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Raffaele Palladino, l'architecte de Monza
Il est arrivé sur le banc de Monza sur la pointe des pieds, mais s’est imposé comme l’un des meilleurs tacticiens de la Botte. Nommé en septembre dernier sur le banc lombard, Raffaele Palladino réalise un fantastique travail, à tel point que les Brianzoli sont même plus proches de l’Europe que de la zone rouge.
Quel est le point commun entre Arrigo Sacchi et Raffaele Palladino ? Peut-être leur signe astrologique, le bélier, mais pas sûr que cela intéresse grand monde. Autre chose ? Oui, ils peuvent tous les deux se targuer d’avoir charmé le duo Berlusconi-Galliani alors qu’ils n’étaient personne. « Après un début de saison compliqué, Berlusconi et Galliani ont eu le courage de faire confiance à Palladino, alors méconnu dans la profession, expliquait en février dernier l’immense Sacchi dans un entretien à la Gazzetta dello Sport. Un choix fort, mais qui a fonctionné, je crois vraiment que le travail réalisé par Raffaele rend heureux Berlusconi. » Tout comme l’ancien Mister du Milan, Palladino a repris une équipe au bord du gouffre. En effet, pour la première saison dans l’élite de son histoire, Monza a connu un dépucelage douloureux avec cinq défaites lors des six premières rencontres et un bonnet d’âne. C’est finalement après un nul à Lecce (1-1), dès le mois de septembre, que la direction lombarde a remercié Giovanni Stroppa, érigé au rang de Super Mister il y a encore quelques mois après cette promotion historique. Adriano Galliani n’a pas dû aller chercher très loin le successeur, celui-ci se trouvant à la tête de la Primavera du club. « C’était un lundi matin, je préparais l’entraînement habituel de mon équipe, rejoue Palladino pour DAZN. Il est tôt le matin et je reçois un appel d’Adriano Galliani : “Selon moi, tu dois être l’entraîneur de l’équipe première, je vais demander à Silvio, on se donne rendez-vous ce soir à Arcore.” On est allé chez Berlusconi, l’adrénaline a commencé à monter. Ils m’ont accordé leur confiance, j’étais très ému. »
Quelques années à peine après avoir raccroché les crampons à 35 ans en raison d’un corps rouillé, Palladino a donc commencé son aventure de Mister au même endroit où sa carrière de joueur s’était arrêtée, à Monza. Quand il débarque dans son nouveau costume, le club est alors en troisième division transalpine, et l’ancien international italien prend modestement les commandes des U15 pendant deux ans, puis de la Primavera la saison dernière. Puis, tout s’accélère. « Galliani me demande si je veux prendre l’équipe avant le match face à la Juve (le 18 septembre, NDLR) ou bien après. Je n’ai pas réfléchi une seule seconde, je devais prendre le train maintenant. Alors j’ai foncé », explique-t-il. Et quel départ : pour son baptême du feu, l’ancien collègue de Trezeguet parvient à arracher la première victoire de l’histoire du club en Serie A face à la Juve (1-0). La belle aventure peut commencer.
Sexy Monza
En décembre dernier, lors du repas de Noël, Silvio Berlusconi promettait à ses joueurs « un bus plein de prostitués » en cas de victoire face au Milan ou bien la Juve. Six mois plus tard, les Brianzoli peuvent se vanter d’avoir fait tomber quelques gros morceaux : un nouveau succès 2-0 contre la Juve au retour ; une victoire de prestige face à l’Inter sur le score de 1-0 ; ou encore celle contre la Fiorentina (3-2). Le mérite en revient avant tout à Raffaele Palladino. Depuis son arrivée, Monza ne cesse d’impressionner. En championnat, la bande de Petagna reste sur une série de huit rencontres sans défaite. Avec une moyenne de points par match avoisinant 1,66, l’amateur de café peut se féliciter d’avoir fait de Monza la cinquième meilleure équipe du championnat. En effet, si on prend uniquement en compte le classement depuis l’intronisation du nouveau chouchou de Galliani, l’écurie lombarde est cinquième de Serie A. Fou. « C’est complètement dingue ce que l’on vit, on arrive à gagner des matchs en jouant un super football. Dans la Curva, au début de saison, tout le monde s’accordait pour dire que l’on allait descendre. Mais là, on n’est même pas si loin de l’Europe », sourit Tommaso, tifoso de Monza.
