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Quels projets pour l'OM ?
Auteur d'un début de saison décevant sur le terrain et agité en coulisses, l'OM semble arriver au bout d'un cycle.
Qu'en pensent les Saoudiens ? Cédant à la plaisanterie pour oublier enfin la morose prestation de l'OM à Lens (0-1), quarante-huit heures après, on aurait pu ajouter cette ultime interrogation à la longue liste de questions qui escortent ce début de saison de l'OM. Du côté de l'actionnaire, entre nous, pas d'immense changement : cela fait des années que les communicants parisiens de Frank McCourt, supposément d'élite, sont incapables de donner la moindre précision sur un thème lié à l'OM.
Après tout, ils sont comme les joueurs marseillais : McCourt les paie rubis sur l'ongle et sans passion, voilà sans doute l'essentiel. Pour le Bostonien, l'OM appartient à un catalogue glacé d'investissements pour milliardaires. Mais la page de la brochure commence à être écornée, sept ans après son arrivée. Même son jeune président de 37 ans, Pablo Longoria, apparaît usé jusqu'à la moelle. Il donne le change, encore, noie un projet fluctuant dans des circonvolutions. Jusqu'à quand ? Encore une question ! Il est temps d'arrêter, et de tenter d'apporter quelques éléments de réponse.
Que veut faire Longoria ?
Après la réunion du 18 septembre avec les groupes de supporters, Pablo Longoria voulait clairement partir, comme ses amis Marcelino, alors entraîneur, et Javier Ribalta, alors directeur du foot. Frank McCourt l'a retenu par la manche, le propriétaire dirige son club de loin, mais il ne veut surtout pas qu'on lui dicte le timing.
Alors le président est resté, avec son dernier compagnon de route, Pedro Iriondo, qui a perdu au passage toutes ses attributions officielles, à l'exception de la responsabilité de la section féminine. Directeur stratégique, Iriondo, souvent à l'étranger ces dernières semaines, est un conseiller fidèle, parfois démoralisé, pas encore totalement démobilisé.
Et Longoria ? « À partir du moment où j'ai pris - après beaucoup de conversations avec notre propriétaire - la décision de continuer, je m'investis dans la durée, a-t-il expliqué mardi à nos confrères de RMC. C'est la première condition. Ne pas faire ça serait irresponsable, injuste, inconscient et serait un manque de respect envers l'institution OM. Est-ce que je suis fragilisé ? Je ne crois pas. J'ai beaucoup d'énergie et beaucoup d'envie. J'ai compris beaucoup de choses que j'avais cherché à ignorer. Mes modalités de fonctionnement, peut-être que quelques personnes l'auront noté, ont un peu changé du point de vue de l'attitude. C'est lié aux événements, mais toujours fait dans le but de chercher le bien de l'institution et de la protéger, avec un niveau d'engagement supérieur à celui que j'avais le 18 septembre. » Lui qui adore la lumière se voudrait désormais plus discret, plus mesuré : « Pour rendre un club plus stable, plus solide, plus fort, j'ai besoin d'avoir une personnalité comme président qui soit très forte, très analytique, très froide parce qu'on ne peut pas se laisser porter par la tension du moment, par les nerfs. »
L'inverse, en somme, de sa réaction post-réunion du 18 septembre : il avait dépeint le club comme le Chicago des années 1930, tout au long d'un témoignage étonnant dans la Provence. Deux mois plus tard, il explique, comme tous les acteurs de la réunion à l'époque, qu'il n'y a pas eu de « menaces de mort » de la part des groupes de supporters.
Il n'a pas retiré sa plainte contre X
Marqué par le peu de soutien public en sa faveur, il n'a pas retiré sa plainte contre X, qui visait bien au-delà des leaders d'association selon lui (mais qui ? On ne le sait toujours pas). Cela ne change rien, l'enquête est en cours, le parquet de Marseille, assez désarçonné par les propos de Longoria dans la Provence comme lors de son audition, peut décider de fouiner là où il le souhaite.
En attendant d'éventuelles suites judiciaires, Longoria laisse la gestion quotidienne du club au directeur général Stéphane Tessier, même s'il peut lui prendre des envies, comme celle de décider d'exfiltrer cinq intendants du groupe pro fin septembre. Il semble se concentrer sur les instances, s'agace des rumeurs de vente incessantes, reçoit les huiles à la Commanderie, comme le ministre des Transports ivoirien samedi dernier. Il récupérerait un allié de poids avec Medhi Benatia, et il entretient de bons rapports avec Gennaro Gattuso, qui apprécie d'avoir un dirigeant connaissant aussi bien le foot.
Que peut apporter Benatia ?
Depuis plusieurs semaines, Pablo Longoria pousse pour la venue de l'ancien international marocain Medhi Benatia (36 ans). Les deux hommes se sont connus à Turin, lors du passage du défenseur central marocain (2016-2019). Medhi Benatia avait découvert le clan du recruteur espagnol, son mentor Fabio Paratici, son acolyte un peu plus expérimenté, Javier Ribalta.
