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AVEC GATTUSO, PAS DE TRÊVE
En une dizaine de jours, le nouvel entraîneur de l’OM a eu davantage de temps pour insuffler ses idées, entre travail physique, tactique et esprit d’équipe.
Avec sa voix rocailleuse et sa façon d’être toujours très proche de ses hommes, Gennaro Gattuso a animé La Commanderie pendant une dizaine de jours.
Arrivé dans l’urgence, le 27 septembre, le nouvel entraîneur de l’OM a profité de la trêve internationale pour imprimer plus patiemment sa patte sur son groupe, même amputé de nombreux joueurs (sept au total), retenus dans leurs sélections nationales respectives.
UN GROS TRAVAIL PHYSIQUE
Les Marseillais avaient eu un aperçu de la méthode Gattuso dès son arrivée, avec un degré d’intensité nettement plus élevé lors des séances.
Les joueurs non internationaux, qui sont restés à La Commanderie, en ont vu plus et ils ont couru, beaucoup, pendant ces dix jours de travail intensif.
Les « Italiens », ceux passés par la Serie A, ont même évoqué une sorte de mini-préparation physique et ils ont confié en privé avoir déjà de meilleures sensations. L’encadrement, quant à lui, a essayé de gérer au mieux cette période et d’adapter le planning pour permettre à un maximum de joueurs d’être présents, quitte à décaler les séances en fin de journée, comme mardi et mercredi, pour que les internationaux puissent y participer.
Le staff italien a posé le diagnostic dès son arrivée : l’équipe n’était pas capable de tenir 90 minutes à haute intensité, la condition physique n’était pas optimale. Il a donc profité de cette trêve et de ces deux semaines sans match pour hausser les charges de travail au quotidien.
Les séances ont été lourdes mais courtes, jamais plus d’une heure dix, pendant lesquelles l’Italien n’a pas lâché ses joueurs pour ne pas que le rythme baisse. Il a encouragé, a tapé sur les épaules, été très présent physiquement.
« J’aime travailler pour avoir des datas proches de celles d’un match, les courses, les changements de direction, les sprints, pour qu’un entraînement soit comme un match », explique Gattuso.
Les séances en salle de musculation ont aussi été dynamiques. « On a travaillé fort, et beaucoup, reconnaît l’Italien. Je suis très content. Les joueurs le sont peut-être moins parce qu’ils ont beaucoup travaillé, mais nous, au niveau des données et des stats, nous sommes satisfaits. » Ils ont pu mesurer les progrès effectués dans ce domaine, et constater que l’effectif marseillais compte quelques gros moteurs.
LA TACTIQUE DÉCRYPTÉE
Le technicien italien l’avait dit dès sa signature : arrivé en pompier alors que les matches s’enchaînaient – trois en dix jours –, il lui faudrait un peu de temps avant de mettre en place « son » football. Il a commencé à travailler tactiquement sur les principes qu’il souhaite mettre en place, en s’appuyant notamment beaucoup sur la vidéo, avec des séances quotidiennes d’environ dix minutes, avant de se rendre sur le terrain.
Gattuso, qui, pour la partie tactique, compte beaucoup sur son adjoint, Luigi Riccio, a notamment travaillé sur la ligne défensive, une priorité à ses yeux compte tenu des résultats récents – cinq buts encaissés sur ses deux premiers matches dirigés (Monaco et Brighton). Il a donc insisté sur des situations de jeu très précises comme par exemple le moment où il fallait défendre ensemble et le moment où l’un des joueurs pouvait sortir de la ligne pour prendre un joueur en un-contre-un afin de récupérer le ballon.
Les Marseillais ont aussi travaillé les circuits de sortie du ballon, avec la construction depuis le gardien de but et des automatismes dans les couloirs, entre l’ailier et le latéral. « Tout ça doit être une mécanique parfaite », insiste-t-il.
En attaque, justement, Gattuso a déjà instauré un changement en alignant systématiquement des « faux pieds » sur les côtés, le plus souvent le gaucher Iliman Ndiaye à droite et le droitier Ismaïla Sarr à gauche.
UN ESPRIT DE FAMILLE
Dès sa première prise de parole, il a répété ce terme (« la famille ») à son nouveau groupe, insistant sur la nécessité de créer des liens resserrés.
À ses proches, l’ancien entraîneur de Valence le répète depuis les premiers jours : il a trouvé un effectif à l’écoute, des joueurs motivés, ouverts, disponibles et volontaires. Partout où il est passé, il a su créer une dynamique de travail et un esprit d’équipe, et c’est ce qu’il espère réaliser aussi à l’OM.
En chef de famille, il a questionné certains cadres pour leur demander leur avis sur des sujets divers afin d’améliorer certains aspects, de l’organisation du bâtiment sportif en passant par l’alimentation. Sa volonté ?
Que chacun vienne travailler le matin avec plaisir et enthousiasme.
Ainsi, il donne le programme à ses joueurs pour toute la semaine, afin que chacun puisse s’organiser tranquillement en fonction de sa vie privée. Il ouvre même une séance aux médias, mardi soir, expliquant qu’il n’a « rien à cacher ». « Comme entraîneur, je suis assez ouvert, parce que je sais ce que j’ai fait quand j’étais joueur. Je sais que parfois je buvais un verre en plus, parfois je ne me reposais pas assez. Les joueurs savent quand ils font des erreurs, pas besoin de le leur dire. »
Gattuso (45 ans) veut que tout le monde s’entraîne à fond pendant le temps passé sur la pelouse. Pour le reste, les joueurs gardent leur liberté.
« Tu peux être le meilleur entraîneur du monde mais si l’équipe ne te suit pas, ne t’écoute pas, tu ne peux rien, explique-t-il. Et je veux les remercier. Et ce sera le secret de cette équipe. Ici, j’ai trouvé un ensemble de personnes, Pancho (Jacques Abardonado), Jon (Pascua), Gilles (Marambaud), les photographes, les cuisiniers. Tout le monde. »
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