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MARSEILLE – Tout est prêt, l’effectif validé,
le style de jeu esquissé, le contrat dessiné, il n’y a plus qu’à signer. Paulo Fonseca va s’engager avec l’OM, une opération menée comme un blitz. Mais ce
dimanche 18 juin 2023, le président lillois, Olivier Létang, ferme la porte à son
entraîneur portugais, sous contrat jusqu’en juin 2024, et ce dernier s’exécute
poliment. L’OM du tandem Pablo Longoria – Javier Ribalta va partir sur la solution Marcelino, chère au président espagnol, et la suite de l’histoire engendrera
forcément des regrets. « Après Lille,
s’il voulait briller en France, Paulo savait
que cela passerait forcément par l’OM
ou le PSG, les deux clubs phares de L1,
confie un acteur des négociations. Il était
vraiment passionné par le projet marseillais, il maîtrisait l’effectif laissé par Igor
Tudor sur le bout des doigts et il lui convenait parfaitement. Cela changeait de Marcelo Gallardo, qui ne connaissait pas l’effectif, ou Marcelino, qui demandait
à le renouveler en profondeur. »
Dix mois plus tard, Paulo Fonseca
(51 ans) termine son bail de deux saisons
au LOSC et il ne manque pas de prétendants. L’Angleterre le tente, et des
grands clubs italiens, comme l’AC Milan,
s’intéressent à lui, l’ancien entraîneur
de l’AS Rome (2019-2021). Il a l’embarras du choix et l’OM continue de le courtiser ardemment, ne voulant pas croire
que sa chance est passée. « Il reste la priorité, mais dans ce contexte, les pourparlers sont moins évidents, souffle un proche du dossier. Il y a beaucoup
d’incertitudes côté OM, sur sa présence
en Coupe d’Europe la saison prochaine,
sur la forme de l’effectif, sur l’enveloppe
qui va permettre de le renforcer… »
Le duo Longoria-Benatia
veut un coach
de premier plan
En juin 2023, Javier Ribalta, alors directeur du football, menait directement
les discussions avec Fonseca et son entourage. Ce printemps, la question
de l’entraîneur est du ressort de Pablo
Longoria et de son conseiller stratégique, Medhi Benatia. Les deux hommes
fonctionnent en autarcie, multiplient
les visioconférences avec les candidats
et laissent filtrer peu d’éléments, même
à leur garde rapprochée. Pour ce tandem, la nomination de Jean-Louis Gasset (70 ans), le 20 février, a permis d’apaiser la situation. Après avoir reçu Gennaro Gattuso à la Commanderie pour
lui signifier la fin de l’aventure olympienne, Longoria a endossé la responsabilité de cet échec.
Impossible de se tromper sur la suite,
en revanche, sur le successeur
d’un Gasset qui a toujours été vu par
la direction comme un pansement sur
une saison mal embarquée. Lui aussi
désireux de se soigner moralement
après l’échec avec la Côte d’Ivoire (*),
Gasset a toujours évoqué une mission
de cent jours, et il a régulièrement fait
le compte des crépuscules restants auprès de ses proches, en ce fastidieux
printemps. Le duo Longoria-Benatia
veut enclencher un nouveau cycle
de deux à trois saisons avec un coach
de premier plan, rodéà la pression, capable de mettre en place un style de jeu
alléchant et de faire rêver des supporters marseillais décontenancés par
les changements incessants. Ce technicien, idéalement annoncé avant la fin
du mois de mai, doit être la clé de voûte
du projet, et non un bricoleur dans
l’adaptation permanente.
Conceiçao et Haise
ont aussi la cote
« Si l’OM ne remporte pas la Ligue Europa
et ne se qualifie pas pour la prochaine Ligue des champions, il faudra réduire
la voilure et la masse salariale, faire
avec 30 % de moins, confie un cadre
du club. Mais c’est intéressant de proposer à un coach de rebâtir l’effectif en association avec sa direction, de faire fructifier
ses idées, sa philosophie. » Pas de pétrole, encore moins saoudien, mais des
idées, poursuit notre source, qui prend
un exemple comme un autre : « Vous savez combien Lille a payé pour son défenseur central Alexsandro ou ses latéraux
Ismaily et Tiago Santos ? Vous connaissiez
Zeghrova avant son arrivée de Bâle ? Un
bon coach peut et doit faire progresser un
effectif, tout en intégrant des jeunes du
centre, un des nouveaux objectifs importants de l’OM. » Pour son nouveau guide
spirituel, l’OM ne lésinerait pas sur la rémunération, et il pourrait offrir à Fonseca le double de ce qu’il gagne à Lille
(220 000 euros brut mensuels).
Derrière le coach nordiste, l’OM a trois
autres dossiers lui tenant à cœur. Selon
plusieurs retours, Benatia éprouve une
grande affection pour Sergio Conceiçao
(49 ans), qui vient de passer sept saisons
au FC Porto. Son président Pinto
da Costa a annoncé sa prolongation de
contrat (de quatre ans !), hier, mais
il s’agit d’une stratégie électorale alors
qu’il affronte André Villas-Boas, dans les
urnes, pour conserver son poste à la tête
du club.
Éreinté par le contexte portiste, Conceiçao ne sera pas retenu s’il est séduit
par un autre challenge, mais il vise en
priorité un club pouvant aller loin en C1.
Lui aussi lorgne le poste à l’AC Milan. Depuis plusieurs saisons, Franck Haise
(53 ans) a aussi une énorme cote dans
l’esprit de Longoria. Le coach du
RC Lens est sous contrat jusqu’en 2027,
mais aussi à un carrefour de sa carrière.
Après quatre saisons en L1 avec les
Sang et Or, il pourrait être tenté par un
défi plus intense encore en L1, avant de
filer à l’étranger.
Galtier, un profil
qui plaisait, mais...
D’autres profils, comme Thiago Motta
(41 ans, qui semble promis à la Juventus), Vincenzo Italiano (46 ans, Fiorentina) et Habib Beye (46 ans, Red Star), ont
été aussi scrutés, avec toujours cette volonté de prendre un ambitieux. Christophe Galtier (57 ans), lui, ne fait pas partie
de cette liste. Ou n’en fait plus partie,
pour être précis. En septembre dernier,
après la démission de Marcelino, il a été
tout proche d’une arrivée en Provence.
À cette époque, le président Longoria
et son numéro 2, le DG Stéphane Tessier,
vivent dans l’harmonie, et le second
a presque fait accepter la venue de son
camarade de l’époque stéphanoise.
Problème, Galtier est jugé en décembre pour des faits supposés de harcèlement et de discrimination à l’encontre
de joueurs musulmans lorsqu’il était
coach de l’OGC Nice. Trop sensible.
Le 21 décembre, Longoria et Tessier déjeunent avec la presse, à la Villa Mermoz, dans le VIIIe
arrondissement
de Marseille, lorsqu’ils apprennent la
relaxe de Galtier. « Je suis heureux pour
Christophe ! », s’exclame Longoria,
qui apprécie l’entraîneur depuis de longues saisons. Mais les tensions grandissantes entre Tessier, d’un côté, et le tandem Benatia-Longoria, de l’autre
(voir page 4), auront eu raison de cette
piste si sou