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AEK ATHÈNES - OM (J-1) L'ENTRAÎNEUR ARGENTIN EST CONSIDÉRÉ COMME UN DIEU CHEZ LES SUPPORTERS GRECS ET SA COTE PROGRESSE EN EUROPE. L'ANCIEN MILIEU HARGNEUX EST LE GUIDE DES PROCHAINS ADVERSAIRES DE L'OM, AUTEURS D'UN DOUBLÉ LA SAISON DERNIÈRE. Almeyda se fait bien voir chez les Grecs
Dans la salle de conférence de presse du stade Vélodrome, juste après avoir analysé devant les médias sa défaite contre l'OM (3-1) il y a deux semaines, Matias Almeyda déambule et scrute avec attention les photos des équipes de l'Olympique, à la recherche de celle de Didier Drogba et Camel Meriem, bourreaux de son Inter Milan en 2004 (1-0, 1-0 en quart de coupe UEFA). Presque 20 ans se sont écoulés, le teigneux milieu défensif aux cheveux longs qui grattait des ballons à tout ce qui avait du talent en Serie A (voilà plusieurs points communs avec son adverse de demain, Gennaro Gattuso) est devenu un entraîneur à succès. "C'était un joueur très semblable à moi, dresse 'Rino'. On s'est rencontré plein de fois, c'était un guerrier qui n'abandonnait jamais, il était difficile à jouer et Athènes est le reflet de son entraîneur, très dur à affronter aussi. Il faut suer quand on croise leur chemin."
Le milieu était physique et intense, l'entraîneur aussi, même s'il a ajouté à sa panoplie les chemises blanches, les bagues et la montre qui brillent. "Il nous apporte sa passion, sa grinta, poursuit Djibril Sidibé. C'est un plaisir de travailler au quotidien avec lui, il faut être prêt mentalement et surtout physiquement pour répéter les efforts qu'il nous demande sur le terrain, que ce soit avec ou sans ballon. Il nous permet de toujours rester positif quoiqu'il arrive dans le match, c'est ce qui nous a permis de faire le doublé."
"Mes équipes jouent bien mieux que moi à l'époque", s'amusait-il fin octobre, sans insister sur un palmarès conséquent à 49 ans, dont 12 sur le banc : deux fois champion de D2 argentine avec River Plate puis Banfield, une Ligue des champions CONCACAF, un championnat, deux coupes et une supercoupe du Mexique avec les Chivas, et donc les deux trophées avec les Athéniens. Adepte d'un pressing très agressif et d'un jeu plutôt direct, celui qui est surnommé comme Jorge Sampaoli El Pelado (le chauve) à une époque lointaine où ses cheveux étaient rasés, est aussi (évidemment, est-on tenté d'ajouter) un grand admirateur de Marcelo Bielsa, qu'il a eu en tant que sélectionneur de l'Albiceleste. Auprès des supporters de l'AEK et de ses suiveurs (l'un d'entre eux lui avait demandé un selfie après sa conférence de presse au Vélodrome), l'Argentin est devenu une idole, "un Dieu", selon Dimitris Vergos du site Gazzetta.gr.
"Il est né pour entraîner ici. Lors de sa première conférence de presse, il avait insisté sur quatre mots qui décrivent sa mentalité et son approche du foot : sacrifice, amour, union, passion. Ces mots décrivent comment il est et comment est son équipe. C'est quelqu'un de bien, d'honnête, il fait ce qu'il dit", développe le journaliste. Fait rarissime, alors qu'il est arrivé à l'été 2022, il a depuis été prolongé jusqu'en 2028 dans un univers où la durée de vie d'un coach est réduite et où leurs contrats dépassent rarement les deux ans. Et pour ceux qui voudront s'attacher ses services, il faudra, sur le papier, régler une clause libératoire de 10M€ !
Sa success-story en Grèce pourrait en effet attirer l'oeil des dirigeants de grands clubs européens qu'il a côtoyés dans une autre vie (Séville, Lazio, Parme et l'Inter) bien plus torturée que l'actuelle où il semble être apaisé.
Clopes, alcool et dopage
Bien avant que l'on évoque les problèmes de santé mentale au travail et plus précisément chez les footballeurs professionnels, Matias Almeyda avait connu les affres de la dépression malgré une carrière pleine de succès (39 sélections en équipe d'Argentine, deux coupes du monde jouées, un statut de chouchou de River et de la Lazio) et une apparence plutôt bad boy que gendre idéal.
"Pendant toute ma carrière, j'ai fumé 10 cigarettes par jour. L'alcool a également été un problème. Je brûlais tout pendant les entraînements, mais je vivais à la limite. Une fois, j'ai même bu 5 litres de vin, comme si c'était du Coca et j'ai fait une sorte de coma éthylique, confessait-il dans son autobiographie. Pour me débarrasser de l'alcool qui était dans mon sang, j'ai couru 5 kilomètres, jusqu'à ce que le soleil se mette à tourner. À l'époque, je jouais à l'Inter. Et quand je me suis réveillé et que j'ai vu toute ma famille réunie autour de mon lit, j'ai cru que c'était mon enterrement."
Dans ce livre, il évoquait aussi les charmes de l'Émilie-Romagne et les méthodes douteuses des médecins de Parme, qui rappellent aussi cette vidéo d'un Fabio Cannavaro perfusé au Néoton la veille de la finale de coupe UEFA contre l'OM, où les "Goldorak" parmesans (dixit Rolland Courbis) sans Almeyda encore à la Lazio, avaient désossé les Olympiens 3-0. "À Parme, on nous faisait une perfusion avant les matchs. Les médecins nous disaient que c'était des vitamines, mais avant d'entrer sur le terrain j'étais capable de sauter au plafond."
Aujourd'hui, c'est plutôt ses joueurs et le public de l'AEK Athènes qu'il met dans cet état. Aux Marseillais de faire redescendre d'un étage tout ce beau monde demain soir.
La Provence