pauleta et ça ne s'arrangeait pas pour le Portugal, surpris au plus fort de sa domination par la tête de Charisteas. Kapsis faisait toujours à peu près ce qu'il voulait et Pauleta continuait à courir le plus souvent dans le vide, à la poursuite d'un ballon de plus en plus insaisissable. Des minutes de désolation jusqu'à ce que Scolari fasse ce qu'il avait à faire et lance Nuno Gomes dans la bagarre à un quart d'heure de la fin.
L'amertume jusqu'au bout pour le Parisien, qui trouvait néanmoins la force d'une sortie digne et glissait quelques mots d'encouragement à l'oreille de son remplaçant. Mais devant l'ampleur des dégâts, qu'est-ce que l'entraîneur brésilien de la Selecçao pouvait faire d'autre ?
Les chiffres sont cruels, mais ils valent bien mieux que de longs discours. En soixante-quatorze minutes passées sur le terrain de la Luz qui devait être celui de son triomphe et du triomphe de son équipe, Pauleta n'a touché que vingt et un ballons. Par comparaison, Deco en était au même moment à quatre-vingt-onze ballons joués. Il en a perdu la plupart, et n'en a gagné qu'un.
Bien sûr, Charisteas n'a pas fait beaucoup mieux. C'est le lot des attaquants modernes, le plus souvent livrés à eux-mêmes. Mais lui a provoqué, a pesé sur la défense adverse, a réussi souvent à lui poser des problèmes. Et surtout, Charisteas a marqué. C'est ce qu'on attend d'un avant-centre. C'est ce qu'on attendait de Pauleta dans cet Euro. C'est ce qu'il n'est jamais parvenu à faire et c'est ce qui explique que le Portugal pleure aujourd'hui toutes les larmes de son corps.
L'Equipe.fr
Sacré Paulette
C'est trés interessant surtout au niveau des chiffres. Ils parlent d'eux même