Sacré champion du Qatar pour sa première saison sous le maillot d’Al-Saad, Frank Lebœuf vit à plein régime sa nouvelle aventure. L’ancien Marseillais s’est confié sur sa « vie de pacha », lors de l’émission « 100 Foot » sur Sport FM (99.9 FM en Ile-de-France).
Frank Lebœuf, comment allez-vous ?
Ca va, impeccable. La vie au Qatar ? Y’a pas à se plaindre. Il fait beau tous les jours et comme au niveau du foot ça va, tout se passe bien. Nous jouons même à la pétanque ici. Nous sommes 650 Français et nous arrivons bien à trouver deux paires de boules et un cochonnet (rires).
Quelle est la réelle valeur du championnat qatari ?
C’est une valeur toute relative. Au niveau physique, nous sommes au même niveau que tous les autres championnats puisque nous nous entraînons tous les jours. Les joueurs sont donc prêts à courir pendant quatre-vingt dix minutes. Après, il y a une carence au niveau tactique et technique, qui fait que nous sommes bien sûr très loin derrière les autres championnats. Il ne faut pas se leurrer. A l’image de l’équipe nationale, c’est un niveau qui est quand même assez faible mais qui tend à s’améliorer. Peut-être grâce aux étrangers qui sont venus.
Le public a-t-il une véritable culture du jeu ?
Non, ce sont des gens qui viennent en spectateurs mais pas du tout en supporters. Pour mon club, il y a peut-être une cinquantaine de vrais fans. Quand nous jouons contre les deux clubs les plus populaires, nous arrivons quand même à 15 000 personnes et quand ils jouent entre eux, ça fait du 23 000. Ça fait quand même un peu de monde mais c’est vrai que nous, à Al Saad, nous sommes un peu décriés car nous sommes le club de la famille royale et que nous gagnons à peu près tout le temps. Nous sommes champions et ça énerve les gens. Il n’y a donc personne qui vient nous voir jouer.
« Une énorme publicité pour leur petit pays »
Quelles sont les motivations des milliardaires qui investissent dans ce football ?
Au départ, ce qui nous a été dit est que c’était pour améliorer le niveau et certaines connaissances des Qatari par rapport au football. C’est aussi et surtout une énorme publicité pour leur petit championnat et leur pays.
Qu’auriez-vous envie de dire à des joueurs français qui hésitent à rejoindre le Qatar ?
Que quand on a été complètement investi dans le football ou même plus, un arrêt brutal n’aurait pas forcément de bonnes conséquences. Alors que continuer à jouer au football – peut-être à un niveau inférieur mais avec cette même passion – permet de s’éloigner du football sans trop de crise.
Avez-vous assisté au dernier Pays-Bas – France ?
Malheureusement non, car il n’y a que deux chaînes que je n’ai pas ici : ce sont la première et « la petite chaîne qui monte ». Donc, je n’ai pas pu regarder le match de l’équipe de France. J’ai bien sûr eu le résultat mais je n’ai pas vu ce match.
« Marcel, il ne faut pas le chatouiller »
Etes-vous étonné par l’énorme match réussi par Marcel Desailly à Rotterdam ?
Non, car Marcel, il ne faut pas le chatouiller. Quand on le cherche dans son amour propre, on le trouve. Il a prouvé lors des précédents matchs de l’équipe de France qu’il était au niveau alors qu’il n’avait pas beaucoup joué. Je l’ai vu jouer avec Chelsea contre Arsenal la semaine d’avant puisque j’étais à Londres. Il a fait deux erreurs et s’est fait expulser mais il avait été très présent. Je ne me fais pas de souci pour lui. Avec son expérience, Marcel est encore capable de tenir à un haut niveau.
Comment partagez-vous votre vie entre le Qatar, Londres et Paris ?
J’ai pas mal voyagé pour des raisons familiales puisque j’ai malheureusement perdu mon père le mois dernier et j’ai beaucoup fait d’aller-retour sur Marseille. Sinon, non. Je suis allé à Londres pour d’autres raisons mais je reste souvent ici car nous avons quand même une trentaine de matchs par saison et il faut être sérieux. J’ai eu un mois mouvementé mais à part ça, je suis très présent sur les terres qatari.
Seriez-vous d’accord pour prendre le poste de manager général à l’OM ?
(rires) Je ne sais pas, on va attendre. C’est vrai que le désistement de Laurent (Blanc) fait qu’il y a une place vacante mais j’ai encore envie de jouer au football. De toute façon, je n’ai pas eu d’approche de la part des dirigeants marseillais, ce n’est donc pas à l’ordre du jour. Maintenant, après ma carrière, ça m’intéresserait beaucoup. Plus directeur sportif ou manager général, ça c’est clair. Ça me permettrait de rester toujours dans le football, de vivre quand même des émotions, de participer à quelque chose, d’avoir une pression… C’est intéressant.