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MHSC; "Montpellier, c'est ma famille"; Intimement lié à la ville et au club héraultais, cofondé en 1974 par son père Bernard avec Louis Nicollin, Jean-Louis Gasset, le nouvel entraîneur de l'OM, a tout connu à la Paillade.
Jean-Louis Gasset "kiffe" son aventure à l'OM, mais son patronyme rime surtout avec MHSC et Montpellier. Trois noms intimement liés, auxquels il faut ajouter celui de "Loulou" Nicollin. Car si le regretté boss de la Paillade a pu créer son club de football en 1974, il le doit en partie à Bernard Gasset, père de Jean-Louis et membre fondateur. Autodidacte volubile, figure de la cité et éminent joueur de boules, présenté à l'époque comme le "patron des gitans", le patriarche Gasset a aidé Nicollin pour son implantation dans l'Hérault. "Il y a deux hommes qui ont compté pour "Loulou" quand il est arrivé de Lyon. C'est Bernard Gasset et Georges Frêche (ancien maire de la ville, ndlr). Il a eu l'intelligence de s'entourer des deux hommes qu'il fallait, même s'ils étaient pourtant totalement différents. Bernard connaissait le foot sur le bout des doigts", replace Jean-Michel Izoird, ancien confrère du Midi Libre et fin connaisseur des coulisses occitanes.
Autodidacte volubile, Bernard Gasset, décédé en 2002 (au Mas Saint-Gabriel de Louis Nicollin), a cofondé l'institution de la Paillade avec "Loulou". C'est donc un joli clin d'oeil de l'histoire que le premier match de championnat de son fiston, le quatrième entraîneur de l'OM depuis le début de saison, soit face au club héraultais, aujourd'hui au stade au Vélodrome. Là même où lors d'une douce soirée d'août 1998, quand l'homme à la casquette dirigeait la formation montpelliéraine, les Olympiens emmenés par Rolland Courbis avaient réussi la plus fameuse remontada qui soit : gagner 5-4 après avoir été mené 0-4 à la mi-temps. "Un traumatisme, rembobine Gasset aujourd'hui. Ça m'a suivi toute ma carrière. Avec Rolland, on en plaisante encore. Laurent (Blanc) était à l'OM, on me rappelle toujours ça. Ça m'a appris qu'un match n'est jamais gagné et que le public a un rôle à jouer. Les gens étaient partis et ils sont revenus ! Je sais que ce public peut s'enflammer et ne nous quittera jamais. Je savais qu'il serait comme ça jeudi, j'espère qu'il sera encore avec nous."
Le retour émouvant de 2017
Vingt-six ans plus tard, après une première pige de 15 jours aux côtés de Gérard Gili en 1994, c'est avec une casquette siglée "OM" que le natif de Montpellier (70 ans), dont le fief est à Saint-Georges-d'Orques où vit toujours sa mère, mène une "mission de 100 jours" avec un autre montpelliérain, son adjoint Ghislain Printant. Une opération commando entamée de la meilleure des manières par une qualification en huitième de finale de Ligue Europa (contre les Espagnols de Villarreal... et Marcelino), jeudi soir, à la faveur d'une victoire nette contre le Shakhtar Donetsk (3-1 au retour, 2-2 à l'aller). "J'étais surpris de le voir signer à l'OM, sourit Franck Lucchesi, ex-poète du MHSC et du Nîmes Olympique. Je le voyais plus donner un coup de main à Montpellier et à Michel (Der Zakarian) si on n'avait pas gagné contre Metz. Mais il est courageux de s'embarquer dans l'aventure. Je suis sûr que ça ira mieux. Sa qualité première, c'est l'humain, il rentre dans la tête des gens. J'entends les critiques sur son âge, les comparaisons avec "Biden" et les doutes sur son rôle de N.1, c'est très sévère. Il n'a pas été l'adjoint de Francis Blanche... Il a côtoyé du beau monde, appris des meilleurs, Jacquet, Kasperzcak, Gili, Fernandez, Blanc ! Et puis, il n'a rien demandé, c'est l'OM qui est venu le chercher. J'espère qu'il fera match nul contre Montpellier et qu'il gagnera tous ses matches après ! Moi, en tout cas, je n'ai jamais perdu avec lui. Il venait d'arrêter sa carrière et de prendre le centre de formation quand j'ai signé. J'ai joué sous ses ordres en 3e division quand je revenais de suspension, ce qui m'est arrivé quelques fois...", lâche Lucchesi dans un éclat de rires, avant de se remémorer une fameuse partie de pétanque avec Gasset et Michel Mézy contre Éric Cantona, Stéphane Paille et l'agent Alain Migliaccio.
"On ne sera pas copains", a prévenu le Marseillais Der Zakarian, coach du MHSC qui a joué sous les ordres de "JLG". "Montpellier, c'est mon club, là où je vis, où sont mes amis, ma famille. C'est un match spécial, mais ça m'est déjà arrivé par le passé. Le destin fait qu'on rencontre les amis. Montpellier est dans l'urgence, l'OM a une obligation de résultat, c'est un match important pour tout le monde", reconnaît Jean-Louis Gasset, dont la dernière expérience sur le banc montpelliérain remonte à 2017. "Attention, on va aller dans l'émotion, prévient-il. C'était fin janvier. On a enterré ma femme le jeudi, Louis Nicollin était là. Montpellier allait à Marseille le week-end et a perdu 5-0 (5-1). Dans la nuit, il m'a appelé pour me dire qu'il n'y avait que moi qui pouvais le sauver. Je n'ai pas pris l'appel, il a réitéré le lendemain, je lui ai dit que je n'étais pas en état... Il m'a dit de venir. J'ai répondu OK. J'avais 15 matches, on devait en gagner 5 pour se maintenir, on l'a fait et je me suis arrêté. Et Louis Nicollin est mort en juin, le jour de son anniversaire, comme ma femme. Il y a des petits trucs, c'est comme ça, c'est le destin, mais Montpellier c'est ma famille."
La Provence