Selon les informations du « Monde », le joueur du Real Madrid, qui réclame la somme à son ancien club, dont l’actionnaire principal est Qatar Sports Investments, a saisi la commission juridique de la LFP, ainsi que l’UEFA, par l’intermédiaire de la Fédération française de football.
Après un septennat passé au Paris Saint-Germain (PSG), Kylian Mbappé a idéalement entamé sa nouvelle vie sous le maillot du Real Madrid. Buteur et affûté lors du succès (2-0) des Merengue contre les Italiens de l’Atalanta Bergame, mercredi 14 août, en finale de Supercoupe d’Europe, le capitaine des Bleus semble davantage épanoui sous ses nouvelles couleurs.
Près de deux mois après la fin de son bail à Paris, le joueur est toujours en litige avec le PSG- dont l’actionnaire principal est Qatar Sports Investments-, à qui il réclame vainement le paiement, en application de son contrat de travail, d’une somme de près de 55 millions d’euros brut, selon les informations recueillies par Le Monde, que ne lui a pas versée la direction parisienne.
Un montant qui englobe l’ultime tiers d’une prime à la signature (36 millions d’euros brut) que le joueur était censé toucher en février, les trois derniers mois de salaires prévus dans son contrat (avril, mai, juin), ainsi qu’une « prime éthique » sur ces trois mois également. Les conseils du joueur ont envoyé au PSG, à la mi-juin, une mise en demeure, comme l’avait révélé L’Equipe.
« Arriérés de paiement »
Faute d’avoir obtenu gain de cause, la star a décidé de passer à la vitesse supérieure, tout en évitant, à ce stade, de provoquer trop de remous. Selon nos informations, Kylian Mbappé a ainsi saisi la commission juridique de la Ligue de football professionnel (LFP) et, par l’intermédiaire de la Fédération française de football (FFF), l’Union des associations européennes de football (UEFA).
Le 8 août, le joueur a donc d’abord signalé les faits à la commission juridique de la LFP, se fondant sur l’article 259 de la charte du football professionnel, en vertu duquel « les salaires doivent être versés par les clubs aux joueurs sous contrat au plus tard le dernier jour de chaque mois, dans les conditions du droit commun ».
Dotée d’un pouvoir disciplinaire, la commission juridique de la LFP a la compétence, lorsqu’elle constate par décision « tout défaut de paiement de sommes dues de manière certaine, liquide et exigible » par un club français à un joueur, de prononcer dans la même décision, contre le club concerné, une interdiction de « recruter tout nouveau joueur jusqu’à régularisation de la situation », comme le précise le règlement administratif de la LFP.
Par ailleurs, le camp Mbappé a envoyé, le 13 août, un courrier à la FFF, afin qu’elle informe des faits l’UEFA, instance faîtière du ballon rond en Europe. Cette missive a été adressée au manageur de la commission d’octroi de la licence UEFA Club de la FFF. Ladite commission est chargée d’attribuer la licence aux clubs disputant les compétitions européennes, comme la Ligue des champions. Elle est censée vérifier s’ils ont respecté les critères financiers, en particulier ceux relatifs aux « arriérés de paiement ».
Aucun accord de différé
Selon le règlement national pour l’octroi de la licence UEFA Club, le « candidat à la licence », dont les comptes sont contrôlés en France par la direction nationale du contrôle de gestion, « doit apporter la preuve qu’au 31 mars précédant la saison de licence il n’a aucun arriéré de paiement envers son personnel résultant d’obligations contractuelles ou légales, dû au plus tard le 28 février précédant la saison de licence ».
En outre, une fois la licence délivrée, le club doit continuer à justifier de l’absence d’arriérés à intervalles réguliers, notamment au 15 juillet de l’année de la licence. Ces faits sont de nature à conduire à une décision de retrait de la licence UEFA Club octroyée au PSG pour la saison 2024-2025.
Cet arriéré de paiement, qui n’a fait l’objet d’aucun accord de différé et n’a pas été contesté devant les juridictions compétentes, pourrait être constitutif d’un non-respect des dispositions du règlement de l’UEFA sur l’octroi de licence aux clubs et la viabilité financière.
Quelle sera la position de la commission juridique de la LFP, qui a demandé au PSG de lui faire part de ses observations, et de la commission de la FFF concernée sur ce différend ? Vont-elles prendre des sanctions à l’égard du PSG pour ces absences de paiement de sommes pourtant dues aux termes du contrat de travail du joueur ?
Supposés « engagements » pris par le joueur
Ce litige dure depuis plus d’un an. A l’été 2023, après avoir signifié à son employeur qu’il ne souhaitait pas activer une clause prolongeant son contrat d’une saison, Kylian Mbappé avait été envoyé s’entraîner dans le « loft » – avec les joueurs jugés indésirables par le club, en marge du groupe professionnel – par le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi. Ce dernier refusait de voir sa star partir « gratuitement » (sans indemnités de transfert) au Real Madrid, à l’été 2024.
Les deux parties étaient sorties de l’impasse après que le joueur avait fait un pas vers M. Al-Khelaïfi. « Le club ne sera pas perdant en cas de départ », claironnait sans s’étendre, en août 2023, l’entourage du patron du PSG.
Après avoir reçu la mise en demeure de Kylian Mbappé, le PSG a campé sur sa position en justifiant le non-versement de ces primes et salaires par les supposés « engagements » pris par le joueur à faire une croix sur ces sommes en cas de départ sans indemnités de transfert à l’été 2024. Une position que le club, sollicité par Le Monde, réaffirme lundi 19 août, tout en affichant son optimisme et sa confiance quant à l’issue des « négociations ».
« Kylian Mbappé s’est engagé à faire en sorte que le PSG soit protégé si jamais il partait librement, ce qu’il a fait à plusieurs reprises publiquement et en privé », assure-t-on dans l’entourage de M. Al-Khelaïfi. Or, aucun accord ou avenant au contrat de travail de la star n’a été formalisé ni signé en ce sens par les deux parties depuis l’été 2023.
Le PSG ne souhaite faire « aucun commentaire sur les discussions en cours qui se poursuivent de manière constructive depuis de nombreux mois, et le club continue à s’engager respectueusement sur le sujet ».
Si le PSG ne lui verse pas, in fine, les sommes qu’il estime lui être dues, le camp Mbappé pourrait ouvrir un autre front. Il se réserve le droit de saisir les prud’hommes pour demander ces montants impayés, ainsi qu’un éventuel dédommagement pour harcèlement moral.