Encore un p'tit scan de l'article de samedi dernier dans La Provence qui me paraît intéressant à plus d'un titre et sujet à commentaires.
"Loué hier pour sa réussite, le manager général se retrouve aujourd’hui confronté à une volée de reproches.
Il a reçu hier le soutient de Christophe Bouchet.
Les résultats en dents de scie de l’OM créent une frustration qui égare tout un chacun du sens des réalités.
Les analyses se multiplient, se croisent, se contredisent, à la recherche d’une cible passagère voire idéale.
L’enchaînement des défaites à Bordeaux et Porto a projeté Alain Perrin dans l’œil du cyclone. Hier adulé, le voilà aujourd’hui chahuté, car la colère gronde dans la ville et bien au-delà.
Que reproche-t-on au manager général ?
Incohérence du management, manque de stabilité dans les résultats, joueurs mal utilisés, turnover trop chronique. D’avoir du mal à assumer son statut d’entraîneur à l’OM.
Bref, de ne pas être à la hauteur en somme…
Pour autant, la mémoire collective est-elle si courte ou la gourmandise environnementale du club trop importante par rapport à la réalité des performances actuelles ?
Au regard d’un été plein de promesses, chacun n’a-t-il pas succombé à une euphorie si purement méditerranéenne ?
Et si nous restions dans une simple réalité : celle des faits, ils sont suffisamment parlants.
Etre ambitieux, réclamer une régularité dans les résultats, un niveau de jeu au-delà de celui présenté depuis quelques semaines, c’est, lorsqu’on est né avec du sang olympien une exigence obligatoire.
L’instant est-il pour autant adéquat ? Pourquoi ?
Pour de multiples raisons qu’il n’est pas inutile de rappeler.
Depuis dix huit mois, plusieurs objectifs ont été annoncés, ils ont été sportivement remplis, peut-être trop rapidement, ceux-ci ayant pour effet pervers de semer le trouble dans de nombreux esprits.
A l’orée de la première saison, Perrin et les joueurs annoncent comme par ambition une place dans les cinq premiers, jouant avec les mots. « On a dit dans les cinq, ce qui ne signifie pas cinquième ». Au bout du compte, l’OM décroche une troisième place synonyme de tour préliminaire. Mieux : au bout d’un mois d’août caniculaire, le club retrouve la ligue des champions, en avance sur ses prévisions.
La plus délicate des périodes est peut-être celle-ci : il y a eu une rupture de compréhension d’objectifs entre l’intérieur et l’extérieur du club.
La patience des tribunes, celle passant l’éponge sur une humiliation au vélodrome contre le PSG par exemple, s’est subitement évaporée comme si l’accès à la compétition européenne, après tant d’année d’abstinence, replongeait tout un chacun dans une jouissance perverse.
Car si l’OM vise plus haut nationalement (une place dans les 3 premiers), l’OM n’a pas les moyens de rivaliser au niveau européen. Pas encore du moins.
Il y a plusieurs paramètres (état d’esprit, expérience…), mais une raison est fondamentale : même avec l’arrivée d’internationaux français, le projet sportif n’est pas encore abouti.
Au vrai, il est à la croisée des chemins entre deux époques : la reconstruction et la consolidation.
Les troisième et quatrième étapes, l’épanouissement, programmé, et l’apothéose, aléatoire, viendront plus tard, si tant est qu’on veuille bien avoir la patience d’attendre ces époques-là.
Pourquoi donc réclamer aujourd’hui autre chose, brûler les étapes et ne pas grandir ensemble ? Il y a bien une rupture de compréhension, chacun avance avec ses prétentions, de manière désordonnée. On songe ainsi à une réflexion émise en avril dernier lorsque d’aucuns évoquaient le titre : avec toutes les perspectives liées à cette gloire, une telle possibilité serait-elle la bienvenue ?
Les troubles constatés aujourd’hui répondent à la question, l’OM n’a pas encore la maturité.
Le contexte est inacceptable pour beaucoup, d’où la mise à l’index d’Alain Perrin.
L’OM est troisième de ligue 1, a réalisé le plein de points à domicile en championnat mais a perdu à Lens, Nantes, Bordeaux, Strasbourg, autant de coups d’arrêt sonnant comme un révélateur :
« Il y a eu, notamment en début de saison, beaucoup de louanges que je n’ai pas pu freiner, soutient Alain Perrin. On n’attend pas les situations de crise pour s’apercevoir que les problèmes existent. Si on discute quand ça va mal, on discute aussi quand tout va bien, car à ce moment-là, le seul leitmotiv est d’améliorer le quotidien. »
Etre en première ligne de manière moins agréable que les mois passés l’indispose-t-il ?
« Ce n’est pas la première fois de ma carrière que je suis confronté à un tel scénario, répond Perrin. J’ai suffisamment de bouteille pour ne pas réagir aux critiques des gens qui n’ont pas l’expérience ou qui ne connaissent rien à la vie intérieure d’un groupe. C’est là qu’il faut être solide, garder sa ligne de conduite pour continuer à travailler le plus sereinement possible. A chacun de faire son métier. Vous savez, on n’attend pas les situations de crise pour savoir que ça va mal. Il y a parfois des signes précurseurs, le vécu au quotidien permet de juger les différences de comportement. »
Son mode de management multicarte lui permet d’appréhender la situation actuelle : « il n’y a pas de vérité, de modèle ou d’attitude particulière à avoir, c’est très flexible. Il y a une réflexion permanente. Mon travail consiste aussi a être réactif aux informations données par le groupe. Je me remets tout le temps en question pour de multiples raisons. On prépare l’avenir en permanence, on n’a pas à être dans la béatitude parce qu’on a gagné. »
Depuis son arrivé à Marseille, le contexte actuel est nouveau pour lui. Avec ses joueurs – car les résultats ont été acquis ensemble – Alain Perrin a aujourd’hui un seul tort : accusé d’être un entraîneur moyen, il a réussi, en bénéficiant de circonstances favorables mais aussi de résultats, à donner trop tôt l’espoir que l’OM pouvait tirer dans un étage qui n’est pas encore le sien.
Thierry MURATELLE"