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Giovanni Rossi, l’OM de l’ombre
Nouvel entraîneur de l’Olympique de Marseille, Roberto De Zerbi a également ramené dans ses valises Giovanni Rossi. L’ancien directeur de Sassuolo, qui a fait sa réputation grâce à son calme et sa discrétion, épaulera au quotidien RDZ dans le volcan marseillais. Oubliez Wahi, Koné, Brassier ou encore Højbjerg, la grosse recrue marseillaise, c’est bien cet Italien au crâne soyeux.
Le 9 juillet dernier, Roberto De Zerbi se présentait devant les médias pour sa conférence de presse d’intronisation, aux côtés de Pablo Longoria. « Je veux m’inscrire ici sur le long terme et remettre l’OM à sa place. On veut lutter pour les titres et retrouver les sommets », s’exclamait le tacticien italien devant la trentaine de journalistes présents. Le Mister n’a pas débarqué dans la cité phocéenne en solitaire. En plus de son staff habituel, un certain Giovanni Rossi a également rejoint Marseille, dans un relatif anonymat. Ce n’est pas plus mal, car c’est bien le silence et la discrétion qui ont fait jusqu’ici sa réussite.
« Bien qu’il fût l’un des doyens de l’équipe, Giovanni était très discret, ne cherchait pas à se mettre en avant. Mais surtout, c’était quelqu’un qui avait toujours envie d’aider son prochain », se remémore Ivan Graziani (à ne pas confondre avec le chanteur du titre Lugano Addio). Alors tout juste majeur, ce dernier n’est pas conservé par Bologne, son club formateur, et prend la direction d’Aglianese, qui évolue alors en Serie D, où il rencontre un certain Massimiliano Allegri mais également Giovanni Rossi, alors en fin de carrière. « C’était déjà un grand connaisseur de football, plus que la moyenne. Il avait très souvent les mots justes, les solutions lorsqu’on traversait des périodes un peu plus difficiles », précise Graziani, devenu entraîneur de Forlimpopoli, en sixième division italienne. C’est donc à Aglianese, en Toscane, que Giovanni Rossi décide de raccrocher les crampons, après une carrière entre la Serie D, la Serie C et un peu la Serie B (une trentaine de matchs avec Côme en 1995). Sa reconversion est très vite trouvée. Graziani : « Ce serait mentir de dire que je l’aurais imaginé atteindre ce niveau-là, mais je n’étais pas surpris quand j’ai appris qu’il travaillait dans le recrutement à Sassuolo, c’est quelque chose qui lui correspondait parfaitement. »
Le labo Sassuolo
À peine le temps de raccrocher les crampons que l’ancien attaquant se trouve une nouvelle passion, la direction sportive. Après deux brèves expériences à Aglianese et à Prato, Rossi débarque alors dans le modeste club de Sassuolo, qui oscille entre les divisions amateurs et semi-pros. C’est ici, en Émilie-Romagne, qu’il va écrire sa légende. Premier fait d’armes : ramener Massimiliano Allegri à Sassuolo. Ancien coéquipier à Aglianese avec qui il est resté très proche, Allegri a embrassé une carrière d’entraîneur. En une saison à la tête des Neroverdi (2007-2008), l’adepte du cortomuso parviendra à hisser le club en Serie B, une première dans l’histoire. Pas pour rien que l’été dernier, alors que la Juve est en pleine restructuration, Massimiliano Allegri suggère le nom de Giovanni Rossi, « celui à qui il doit presque tout » comme il aime le rappeler, pour la direction sportive. Finalement, les dirigeants turinois choisiront Cristiano Giuntoli.
« J’ai vécu un rêve pendant quatorze années ici. Je suis heureux et fier du travail réalisé, même si j’aurais souhaité une fin différente. » C’est avec ces mots que Giovanni Rossi est venu dire au revoir à Sassuolo lors de sa conférence d’adieu en mai dernier, à la suite d’une saison délicate conclue par une relégation en Serie B, après onze saisons d’affilée dans l’élite italienne. Excepté deux parenthèses à la Juve (2010-2013) et à Cagliari (2017-2018), Giovanni Rossi a bâti sa légende en vert et noir, et est considéré par beaucoup comme le père fondateur du projet Sassuolo. « C’est certain que la réussite de Sassuolo est en grande partie due au travail de Giovanni », introduit Salvatore Monaco, qui a travaillé pendant trois ans aux côtés de Rossi, plus précisément en tant que collaborateur technique de Roberto De Zerbi, fonction que va enrôler Rossi à Marseille. L’actuel responsable du scouting du Shakhtar ajoute : « Il a ce souci du détail très impressionnant quand on le côtoie au quotidien. Il observe, analyse et, seulement après avoir obtenu toutes les informations nécessaires, il prend une décision. Et souvent, il ne se trompe pas. »
Acharné de travail et/ou véritable passionné, Giovanni Rossi a l’œil et ne se trompe donc que très peu, en attestent les nombreux joueurs ramenés en Émilie-Romagne : Berardi, Boga, Pellegrini, Demiral, Politano, Locatelli, Acerbi, Hamed Junior Traoré, Raspadori, Frattesi ou encore Scamacca. Des joueurs qui ont explosé à Sassuolo et permis au club d’être viable économiquement, rapportant un bénéfice (différence entre prix d’achat et prix de vente) de 165 millions d’euros. Recruter des jeunes prospects, c’est bien, mais réussir à les développer, c’est encore mieux. Et pour cela, Giovanni Rossi choisit des entraîneurs bâtisseurs ayant un projet de jeu en adéquation avec le projet du club et surtout qui ont cette faculté à développer des jeunes joueurs. D’Eusebio Di Francesco à Roberto De Zerbi en passant par Alessio Dionisi : de la cohérence, rien que de la cohérence.
Calme, rigueur et discrétion
Outre sa science du détail et sa connaissance accrue du ballon rond, c’est aussi et surtout le tempérament de Rossi qui va faire sa réussite. « Ce qui m’a impressionné dès que je l’ai rencontré, c’est son calme. Il est toujours serein et détendu, peu importe le contexte. Dans le football, comme dans la vie, il y a des moments compliqués qui peuvent nous pousser à prendre certaines décisions sans vraiment réfléchir. Ce n’est pas le cas de Giovanni. Au contraire, il est très réfléchi et ne cède jamais à la pression », souligne Salvatore Monaco. Alors forcément, lorsque Rossi sort de ses gonds et lève la voix, « c’est très drôle et pas trop crédible, car on sait qu’il n’est pas comme ça », ironise Monaco.
Un calme et une sagesse qui s’illustrent directement par sa grande discrétion. À l’ère des directeurs sportifs très influents, Giovanni Rossi se la joue discret et n’est pas vraiment du genre à fanfaronner devant les caméras, comme lui-même aime le rappeler : « Ceux qui me connaissent savent que je déteste ceux qui disent “j’ai fait ceci, j’ai fait cela.” Je n’aime pas m’ériger en tant que héros, je laisse aux autres le soin de juger les bonnes et les mauvaises choses. » À Marseille, Giovanni Rossi sera donc le bras droit de Roberto De Zerbi, l’épaulant sur le mercato, les entraînements et les choix au quotidien. « Avoir Rossi à ses côtés est un atout de taille qui vous aide non seulement au niveau tactique et sportif, mais également mentalement. Son calme et sa sérénité, dans un contexte comme celui de Marseille, sont extrêmement importants. Et ça, Roberto l’a très bien compris, d’autant plus que les deux se connaissent très bien », justifie Monaco. Du calme et de la sérénité : la clé de la réussite à Marseille ?