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Gattuso à l'OM, six semaines sans grands effets
Depuis six semaines qu'il est arrivé à l'OM, le technicien italien Gennaro Gattuso travaille pour redresser l'équipe et garde le cap, malgré des résultats décevants.
Il n'y avait pas de séance d'entraînement, mardi, pour les joueurs de l'OM, mais Gennaro Gattuso a quand même passé une bonne partie de la journée au centre Robert-Louis-Dreyfus, à décortiquer des séquences vidéo ou échanger avec certains membres de son staff. L'Italien connaît bien les installations du club puisqu'il y a dormi pendant quinze jours, à son arrivée, avant de profiter de la trêve internationale d'octobre pour trouver un logement, à deux pas de la Commanderie. Plongé dans la bouillonnante marmite marseillaise le 28 septembre, Gattuso avait eu, ce jour-là, un avant-goût du rythme effréné qui l'attendait : il avait décollé du sud de l'Espagne en fin de matinée, signé son contrat avec l'OM en milieu d'après-midi avant de diriger son premier entraînement à 18 heures, et à deux jours d'un déplacement à Monaco.
L'Italien le savait en arrivant, il n'y a jamais beaucoup de temps dans le football, encore moins dans un club comme l'OM, et moins encore quand on débarque en cours de saison juste avant une semaine à trois matches. Les premiers moments du nouveau staff ont donc été consacrés à l'urgence, un match puis celui d'après, avec le souci de rassurer une équipe secouée par la crise de gouvernance de septembre, quand la fameuse réunion entre dirigeants et supporters avait fini par renvoyer Marcelino chez lui.
Du travail physique... et mental
Ponctuées par les encouragements, les tapes sur les épaules d'un nouvel entraîneur plus tactile que le précédent, les séances sont courtes mais intenses et le staff fait vite le constat d'états de forme disparates dans l'effectif. Une carence assez visible, à l'image de Renan Lodi, forfait à Monaco (2-3, le 30 septembre) pour une gêne musculaire ressentie dès que la charge a augmenté à l'entraînement. Resté à Marseille pendant la trêve d'octobre malgré la convocation du Brésil, Lodi a pu profiter d'un gros travail physique mis en place par le staff, qui a bien requinqué Geoffrey Kondogbia et Jordan Veretout, en proie à des pépins musculaires. Certains joueurs, alors, ne sont pas dans leur assiette, à commencer par Pau Lopez, en pleine crise de confiance.
Gattuso le constate dès Monaco, quand l'Espagnol prend deux buts sur son côté fermé, et lui accorde une attention particulière. L'ancien Milanais a besoin d'un gardien sûr de lui, dans son registre tactique où il le veut comme premier relanceur. Autre cadre méconnaissable en cette fin septembre, Chancel Mbemba, qui traîne sa peine depuis plusieurs semaines. Pour le staff, le problème est autant physique que mental, et il travaille sur les deux aspects : aujourd'hui, Mbemba a retrouvé un niveau plus conforme au sien. Avec lui, c'est toute la défense qui va mieux, et ce n'est pas un hasard : après deux matches spectaculaires à Monaco puis contre Brighton (2-2, le 5 octobre en Ligue Europa), Gattuso et Luigi Riccio, son adjoint de toujours chargé plus spécifiquement de l'aspect tactique, ont identifié le chantier le plus urgent dans la solidité de l'équipe, trop déséquilibrée à leurs yeux.
Coups de pied arrêtés, coordination de la ligne de quatre derrière, couvertures et marquages préventifs : les Marseillais travaillent à protéger leur surface et ont amélioré les réglages, depuis un mois. Ils n'ont pris qu'un but sur les trois derniers matches, et c'est devant que les limites apparaissent. Pas assez rapide, pas assez adroite, pas assez juste, l'équipe peine à se montrer dangereuse et le travail continue, pour Gattuso, que ses proches disent déçu et un peu frustré par les derniers résultats, la défaite à Nice (0-1, le 21 octobre), le nul contre Lille (0-0, le 4 novembre) ou le revers à Lens (0-1, dimanche).
Persuadé que la dynamique va s'inverser
Jusqu'ici, l'Italien n'a pas été épargné par les blessures : Lopez, Gigot, Kondogbia, Veretout, Ounahi, Correa, Aubameyang... La liste est longue et le dernier touché en date, Valentin Rongier, est une vraie tuile, pour son importance dans le onze comme pour la durée de son indisponibilité, estimée à trois mois. Gattuso n'a pas été épargné, non plus, par le « contexte marseillais », un soir d'OM-OL où sa fille Gabriela, étudiante à Milan, était venue spécialement pour assister au match avec sa mère et son petit frère, scolarisé à Marseille.
La soirée ne s'est pas déroulée comme espéré, mais « Rino » en a vu d'autres et il reste confiant pour la suite, selon son entourage, convaincu que la direction est la bonne et que les fruits du travail arriveront. Il répète que le groupe est réceptif et que l'état d'esprit est positif. Mais le rendement incertain de certains joueurs offensifs (Sarr, Correa, Ndiaye ou Vitinha) est un sujet à l'OM, en vue du prochain mercato.
Comme l'été dernier, les dirigeants veulent un arrière gauche. Gattuso, lui, aimerait bien un offensif capable de jouer sur un côté, un profil rare dans son effectif. En attendant janvier, il faudra faire avec le groupe actuel, et gagner les matches. L'Italien, qui regrette en privé ne pas avoir encore eu le temps de visiter la ville, va sans doute patienter un peu pour s'accorder quelques heures de tourisme.