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BILAN; Gattuso, l'épreuve par neuf; Après six journées de Ligue 1 et trois rencontres de Ligue Europa, l'entraîneur de l'OM n'a pas encore trouvé la clé pour remobiliser l'équipe marseillaise et enchaîner une série de résultats positifs.
Frustré et énervé. Gennaro Gattuso n'a pas caché sa colère et son incompréhension, samedi soir dans le froid polaire de Strasbourg, au moment d'évoquer la prestation déplorable de ses joueurs face au Racing (1-1). Habitué à caresser Pierre-Emerick Aubameyang et ses coéquipiers dans le sens du poil depuis sa prise de fonction, le 27 septembre, l'Italien n'avait pas la tête à continuer dans la câlinothérapie après le nul inquiétant de ses protégés en Alsace. Comme les supporters du plus fada des clubs français, l'entraîneur olympien n'en a pas cru ses yeux. Et il l'a donc fait savoir en conférence de presse, répétant les mêmes phrases, déjà prononcées dans l'intimité du vestiaire sans que personne ne moufte : "Je ne comprends pas", "Je suis très énervé", "J'ai demandé aux joueurs comment cela était possible", "J'ai du mal à l'expliquer", "J'attends une réaction"...
Sans ressort, à la limite de l'impuissance et incapable de justifier le comportement de ses joueurs, le Calabrais est apparu marqué.
Un parcours peu reluisant
en championnat
Nommé pour pallier le départ précipité de Marcelino, l'ancien Milanais a récupéré l'équipe marseillaise après une rouste à Paris (4-0), durant l'intérim de Pancho Abardonado, et avec un calendrier corsé. Il a commencé par une défaite sur le Rocher, contre l'ASM (3-2), et un nul au Vélodrome, face à Brighton (2-2), avant de connaître sa première victoire contre le promu havrais (3-0). Un succès qu'il fallait savourer puisque c'est le dernier de l'OM en championnat. Une compétition dans laquelle les Olympiens n'ont pris que cinq points (sur dix-huit possibles) en six rencontres. Très loin, trop même, des ambitions du club en début de saison, celles de finir sur le podium pour se qualifier directement pour la prochaine édition de la Ligue des champions. Douzième de Ligue 1 (avec un match en moins), l'OM est distancé à 10 unités du troisième, l'ASM, et ne conserve que 3 points d'avance sur le barragiste, Lorient (16e). Pire, les Marseillais n'ont pas encore gagné le moindre match à l'extérieur (3 nuls, 4 défaites). Sur la scène européenne, "Rino" peut en revanche être satisfait, même s'il ne tombera pas à chaque fois sur les "frères" de l'AEK Athènes, battus à l'aller et au retour. Dès jeudi, il devra d'ailleurs négocier la venue de l'Ajax Amsterdam et prévoir un déplacement périlleux en Angleterre, mi-décembre, possiblement déterminant. En résumé, le parcours de "Gattuso and Co." est loin d'être reluisant pour l'instant.
Plusieurs changements
pour un apport limité
À peine avait-il déballé son baluchon en Provence que Gattuso cherchait à poser sa patte sur l'équipe. Il s'est immédiatement démarqué du style de son éphémère prédécesseur, prônant un jeu plus direct conjugué à un nouveau système. Du mieux a été entraperçu, à Monaco, contre Brighton ou Le Havre, mais jamais il n'a trouvé de véritable prolongement dans les résultats, notamment à cause de lacunes physiques rédhibitoires et d'une défense aux abois (5 buts encaissés lors des deux premières sorties), un autre des chantiers auquel il s'est attaqué. Au fil du temps et des contre-performances, parfois sévères comme celle enregistrée à Nice, le technicien italien a revu sa copie. Son arrière-garde va mieux (4 buts concédés en 7 matches). Désormais, il insiste régulièrement, dans ses prises de parole ou ses entraînements, sur la maîtrise du tempo en phase offensive et cherche à redonner de la confiance aux siens. "Pas de frénésie, pas de panique", intime-t-il à ses hommes. Il a, aussi, repris une préparation physique qui correspond davantage à ses attentes et à celles du haut niveau. Cela ne suffit toujours pas. Avec son staff, il continue de chercher la solution miracle. Il a bricolé un nouveau système à Strasbourg, alignant d'entrée un 4-1-4-1. Il a cajolé ses joueurs, les défendant bec et ongles. Là encore, cette bienveillance a rapidement montré ses limites face à un effectif dépourvu de caractère et de talent. Elle s'est effacée face aux prestations indignes réalisées à Lens, puis la seconde période à Strasbourg qui a fait méchamment grogner "Ringhio".
Un changement de mentalité et de système ?
Le courage étant une autre qualité absente de ce groupe, les joueurs fuient leurs responsabilités et laissent Gattuso se dépatouiller tout seul pour tenter d'expliquer l'inexplicable. Les dirigeants les imitent, aussi. Or, le "Mister" se retrouve à la tête d'un effectif qu'il n'a pas choisi, avec ses manques récurrents, son déséquilibre coupable et un état d'esprit défaillant. Il savait où il mettait les pieds en acceptant ce pari, mais il devait ignorer l'ampleur de cette mission. Il a beau placer ses hommes face à leurs responsabilités, ils continuent d'être en dessous de tout et de renvoyer une image pathétique en championnat. Comme si la situation alarmante ne les concernait pas et que la grinta qu'essaie de transmettre le Calabrais n'était pas contagieuse. Gattuso attend des réponses, notamment dans l'engagement et l'implication sur laquelle il ne transige pas. Peut-être en apportera-t-il sur le terrain jeudi pour la réception de l'Ajax. Il avoue ne pas avoir "de baguette magique", mais sans doute devrait-il commencer par mettre les joueurs à leur poste de prédilection. Avant de se déplacer à Strasbourg, il déplorait l'absence d'éléments offensifs habitués à évoluer sur les ailes. Il a pourtant continué à leur maintenir sa confiance, Joaquin Correa et Iliman Ndiaye montrant de nouveau leur incapacité à briller, ou du moins à apporter quelque chose, dans un rôle qui n'a jamais été le leur. Le seul spécialiste, Ismaïla Sarr, s'est retrouvé sur le banc et son entrée en jeu s'est avérée catastrophique. Vendredi, il refusait de changer de schéma, invoquant le manque de temps et les progrès affichés. Mais le passage à une défense à trois aurait plus vertus : il permettrait de mieux utiliser les qualités des pistons, Jonathan Clauss et Renan Lodi, ainsi que celles des Harit, Ndiaye ou Correa, plus utiles dans une position axiale, tout en rassurant la défense centrale avec un joueur supplémentaire. La situation impose des solutions radicales. Sinon l'OM va continuer de couler et le mercato de janvier, où Gattuso attend des renforts, arrivera trop tard...
La Provence