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Ça tape sur le système
Critiqué car moins porteur de bons résultats que le 3-5-2, le 4-3-3 reste le schéma préféré de l’entraîneur marseillais Gennaro Gattuso, qui espère clore le débat ce soir à Brest. ANTHONY CLéMENT (avec M. Gr.)
Au milieu d’une foule d’incertitudes, Gennaro Gattuso est au moins sûr de quelque chose : avant les matches, l’entraîneur marseillais doit toujours répondre à une question sur son schéma tactique, même s’il s’évertue à expliquer qu’il ne s’agit pas de la bonne grille de lecture.
Il l’a répété une nouvelle fois hier, quand il lui a été suggéré qu’un retour au 3-5-2 pourrait être un moyen d’en finir avec la sale série de l’OM, plongé dans un tunnel de cinq matches sans victoire en L1 : « Je ne pense pas que nous avons un problème de système, ça fait des semaines que je le dis. On est passés à trois défenseurs en fin de match contre le Chakhtior Donetsk, et on a quand même encaissé un but (2-2, jeudi). » À la veille du barrage aller de Ligue Europa, il avait évidemment déjà été question de son attachement au 4-3-3, qui rapporte moins de points que le 3-5-2. Depuis son arrivée fin septembre, il a disputé quinze matches en 4-3-3, pour cinq victoires, six nuls et quatre défaites. En 3-5-2, il a gagné quatre fois, concédé trois nuls et perdu une seule rencontre, à Brighton (0-1, le 14 décembre).
“Si vous voulez ça, il faudra changer d’entraîneur gennaro Gattuso à propos du 3-5-2
Mercredi, son analyse avait pourtant la saveur du verdict définitif et elle reflétait une vision étriquée du schéma abandonné face à Monaco (2-2, le 27 janvier) : « Je ne suis pas un entraîneur qui aime la ligne de cinq défenseurs et trois milieux, et qui joue en contre. Je l’ai dit au club, ce n’est pas moi, je dois faire ce que je ressens et bien sûr mettre l’équipe dans les meilleures dispositions. Quand j’ai vu qu’elle souffrait, avant l’aller contre Lyon (3-0, le 6 décembre), je suis passé à cinq derrière, mais ce n’est pas mon football. Si vous voulez ça, il faudra changer d’entraîneur. »
Malgré la triste huitième place, les dirigeants olympiens ne l’envisagent pas et il faut s’attendre à retrouver le 4-3-3 ce soir à Brest, où la suspension de Samuel Gigot réduit aussi les options derrière. Les défenseurs marseillais étaient habitués à jouer à trois sous la direction d’Igor Tudor, la saison dernière, mais ce sont les attaquants qui préfèrent ce système.
Gattuso sait bien, par exemple, qu’Iliman Ndiaye s’épanouit en soutien de la pointe, plutôt que sur l’aile où il est décalé en 4-3-3. Pierre-Emerick Aubameyang aime également être associé à un autre attaquant et il a vécu sa meilleure période aux côtés de Vitinha, parti en janvier. Faris Moumbagna a remplacé le Portugais et son duo avec Aubameyang est différent, car le Gabonais évolue désormais sur le côté du 4-3-3 pour lui laisser l’axe.
Une place de plus pour les sept attaquants
L’ancien Stéphanois n’avait pas occupé ce poste depuis Arsenal (2018-2022), et il est confronté à des exigences qui ne collent pas forcément avec ses jambes de 34 ans. S’il doit multiplier les efforts pour aider le latéral, il apprécie de toucher le ballon et d’exister davantage dans le jeu, au lieu de rester en pointe à attendre des centres qui n’arrivent pas souvent. Jeudi, il a même su plonger vers l’axe pour reprendre celui de Jonathan Clauss.
« C’est un travail totalement différent pour lui, observe Gattuso. On est très contents de ce qu’il fait, il est à l’aise car il aime aussi se décaler, quand il joue en pointe, pour repartir vers l’axe. Il met beaucoup d’engagement défensif. » L’entraîneur ne se sent donc pas plus vulnérable en 4-3-3, et il avait détesté la passivité de son équipe en 3-5-2, lors de la seconde période à Lorient (4-2, le 10 décembre). La victoire n’avait pas caché que tout n’était pas parfait à trois derrière, et le staff avait quitté Brighton en se disant que la défaite aurait pu être évitée à quatre.
Désireux de revenir au 4-3-3, Gattuso avait demandé des ailiers au mercato et il n’en a pas eu, si bien que la situation est aujourd’hui paradoxale : son seul véritable spécialiste, Ismaïla Sarr, s’est contenté de 22 minutes lors des deux dernières journées de L1. La concurrence est rude, avec sept attaquants, et c’est aussi pour cette raison que Gattuso leur attribue trois places au lieu de deux. Ses atouts offensifs ne jouent pas forcément où ils le veulent mais ils ont plus de chances de jouer, et le 4-3-3 épouse mieux la structure actuelle de l’effectif, à défaut de servir les qualités individuelles.
L'Equipe