par Pablito » 12 Mai 2004, 14:49
Un seul rapport, deux versions. Celle publiée avant la date prévue et dont le but n’était autre que d’écarter le Maroc de la course pour l’organisation du Mondial 2010, ou du moins ternir son image. Et celle classée top secret et dont le contenu, c’est le moins que l’on puisse dire, est en contradiction avec celle rendue public par les Sud-africains.
Les arguments avancés par la première version ne tiennent pas debout. Et pour cause: le rapport secret est en contradiction avec ce qui a été publié la semaine dernière dans le soit-disant rapport de la commission technique de la FIFA. D’abord, procéder à un classement des pays en lice pour 2010 ne relève pas de la compétence des cinq membres de la commission d’inspection de la FIFA.
Si l’on prend l’infrastructure sportive, autrement dit, l’état d’avancement des stades, aucun des cinq pays candidats ne dispose, au jour d’aujourd’hui, d’un terrain qui répond aux normes de la FIFA, contrairement à ce qui a été rendu public la semaine dernière, comme quoi l’Afrique du Sud dispose de trois stades prêts pour accueillir le mondial. Pour le cas du Maroc, trois stades existent déjà et nécessitent des travaux de rénovation, trois autres en voie de construction et trois autres prévus. L’Afrique du Sud, elle aussi, compte le même nombre de stades en rénovation, cinq en phase de construction et cinq seront construits ultérieurement. Dans l’histoire de la Coupe du Monde, jamais la FIFA n’a exigé que tous les stades soient prêts le jour de la désignation du pays hôte. Et pour preuve : l’Allemagne, qui abritera la Coupe du Monde 2006, est en train de bâtir deux nouveau stades, l’un à Munich et l’autre à Berlin.
Autre exemple : la Corée du Sud a dû attendre sa désignation à côté du Japon pour accueillir le Mondial 2002 pour construire dix nouveaux stades. Idem pour la France en 1998 avec le stade de France. Aux Etats-Unis, avant le mondial de 1994, aucun des terrains du pays de l’Oncle Sam ne répondait aux critères retenus par la FIFA. Pour dire que l’état d’avancement des infrastructures est le dernier des soucis des membres du comité exécutifs de la FIFA.
Côté financier, le rapport place le Maroc loin devant l’Afrique du Sud et l’Egypte. Selon les cinq inspecteurs de la FIFA, le pays des Pharaons présente un montage financier « incomplet », voire pas clair. Contrairement à celui du Maroc, jugé solide et robuste.
Pour ce qui est de l’Afrique du Sud, le rapport présente quelques défaillances, notamment au niveau du financement des stades. Chiffres à l’appui, il ressort dudit rapport que l’Etat égyptien débloloquera environs 405 millions de dollars. L’Afrique du Sud , elle, 150 millions de dollars. Alors que le Maroc présente des garanties de 862 millions de dollars, auxquelles il faut ajouter une enveloppe de 160 millions de dollars dans un compte bancaire en Suisse, mise à la disposition de la FIFA. Plus encore, le Maroc, et c’est un atout, veut défendre les droits des supporters africains à assister à une Coupe du Monde qui se déroulera dans leur continent. Autre avantage, le budget du Maroc ne comporte pas de recettes publicitaires. En ce qui concerne les autres infrastructures (télécom, transport, hôtel…), le rapport relève qu’il n’y a pas de grande différence entre les trois pays candidats. C’est au niveau du volet sécurité que la différence saute aux yeux.
L’Egypte et le Maroc restent des pays sûrs, alors que l’Afrique du Sud est l’un des pays les moins sûrs. Selon des chiffres rendus publics par le septième congrès des Nations unies portant sur la lutte contre le crime, l’Afrique du Sud se trouve sur le même rang que la Colombie.
En 2001, le nombre des personnes assassinées en Afrique du Sud a atteint 21 000. Pis encore, une femme kidnappée et violée toutes les 23 secondes. Au niveau de la santé, le rapport reconnaît que le système sanitaire marocain, globalement, est bon. Celui de l’Afrique du Sud est le meilleur en Afrique, mais il reste limité.
Alors que le nombre de personnes atteintes de sida au Maroc représente 0,1% seulement, en Afrique du Sud, ce virus fait rage (20 %). En 2002, 12 millions de cas ont été enregistrés et 360 000 décès. En 2000, et sur 197 pays, le Maroc a été classé 29ème, devançant de loin l’Afrique du Sud en 175ème position.