Devenu agent après la fin de sa carrière, avec une licence à Dubaï et un numéro d'enregistrement pour le marché anglais, Benatia a de nouveau croisé la route de Longoria. Via la société Klan Soccer, il a ainsi traité le transfert du jeune milieu marocain Oussama Targhalline de l'OM au Havre, en janvier dernier. Avec son associé, Ariles Mihoubi, détenteur de la licence FFF, et via de solides connexions angevines, Benatia a surtout récupéré Azzedine Ounahi fin 2022. Le duo a transféré le milieu relayeur à Marseille, fin janvier 2023, pour 8 M€, 2 M€ de bonus et un pourcentage à la revente de 30 % pour le SCO.
Dans ses activités d'impresario, il a un temps pensé à une association avec Samir Nasri. Il collabore aujourd'hui avec Nicolas Marin, qui oeuvrait en son temps pour Moussa Sissoko, sur le dossier Isaac Lihadji par exemple. Le monde étant petit, Sissoko fut aussi l'agent de Benatia pendant toute sa carrière de joueur. Marin aurait récemment récupéré le jeune gardien Simon Ngapandouetnbu (20 ans) et lorgné le milieu marseillais Bilal Nadir (19 ans), en vain. Proche de Longoria pendant la crise de gouvernance de la fin septembre, à ses côtés dans la corbeille présidentielle lors d'OM-Brighton le 5 octobre, Benatia a été immédiatement emballé par la proposition du président : commencer une carrière de dirigeant à l'OM, en chapeautant le secteur sportif.
Il devrait être nommé en fin de semaine
Quand bien même il n'aurait pas le pouvoir de son prédécesseur, Javier Ribalta, membre du directoire et vice-président officieux pendant son passage au club (juin 2022 - octobre 2023). Une fois embauché, Benatia dépendra directement du directeur général Stéphane Tessier. À Tessier les finesses contractuelles, à Benatia la sélection des profils les plus adéquats pour le groupe pro. Bâtir une équipe pertinente dans le club où il a été formé mais où il n'a jamais joué en pro : le défi excite Benatia. Élégant et assuré, il passe très bien auprès des dirigeants de clubs étrangers mais devra convaincre un milieu des agents sceptiques devant une telle trajectoire et une porosité entre ses fonctions passées et présentes. Sa nomination devrait intervenir rapidement, sans doute en fin de semaine, après le transfert des parts de sa société d'agent. Il aurait un statut de prestataire, en mission de consultant. À cette heure, McCourt n'a pas encore tamponné le dossier d'un grand « yes ».
Peuvent-ils recruter en janvier ?
Sous Pablo Longoria, imaginez-vous sérieusement un mercato de l'OM sans recrutement ? Ce serait mal le connaître, trois ans après son arrivée au club comme directeur sportif, à l'époque. Gennaro Gattuso aimerait des joueurs de côté, si possible un arrière gauche, pour suppléer Renan Lodi, ainsi qu'un ailier. D'autres paramètres, avec la blessure de Valentin Rongier (dont le retour est prévu en février) ou la CAN en Côte d'Ivoire, début 2024, pourraient aussi compter. L'effectif est finalement assez pauvre, quantitativement parlant. Auprès de RMC, Longoria dit garder confiance en son effectif actuel, malgré deux derniers mercatos bien moins fructueux sportivement que les précédents. Financièrement, sa marge de manoeuvre sera forcément plus limitée que par le passé, l'élimination en C1 en août, ayant déjà provoqué une bascule dans la dynamique du recrutement estival.
L'argent de CVC a déjà été dépensé
Il apparaît impossible de le voir engager autant de moyens qu'en janvier dernier (Malinovski, Ounahi, Vitinha). Sur ce volet, Longoria reste sibyllin : « On garde très en vue les finances du club. On n'a pas fait de dépenses pour pousser au maximum le budget. On n'a pas de problème de trésorerie et c'est quelque chose de très important pour l'OM, de chercher à retourner vers ce type de contrôle économique. Cette saison, on a fait des investissements, on n'a pas poussé à fond... Mais c'est vrai qu'avec la Ligue des champions, on avait projeté beaucoup de recrues. » Des prêts et des bons coups seront flairés, comme en janvier 2021 (Milik, Lirola) et à l'hiver 2022 (Bakambu, Kolasinac).
Pendant ce temps-là, le directeur général Stéphane Tessier prépare le passage devant la DNCG. Il traque le gras dans les services, repousse au maximum le paiement des factures et fait tout pour limiter les dépenses liées à l'exploitation du Vélodrome hors match, et le coût des hospitalités dans le stade, les soirs de rencontre. Mais, de toute façon, la vraie variable d'ajustement reste la masse salariale du groupe pro, et elle correspond aujourd'hui à un vestiaire de Ligue des champions. L'argent de CVC est lui déjà dépensé.
