Président, est-ce que ces trois défaites consécutives marquent le début d'une nouvelle crise à l'OM ?
Christophe Bouchet : "Si perdre trois matches entraîne une crise alors il faut arrêter le football à Marseille. Il faut tout remettre en perspective. Depuis le début, notre objectif est de remettre le club à flot et de le rendre pérenne. Pour cela, le maître mot c'est la stabilité.
Et puis tout dépend du moment où on pose la loupe. Fin juillet, tout le monde jugeait le recrutement fabuleux. Fin août, nous étions tous merveilleux avec notre première place et notre qualification pour la Ligue des Champions. C'était encore un phénomène de myopie, car on oubliait que les victoires contre Guingamp, Ajaccio ou même Sochaux n'avaient pas tenu à grand chose. Nous n'étions pas dupes. Enfin, si on place le curseur sur fin octobre-début novembre, on voit ces trois défaites qui posent différentes questions en terme d'engagement, d'envie ou encore de réussite".
Il y a des réponses à apporter à ces questions…
Christophe Bouchet : "Evidemment. Ce serait stupide de chercher à se cacher derrière notre petit doigt. Mais il faut aussi regarder les choses en face : nous sommes 3e derrière deux équipes au potentiel équivalent au nôtre mais dont l'effectif n'a pas du être reconstruit à l'intersaison. Elles sont mieux rodées".
Mais vous savez aussi que les supporters marseillais sont exigeants et généralement peu patients…
Christophe Bouchet : "Ils sont là, nombreux, fidèles, et à ce titre ils ont évidemment le droit de s'exprimer. Il faut en tenir compte, mais sans être sous leur dictée. Quand ils sifflent un de leur propre joueur à son entrée sur la pelouse, c'est dur, et ça ne fait pas avancer les choses. Cela revient à mettre une pression supplémentaire à un moment où la solidarité est nécessaire".
Une partie du public a demandé la démission d'Alain Perrin dimanche. Qu'en pensez-vous ?
Christophe Bouchet : "Il faut que tout le monde comprenne que mettre la pression de cette manière n'aboutira pas à des solutions radicales de notre part.
On ne va pas jeter le bébé avec l'eau du bain. On ne peut pas oublier le travail réalisé, ni ne pas se souvenir qu'en mai 2002, Alain a pris le risque de nous rejoindre plutôt que d'aller entraîner un Lyon champion de France.
Cette réaction des supporters me semble brutale. Mais c'est Marseille… Les choses se font d'une manière un peu plus aiguë qu'ailleurs. On ne peut pas revendiquer le nombre le plus important d'abonnés et s'effaroucher ensuite. Il faut assumer. Le football c'est aussi un spectacle. Le public a son rôle à jouer, mais il ne doit pas brûler le théâtre pour autant".
Vous n'ignorez pas que déjà de folles rumeurs circulent à Marseille. On parle d'Elie Baup, de Jean Tigana, à quelques jours près on aurait sans doute aussi entendu le nom de Luis Fernandez…
Christophe Bouchet : "J'ai le sentiment que ces hypothèses sont suggérées. Cela s'apparente à de la déstabilisation… Tout le monde sait où je déjeune et avec qui. Et je crois que personne ne peut dire qu'il m'a vu en compagnie du moindre entraîneur.
La rumeur Tigana m'est revenue aux oreilles. Mais, je vais vous dire, la dernière fois où j'ai vu Tigana c'était dans l'avion qui nous ramenait de Vienne à Marseille. Il venait de commenter le match pour M6…
Non, vraiment, il faut être persuadé que nous accomplissons un travail de reconstruction du club, et qu'il est hors de question de changer de cap. Si on change d'avis quand on construit, on finit par bâtir un mur en zig-zag. Et ça, personne ne le souhaite".