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OM-Lyon : qui sont les assaillants des cars lyonnais ?
Par J.-C.L.
Publié il y a 1 heure - Mis à jour il y a 1 heure
Plusieurs typologies de supporters ont participé au caillassage dimanche en marge du match. Explications
L’annulation du match entre l’OM et l’OL ce dimanche soir charrie de nombreuses interrogations sur la chaîne de responsabilités et sur l’identité des fauteurs de trouble. Alors, qui sont ces supporters massés sur le parcours des cars des joueurs et des fans adverses pour les caillasser ? C’est une vaste question et il est difficile d’établir un portrait-robot, qui plus est dans ce cas, où plusieurs profils se croisent.
Comme indiqué ce lundi matin dans nos colonnes, dès jeudi, durant les festivités entre les supporters de l’OM et de l’AEK Athènes, des "indépendants" nous avaient alertés sur leur intention de viser les véhicules des supporters lyonnais, autorisés à se rendre au Vélodrome pour la première fois depuis plusieurs années. Un point de rendez-vous avait même été fixé pour attaquer les cars lors de leur passage, malgré l’escorte policière. Ces supporters dits indépendants sont issus de la mouvance radicale.
À Marseille, on estime leur nombre à 300 au maximum. Certains d’entre eux sont même affiliés aux groupes officiels, qu’il s’agisse des Fanatics, du Commando Ultra, des MTP ou des South Winners. D’autres n’ont rien à voir avec les associations, ni même avec le ballon rond. Mais ils se rassemblent au-delà de toute bannière, souvent avec le même code vestimentaire, par goût de la provocation et/ou de la confrontation, avec une addiction pour la violence et la sensation qu’elle provoque, qui constitue un shoot d’adrénaline. Pour eux, la baston est un mode d’expression.
Une chasse aux Lyonnais samedi sur le Vieux-Port "juste pour rire"
Samedi soir, par exemple, un petit groupe d’une demi-douzaine de Marseillais tournait autour du Vieux-Port à la recherche de fans lyonnais, désireux de faire courir leurs rivaux, "juste pour rire", comme nous l’a raconté l’un d’entre eux. Animés par une volonté de "défendre leur ville", d’après leur doxa, motivés par des antagonismes politiques (en l’occurrence, une partie de la frange radicale lyonnaise se revendique proche de l’extrême-droite), ils agissent en dehors du cadre des groupes, qu’ils considèrent en quelque sorte complices du club et des autorités.
Dimanche, ils étaient à peu près 200 à attendre les cars des Lyonnais. Ils les ont visés avec des fusées et d’autres projectiles, comme des pavés ou des boules de pétanque, brisant de nombreuses vitres. D’après plusieurs sources, des ultras lyonnais ont également utilisé les marteaux brise-vitres prévus pour la sécurité pour s’extraire de l’habitacle (les portes étaient bloquées) afin d’en découdre. La préfète de police Frédérique Camilleri expliquait dans la soirée qu’il y avait plusieurs blessés légers de leur côté et que deux supporters de l’OM avaient été interpelés à ce moment.
"Ce sont des mastres, on n'aurait jamais fait ça..."
Ceux qui ont visé les cars des fans de l’OL avaient donc planifié leur action, à la différence du mouvement spontané des quelques dizaines ("une poignée d’inconscients", selon la préfète de police) qui s’en sont prises à celui de l’équipe rhodanienne, blessant Fabio Grosso, le coach, et Raffaelle Longo, son adjoint, et provoquant in fine le report de la rencontre. Eux ont utilisé des pavés et des bouteilles de bière en verre. "Ce sont des mastres ! On n’aurait jamais fait ça...", nous a dit un participant au guet-apens avec les autres supporters après l’annulation du match, comme si l’attaque des rivaux était un fait acceptable.
"Tu sais comment c’est... souffle un vieux routier de la mouvance ultra. Ce sont les mêmes abrutis que ceux du "FC Parvis". Ce sont des mecs qui sont attablés depuis 15h, imbibés d’alcool et souvent d’autre chose, et qui se sentent pousser des ailes quand ils voient un car passer. Les indépendants n’auraient jamais visé l’équipe et les groupes ne cautionnent absolument pas ce genre de comportements puisque ça rejaillit malgré tout sur eux. Ce n’est pas parce qu’un gars porte une écharpe des Winners qu’il fait partie de l’association."
Miroir de la société, reflet de son époque aussi, le football, ce n’est malheureusement pas nouveau, est gangrené par la violence. "Et la bêtise", déplore l’ancien, qui s’interroge également sur l’efficacité de l’escorte et la pertinence du dispositif de sécurité. Mais ça, ce sont d’autres questions.