Football : "De Zerbi a changé ma vie", portrait de Guillaume Gigliotti, l'Istréen qui a fait carrière en ItalieAprès 12 ans passés de l'autre côté des Alpes où il a bâti sa carrière en évoluant notamment sous les ordres de Roberto De Zerbi, Guillaume Gigliotti recherche un nouveau challenge en France.Depuis Valence où il passe ses vacances en famille, impossible de dire si Guillaume Gigliotti a pris l'habitude de parler en agitant les mains après avoir vécu 12 ans en Italie, mais l'Istréen y a sans doute passé ses derniers instants en tant que footballeur cette saison avec Crotone (Serie C), arrivé en fin de contrat le 30 juin.
À 34 ans, le petit frère de l'ancien attaquant de Monaco, Saint-Étienne ou Nîmes est à la recherche d'un nouveau défi, qu'il aimerait relever dans l'Hexagone où il n'a jamais connu le monde professionnel. "Me rapprocher de mes racines, j'y pense même si je suis prêt à écouter n'importe quel projet qui me plaira. Il y a aussi cette envie de goûter au monde pro dans mon pays même si j'ai fait un autre choix pour lancer ma carrière", confie-t-il.
Formé comme son aîné David à l'AS Monaco, où il n'évolue qu'avec la CFA, Guillaume Gigliotti a 21 ans lorsqu'il se demande si ses crampons seront encore son outil de travail la saison suivante. Son profil de défenseur central moins aérien (1,84 m), mais plus raffiné que ses pairs ne lui entrouvre que quelques portes donnant sur un champ d'incertitudes en Ligue 2. Mais Marco Simone, dans l'encadrement du club à l'époque, lui en trouve une autre à Novara (Serie B), où ses aptitudes siéent davantage à un football plus cérébral qu'athlétique. "Ils viennent me voir, je fais un super match et, dans la foulée, ils me proposent un contrat professionnel de quatre ans. J'ai dit 'banco !' Et j'ai adoré le championnat et la vie là-bas", raconte-t-il.
Sur les hauteurs de la Botte, le Provençal impose sa patte à force d'opiniâtreté après une rude période d'adaptation. "Aujourd'hui, j'ai vraiment la sensation que je peux jouer jusqu'à 40 ans et je ne me suis quasiment jamais blessé. C'est en grande partie grâce à l'exigence dans ces championnats et j'en ai beaucoup souffert au début. En Italie, ça bosse extrêmement dur et ça paye. Des Balotelli, il n'y en a vraiment pas beaucoup", sourit-il.
Dans son périple de l'autre côté des Alpes, l'Istréen écume plus d'une dizaine de clubs entre la 2e et 3e division italienne, connaît la promotion en Serie A, tente une expérience d'un an en Espagne, mais se souvient majoritairement d'un homme dont la simple évocation du nom lui "donne encore les frissons" : un certain Roberto De Zerbi.
"Il a changé ma vie et heureusement que je l'ai rencontré car sinon je ne serais jamais arrivé jusqu'ici, souffle-t-il. Il m'a fait voir le football sous un autre angle parce qu'il apporte tellement de soin au détail qu'il te facilite ton travail et peut faire basculer une carrière", égrène le joueur.
À Foggia, Gigliotti dispute 70 rencontres sous les ordres du nouvel entraîneur de l'OM que personne ne connaissait alors. Il fait rapidement partie de ses premiers chouchous en l'ayant charmé par son profil de relanceur technique, rouage indispensable de la machine "RDZ".
Il partage aussi un autre point commun : c'est un passionné invétéré de ballon qui pourrait passer des heures à parler terrain. "Il me répétait souvent qu'il n'avait rien dans sa vie, à part les cigarettes et le football. C'est un acharné qui ne pense qu'à ça jour et nuit et ça explique pourquoi on avait toujours un temps d'avance grâce à lui. Le seul point négatif c'est que tout ce que l'on avait appris à ses côtés, le plaisir qu'on avait pris, on n'a jamais pu l'appliquer dans d'autres équipes avec d'autres entraîneurs parce que personne ne fonctionne comme ça", regrette l'Istréen qui rêve de pouvoir s'inspirer de l'Italien s'il venait un jour à s'asseoir sur un banc avec la casquette d'entraîneur.
Aujourd'hui, celui qui se sent "toujours aussi Marseillais" est persuadé que son ancien mentor n'a pas changé, même son tempérament de feu ("combien de fois il s'est retrouvé tête contre tête avec des joueurs", se souvient-il en riant). Guillaume Gigliotti ne le rejoindra pas à l'OM, mais il garde le Vélodrome dans un coin de sa tête. Après quelques semaines passées chez ses parents autour de l'étang de Berre, il a échangé avec quelques joueurs de Martigues, gardant le doux espoir de fouler la pelouse du volcan du 8e.
Yann Noailles pour La Provence
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