OM. De Zerbi pose sa patte sur le jeu marseillaisAu contact de sa nouvelle équipe depuis un mois, à peine, le technicien italien réussit déjà à inculquer ses préceptes. En témoigne la dernière sortie des Olympiens, en amical à Augsbourg, très convaincante à une semaine de la reprise.À défaut de compiler les titres depuis une décennie, l'OM est devenu un laboratoire pour quelques savants (fous), les plus fascinants de la planète foot. Subjugués par leurs expériences, sur le pré du boulevard Michelet et aux six coins de l'Hexagone, les fidèles olympiens ont retrouvé honneur et fierté à leurs côtés. Hier, Marcelo Bielsa, Jorge Sampaoli et Igor Tudor. Aujourd'hui, Roberto De Zerbi. Quatre techniciens dont la philosophie transcende le jeu. Certains furent des chantres de la possession, d'autres d'un pressing tout terrain ou animé d'un esprit chevaleresque, à vous hérisser les poils chaque week-end. Quatre entraîneurs, autant de voyages mais une unique destination. Imposer son style, ses idées. Être protagoniste, à chaque instant. Autre point commun, entre les premiers nommés, la rapidité avec laquelle ils ont réussi à faire jouer leur partition millimétrée. Que leur campagne amicale fut glorieuse ou laborieuse, El Loco, El Pelado (enrôlé début mars pour boucler la saison 2020-21), et Tušo ont marqué, dès le mois d'août, la Ligue 1 au fer rouge. Et De Zerbi dans tout ça ?
"Un pion parmi d'autres"Ce samedi, dernière apparition publique de sa bande à la WWK Arena d'Augsbourg, "Robbie", comme il est surnommé chez lui en Lombardie, mais aussi sur les hauteurs de La Commanderie, fêtait son 33e jour, seulement, à la tête de l'OM. En l'espace d'un mois, la métamorphose est fulgurante. Le puzzle, malgré l'absence de plusieurs pièces espérées d'ici la fin du mercato, prend forme. Certes la perfection attendra les renforts (pour conclure les actions) et une meilleure cohésion (pour protéger sa surface), mais ce même effectif, à quelques exceptions près, désarticulé la saison passée, ressemble aujourd'hui à une équipe. Une équipe sophistiquée, conquérante à la perte de balle, audacieuse à la relance et inspirée à la construction. Les prémices du fameux jeu de position cher à l'Italien.
"On comprend vraiment bien ce que le coach nous demande. Récemment, il nous a dit quelque chose de marquant : 'De toutes les équipes que j'ai pu entraîner, vous êtes celle qui a assimilé le plus vite mes principes', révèle Quentin Merlin, après la convaincante victoire (1-3) en Bavière. Ça vient petit à petit, surtout les automatismes. Quand tout sera parfait, les victoires s'enchaîneront." Dans sa roue, Faris Moumbagna, valeureux à la pointe du système De Zerbi (en attendant l'arrivée d'Eddie Nketiah, Elye Wahi ou un autre ?) : "On sent qu'on est sur la bonne voie." "Avec lui, tactiquement, on s'attendait à quelque chose de nouveau, de dominant. En France, on voit très peu d'équipes avec des systèmes dominants. Nous, on va essayer d'imposer notre jeu à chaque rencontre, de mettre la main sur la possession, et marquer le plus de buts possible, insiste le Camerounais. Chaque jour, on continue d'avancer, de progresser."
De toutes les équipes que j’ai pu entraîner, vous êtes celle qui a assimilé le plus vite mes principes.Roberto DE ZERBI
Afin de poser son empreinte sur cet OM, Roberto De Zerbi ne lésine pas avec les moyens. Entre les copieuses séances vidéo, avant chaque entraînement pour illustrer ses attentes, et les mises en place tactiques, coeur de ses séances, "RDZ" conditionne ses ouailles. En match, lorsque le coup d'envoi est donné, pas de répit pour Leo Balerdi et sa bande, marqués à la culotte. Dans sa zone technique, De Zerbi fait les cent pas, replace sans cesse ses joueurs, même d'un mètre, comme s'il jouait à la Playstation avec eux. Il s'arrache le t-shirt quand l'un d'entre eux oriente mal son corps ou n'utilise pas ses bras pour se dégager du marquage.
"Ça demande beaucoup de réflexion. Mais on est tous des joueurs intelligents, on a vite compris où il voulait en venir, appuie Merlin, dont le rôle hybride entre latéral et, surtout, meneur, sied à merveille à sa vista et technique léchée. On a des schémas de passes sur lesquels se reposer, ça commence à venir instinctivement. Par contre, on doit aussi y mettre notre grain de folie pour s'adapter et ne pas être trop scolaire." Dans ce cadre, l'ancien Canari, qui pourrait se révéler sous la tunique immaculée, n'est pas le seul à s'épanouir. Sommé de manger la craie, dans le couloir gauche, Luis Henrique a engrangé minutes et confiance durant la préparation. Encore plus inattendu, Geoffrey Kondogbia, devant la défense, retrouve ses sensations et s'avère, enfin, précieux en Provence. Le Centrafricain fait parler son expérience et son coup d'oeil pour colmater les brèches, n'hésitant pas à donner le la du pressing, en chassant ses adversaires loin de son territoire.
"Le coach demande des courses à tout le monde. Oui, je suis le pion clé dans le pressing, mais je suis un pion parmi d'autres. Si un seul ne fait pas l'effort, tout le plan mis en place s'écroule. On veut vite récupérer le ballon car c'est notre jeu, maîtriser le tempo, déséquilibrer l'adversaire", pose Moumbagna. "C'est vraiment à la perte de balle que le coach est le plus exigeant. On doit beaucoup se parler, être à l'écoute... Anticiper ce que l'adversaire va faire et agir en conséquence suivant les systèmes qu'on répète à l'entraînement, ajoute Merlin. On a aussi l'ambition d'être la meilleure défense du championnat. C'est très important pour nous. On va voir samedi (à Brest pour la reprise de la L1) si le travail paie." Tout un peuple est impatience de savoir.
La Provence
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