Initialement cantonnée à jouer le maintien, Monza a surpris toute la Botte, à commencer par Arrigo Sacchi. « Ils n’étaient pas attendus, c’est certain. Mais ils ont réussi à faire mal à tout le monde en jouant au football sans complexe. Lorsque tu es ambitieux, tu es récompensé. » Lors du dernier match face au Napoli (2-0), Monza a une nouvelle fois délivré une prestation XXL face à un champion sans solution : « Face à une équipe joueuse et ambitieuse comme Monza, si tu ne joues pas un minimum, tu ne peux pas espérer grand-chose. Je tiens vraiment à mettre en avant cette équipe de Monza et surtout Palladino qui est un super entraîneur », analysait après la rencontre Luciano Spalletti. Une véritable métamorphose signée Palladino.
L’influence du Gasp
« Je suis très heureux d’être ici, j’ai une grande envie de bien faire », teasait lors de sa conférence de présentation Palladino, le sourire aux lèvres. Outre les fantastiques résultats obtenus, c’est surtout le contenu qui se veut très séduisant. Sans avoir un effectif clinquant, le tacticien de 39 balais est parvenu à mener sa révolution par le jeu, en tirant le meilleur de ses soldats. « Avec lui, on a énormément progressé à tous les niveaux, c’est dingue. On était au fond du trou avant son arrivée, et il est parvenu à nous rebooster. Il nous a tous fait progresser individuellement », témoignait José Machín, milieu lombard. Au même titre que Sassuolo sous De Zerbi ou encore l’Atalanta de Gasperini, l’AC Monza de Palladino est une équipe qui se veut conquérante par le jeu, avec la volonté de développer un football offensif et très intense, peu importe l’adversaire en face. Que ce soit face à l’Inter, le Napoli, Spezia ou Bologna, les Brianzoli jouent de la même manière, avec un 3-4-2-1 parfaitement huilé.
Une véritable force collective, sans individualité qui sort du lot. Preuve en est, cinq joueurs de Monza ont dépassé la barre des cinq buts et cinq passes décisives cette saison. Alors forcément, les comparaisons ont fusé avec un certain Gasperini. « J’ai eu Gasperini comme entraîneur lorsque je jouais au Genoa, je me suis énormément imprégné de sa philosophie de jeu. Je n’ai pas peur de le dire, c’est mon mentor », avouait Palladino à DAZN. Outre le Gasp, le tacticien lombard a aussi connu un certain Ivan Jurić (qu’il a aussi eu en coéquipier plus tôt dans sa carrière) comme entraîneur lors d’un passage à Crotone : « J’étais un peu en fin de carrière, donc je jouais beaucoup moins. Cela m’a permis de beaucoup plus observer le travail du Mister. C’est certain que j’ai été influencé par Ivan. » Diverses influences qui font de Palladino l’un des tacticiens les plus en vue de cette Serie A, au point d’être nommé entraîneur du mois d’avril.
Une volonté d’avoir le cuir, la recherche de la verticalité et un bloc très compact qui avance et recule de manière coordonnée, les similitudes sont nombreuses avec l’Atalanta de Gasperini. L’exemple le plus criant est le rôle des pistons, ici Carlos Augusto et Ciurria, qui sont aussi bien capables de se transformer en meneurs de jeu excentrés en phase offensive que de multiplier les courses en phase défensive. De plus, Palladino mise sur de fins techniciens dans l’entrejeu, à l’image de Pessina qui a aussi évolué sous les ordres de Gasperini. « Il a apporté de la cohérence à chaque secteur de jeu, son équipe ne forme qu’un. Le travail tactique réalisé par Palladino est fantastique, mais ce qui m’impressionne, c’est surtout l’intensité et la rigueur qui sont mises à chaque match », résume de la meilleure des manières Fabio Capello. En effet, peu importe l’adversaire, Monza développe un jeu sans complexe, et ça paye.
Actuellement neuvième de Serie A, le promu réalise une saison extraordinaire et régale ses tifosi : « L’objectif du début de saison était seulement le maintien. Là avec Palladino, on a eu plus que ce qu’on espérait. Je me régale quand je regarde Monza jouer et je ne serais pas étonné de le voir partir pour une grosse équipe du championnat », juge Alessandro, supporter des Brianzoli et abonné. Ces dernières semaines, Monza la belle ne cesse de faire couler de l’encre, et son architecte voit son nom cité un peu partout, à commencer par la Juve. Mais Palladino a démenti toute rumeur : « Berlusconi peut être rassuré, je n’ai pas prévu de quitter le navire. Si j’avais été contacté par les dirigeants turinois, je m’en serais souvenu. » Promis juré.
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