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Aubameyang, Ndiaye, Correa et Sarr : à l'OM, quatre garçons dans le dur
L'OM a ravalé entièrement sa façade offensive cet été, avec les arrivées de Pierre-Emerick Aubameyang, Iliman Ndiaye, Ismaïla Sarr et Joaquin Correa. Pour l'instant, cette refonte n'est pas fructueuse.
Le soleil, la mer et des recrues clinquantes. L'été a été brûlant du côté de Marseille, comme toujours depuis l'accession à la présidence de Pablo Longoria, début 2021, et le mercato a suscité une vague d'espoirs. En pointe, un vétéran de talent en a chassé un autre. Pierre-Emerick Aubameyang (34 ans) a débarqué avec une mission : celle de dissiper les doutes liés au départ d'Alexis Sanchez, après son unique saison ponctuée de 18 buts toutes compétitions confondues (14 en L1). À ses côtés, un jeune homme pressé, Iliman Ndiaye (23 ans), amoureux de l'OM depuis l'adolescence. Son arrivée à l'aéroport de Marignane - en provenance de Sheffield United - a été fêtée comme celle de Sanchez, en août 2022, par des supporters en transe.
Pour les assister, en attaque, sur les ailes du 4-4-2 de Marcelino (dont le départ a été officialisé le 20 septembre), un ancien trublion de la Ligue 1, Ismaïla Sarr (25 ans, ex-Metz et Rennes), mais aussi un international argentin passé par la Liga et la Serie A, Joaquin Correa (29 ans). À l'échelle hexagonale, le casting s'annonçait alléchant malgré quelques zones d'ombre et les ambitions étaient élevées. Trois mois plus tard, et plus encore que par ses statistiques, cette animation offensive déçoit. La rentabilité n'est pas au rendez-vous après tant de moyens investis (trois ans d'un copieux contrat pour « Aubame », près de 20 M€ pour Ndiaye, au moins 13 M€ pour Sarr et une option d'achat dans ces eaux-là pour Correa).
Ndiaye : des dribbles, c'est tout
Venu pour occuper l'une des deux places à la pointe du 4-4-2 de Marcelino, Iliman Ndiaye se retrouve sur un côté avec Gennaro Gattuso, même si ce n'est pas là où il est le plus à l'aise. Comme l'entraîneur italien ne le connaissait pas bien, il s'est renseigné sur les meilleurs moyens de l'utiliser auprès d'encadrements qui ont travaillé avec le Sénégalais, et on lui a confirmé qu'il était davantage un joueur d'axe. Il s'est épanoui dans ce rôle à Sheffield United, en D2 anglaise, mais il est encore entré sur un côté contre Lille samedi (0-0).
Car Gattuso n'a pas assez de solutions sur l'aile, alors qu'Aubameyang et Vitinha se disputent le ticket en pointe. Ndiaye doit s'adapter et il s'y attelle avec un état d'esprit apprécié. Ses performances séduisent à l'entraînement mais il a dû apprendre à composer avec les attentes démesurées du public. Il est désormais bien intégré et s'est senti libéré par son premier but, à Monaco (2-3, le 30 septembre). Il commence toutefois toujours mieux les actions qu'il ne les finit, et sait que son aisance dans les dribbles doit s'accompagner de meilleures statistiques.
Aubameyang : l'isolement croissant
Zéro. Comme le nombre de passes de Ndiaye et Sarr arrivées dans les pieds de Pierre-Emerick Aubameyang le soir de Nice-OM (0-1, le 21 octobre), alors que le trio a joué quatre-vingt-une minutes ensemble. Chaque week-end, le même constat : « Aubame » est le plus souvent recherché dans l'axe, via des ouvertures dans la profondeur, notamment d'Amine Harit qui lit bien ses appels.
Mais la complicité avec les autres partenaires de l'attaque est maigre. Toujours fin dans ses déplacements, sa lecture du jeu et ses remises en petit périmètre, comme l'attestent ses deux passes décisives en L1, Aubameyang pâtit d'un collectif fragile. « J'ai l'impression que les gens s'arrêtent sur du feeling, et comme il est la tête de gondole il déguste, soupire un intime. Mais il fait les mêmes appels qu'avant, il est ''fit'', déterminé. » Si sa pointe de vitesse est toujours aussi élevée, Aubameyang, très attentif à son hygiène de vie, ne peut plus répéter autant de courses à haute intensité à 34 ans. Il est conscient de son manque d'efficacité et se réfugie dans sa bulle. Cette semaine, seul son père, Pierre, pourra le joindre pour débriefer.
Correa : une vraie énigme
Joaquin Correa était une énigme à son arrivée en août, et le mystère est toujours épais en novembre. En perte de vitesse à l'Inter Milan, l'Argentin est venu se relancer à Marseille en suivant le même chemin qu'Alexis Sanchez, un an plus tôt, mais il ne connaît pas la même réussite. Choix de l'ancien directeur du football, Javier Ribalta, il est capable d'évoluer en soutien de l'attaquant mais il a été prêté pour s'installer à gauche.
Preuve de la confiance qui lui est accordée, il a pu enchaîner les matches même s'il a déçu dès sa première apparition à Nantes (1-1, le 1er septembre), où sa nonchalance avait montré qu'il s'écartait du cliché de l'Argentin tatoué. Il n'a toujours pas marqué ni offert de passe décisive et a été gêné par des douleurs à une cheville. L'arrivée de Gattuso ne lui a pas fait de mal. L'Italien l'apprécie depuis plusieurs années, il avait déjà tenté de le recruter, et il l'aligne dès qu'il en a la possibilité. Bien accueilli par la colonie hispanophone, Correa n'impressionne pourtant pas ses partenaires à la Commanderie et ses treize minutes disputées contre Lille n'ont pas changé le regard porté sur lui, en interne comme ailleurs.
Sarr : de l'envie et de la maladresse
Sa vivacité est une arme de destruction massive, et il peut faire des différences incroyables sur son côté droit. Mais Sarr s'avère bien trop irrégulier et il peine à créer sur le front de l'attaque. S'il est le meilleur buteur marseillais en L1, avec trois réalisations (face à Brest, Nantes et Le Havre), il n'a offert qu'une seule passe décisive, pour Vitinha, face à Reims le 12 août (2-1), et encore, le Portugais était allé chercher le ballon dans les pieds de Yunis Abdelhamid.
Son entente avec Jonathan Clauss est largement perfectible, il peine à combiner avec Aubameyang devant. Face à Lille, Sarr a glissé un seul bon centre à l'attention du Gabonais (17e). Voilà le type d'action attendue à l'avenir, et plus souvent. Réservé, Sarr pourrait extérioriser ses sentiments auprès d'un Gattuso qui cajole ses hommes.