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OM-OL, place au football pour oublier une soirée chaotique
Plus de cinq semaines après le caillassage du car lyonnais entraînant l'annulation de leur première rencontre de la saison, l'OM et l'OL se retrouvent pour, enfin, jouer au football. Les enjeux sportifs sont d'ailleurs passionnants.
On ne prend pas exactement les mêmes et on recommence. Principal protagoniste, à son corps défendant et meurtri, de la soirée du 29 octobre, Fabio Grosso n'empruntera pas la route du Vélodrome, ce mercredi soir, vers 19 heures, dans un car lyonnais enveloppé d'un film anti-blast et escorté d'une nuée de policiers. Le visage ensanglanté de l'entraîneur italien restera l'affiche d'un Olympico devenu un fiasco, le symbole d'une rivalité sportive qui a glissé vers la détestation supportériste tragique.
Mardi après-midi, Gennaro Gattuso a eu un mot pour Grosso, une note de tendresse dans un monde de brutes. « J'aurais aimé jouer ce match contre lui, a-t-il expliqué. Je l'avais eu après l'agression, mais je n'ai pas osé lui parler, ces derniers jours. On a un groupe WhatsApp avec tous les champions du monde 2006, on se donne des nouvelles, on se souhaite les anniversaires... mais quand on a un collègue ou un ami qui vient de perdre son travail, on se laisse tranquille, le plus souvent. On aime souvent digérer seul, dans un premier temps. C'est la réalité de notre travail. On doit avoir des résultats. Je vis avec cette pression, cette responsabilité de bien faire. »
Sur le terrain, Gattuso était une hyène. Dans la Ligue 1 de 2023, il donne des leçons de délicatesse. Parce qu'il a connu la mort autour des stades de Serie A, parce qu'il a joué après des minutes de silence et avec un brassard noir, parce qu'on lui avait parlé du contexte marseillais mais pas forcément français, l'entraîneur de l'OM a étalé une tristesse un peu abasourdie, depuis les incidents, et il a mis en garde ses propres supporters, mardi : « On ne veut pas de bordel, ça doit être une fête et ils le savent. »
Dans le vestiaire de l'OM, le 29 octobre, Amine Harit était en colère. Énervé, comme certains de ses collègues, par la fuite en avant de son sport. Une industrie du divertissement déjà douteuse et déconnectée, dont les derniers acteurs un tant soit peu authentiques se foutent sur la gueule ces dernières années, à l'Allianz Riviera, au Groupama Stadium, au Matmut Atlantique, à la Commanderie, à quelques encablures du Vélodrome ou de la Beaujoire. « Ces scènes de violence sont dégradantes, a lâché Harit, qui a grandi face à la Brigade Loire. Il est dommage d'en arriver là, quand cela se passe bien dans d'autres Championnats, comme l'Angleterre, où les problèmes de violence sont plus rares. Je ne comprends pas ce climat qui s'installe autour des stades, dans les stades. J'espère qu'il y aura une vraie prise de conscience. Si cela continue comme ça, dans quelques années, on va arriver à jouer sans supporters... »
Marseille en quête d'une troisième victoire de rang
Ce soir, des drones vibreront dans le ciel marseillais, pour surveiller les « abrutis » tentés de caillasser le car de l'OL, selon l'expression de la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri. Elle laisse la poésie aux deux Olympiques, en espérant qu'ils la récitent avec entrain et talent. À Lens samedi (2-3), l'OL a ressuscité le concept de « défaite encourageante », une notion périlleuse, qui ne résiste pas aux intempéries prolongées. Mais son entraîneur intérimaire a un jeu moins sage qu'il n'y paraît, et quelques séquences portent les germes d'un renouveau pour la lanterne rouge du Championnat. « Je ne comprends pas la position de cette équipe au classement, a glissé Gattuso, c'est un grand mystère pour moi. »
Son équipe ne sera pas là pour creuser cette énigme, ni même pour doucher les maigres espoirs d'embellie lyonnaise. Elle a trop à faire avec sa propre saison, éreintante physiquement et moralement. Pour la première fois de la saison, elle peut enchaîner trois succès d'affilée, après la victoire baroque contre l'Ajax jeudi (4-3), et celle, glacée, contre Rennes dimanche (2-0).
Face aux Bretons, l'OM de Gattuso a retrouvé son assise défensive, il prend peu de buts en L1 (trois sur les six dernières journées), il sait attendre l'adversaire avec une certaine efficacité. S'il continue de pousser l'opposition à la faute ou, mieux encore, orchestre « cette explosivité, cette rapidité en attaque qui est notre point fort », d'après le technicien, il peut retrouver une place plus pertinente au classement.