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Jean-Louis Gasset (OM) : « Dans ce stade, on est des tigres, à l'extérieur, on est des chats... »
À la veille de lancer un triptyque décisif pour une qualification européenne (Lorient, Reims, Le Havre), l'entraîneur de l'OM Jean-Louis Gasset a lancé un « appel au peuple », pour soutenir au Vélodrome, face aux Merlus, une équipe désossée par l'Atalanta à Bergame, jeudi.
« Dans quel état moral se trouve votre équipe ?
Hier (vendredi) tout le monde était abattu, certains ont fait juste des massages, la tête basse, conscients du match qu'on avait fait. Aujourd'hui (samedi), tout le monde va sortir prendre l'air et on va voir qui est opérationnel physiquement et mentalement pour disputer ce dernier match au Vélodrome.
Comment se relever d'un tel échec ?
Le réveil est dur, car vous ne dormez pas beaucoup. Mais c'est à vous de donner les explications. L'incompréhension des performances à une semaine d'intervalle... Tenir tête à une très bonne équipe, qui a éliminé le grand favori de la compétition (Liverpool) en gagnant chez eux 3-0. Puis ce non-match, où on avait le sentiment qu'ils allaient plus vite, sautaient plus haut, frappaient plus fort. Une impression de déjà-vu. Le réveil a été brutal, il y avait eu tellement d'espoirs après le match aller. De se dire : ''Ils ne sont pas aussi costauds que ça''.
Mais ce truc de déjà-vu, ça a été terrible, on l'a vécu en Coupe d'Europe, on n'avait pas gagné à l'extérieur (défaites à Villarreal et chez le Benfica, sous Gasset). Mais même en Championnat, où à l'extérieur, on est aussi défaillants. Il faut expliquer l'inexplicable à des joueurs meurtris. Ils n'ont pas apprécié le fait de jouer une demi-finale de Coupe d'Europe. Dans l'intensité, dans l'état d'esprit, il fallait faire le même match qu'à l'aller et être encore plus conquérants. Là, on a l'impression que l'équipe de l'Atalanta était plus forte que nous, et on a abdiqué.
Comment faire ?
On se relève de tout dans la vie. Il y a des choses plus graves qu'un match de football. C'est le premier point. Il y a d'autres objectifs. On a fait un parcours avec beaucoup de joie, un match aller avec beaucoup d'envie. On a raté le retour. Une fois que c'est fini, c'est fini. Il reste trois matches de Championnat, une dernière rencontre au Vélodrome demain (dimanche) et une possibilité de qualification européenne, et après on fera le bilan.
Comment préparez-vous cette rencontre face à Lorient, en grande difficulté en L1 ?
C'est le match de la survie pour eux. Pour nous, c'est le match du rachat. Notre public est magique, devant lui, on a quasiment tout bien fait. Après neuf matches coachés dans ce stade, demain, c'est le 10e, jamais de ma vie, je n'ai vécu de telles ambiances. À chaque fois, j'avais la chair de poule, des frissons. J'aimerais fêter ensemble une dernière victoire en Championnat. Bien sûr, je comprends la colère, je comprends la déception, je suis aussi très déçu. Mais demain, l'objectif majeur est de gagner pour laisser Marseille européen. C'est le leitmotiv. J'ai envie de dire aux supporters : ''Malgré la rancoeur, venez nous encourager.'' Vous, vous êtes irréprochables, nous, nous sommes impardonnables.
Mais c'est le dernier coup. Vous, vous avez fait la saison pleine, complète. Si on veut que Marseille soit européen, on doit réussir notre fin de saison. Personnellement, je veux terminer ma mission par une victoire au Vélodrome, j'y tiens beaucoup. Ensemble, comme on a fait depuis le début. Quand on est arrivés contre le Chakhtior, le 22 février, on sentait que ça couvait... Mais jamais on n'a lâché, alors qu'on était menés 1-0 sur un penalty ! Encore une fois, encore une fois.
Que visez-vous ? La Ligue Europa Conférence ?
Il y a plus haut que la Ligue Europe Conférence. On peut finir sixièmes si on fait le job. Donnons-nous toutes les chances d'y arriver. Je vous l'ai dit depuis mon arrivée : le plus de tours de Coupe d'Europe, le plus de points possible en Championnat... On a fait rêver en Europe, on a donné de la joie dans des grands matches. Bien sûr, on aurait aimé emmener tout le monde à Dublin...
Comment expliquer le grand écart d'intensité entre l'Atalanta et l'OM ?
Sur le match de jeudi, oui, sur le match du jeudi précédent, on était à égalité. Cela veut dire que ce stade nous sublime et nous fait faire des choses inespérées à certains moments. Là, on a eu cette sensation qu'ils étaient plus forts que nous. Même si on a eu la balle de 1-1, et on ne sait jamais en football ce que cela aurait pu faire. On aurait tenté le va-tout ensuite, de surprendre... Mais c'est un constat : il n'y a pas eu photo.
Les statistiques avancées de l'UEFA sur ce match ont-elles aussi traduit un grand écart, de courses, d'intensité, entre l'Atalanta et l'OM, et entre l'OM de l'aller et l'OM du retour ?
Surtout par rapport au match aller. Moins d'efforts, moins d'intensité, moins de duels gagnés, moins de tout. Au Vélodrome, on vole, et à l'extérieur, on marche. Ce n'est pas d'aujourd'hui, attention. Quelqu'un de proche m'a dit : ''Le premier match de la saison, chez le Panathinaïkos, a ressemblé à celui de Bergame''. Cela fait un an que ça dure, bien à domicile, mal à l'extérieur, et ainsi de suite. Il n'y a pas de demi-mesure.
Dans ce stade, on est des tigres, à l'extérieur, on est des chats. Je l'ai dit aux joueurs : ''Posez-vous la question ! Pourquoi ?'' Je ne suis pas psychologue... Avec mon staff, depuis le début, on fait le maximum, on donne le plus d'indications possibles, on met toute l'expérience acquise pendant notre vie, mais il y a des choses... où on n'y arrive pas. Mais demain, c'est la certitude, on finit comme il faut, on le leur doit. Au Vélodrome, ils sont obligés de s'arracher, c'est le minimum syndical. »