Qu'attendre de ce match, ce soir, face à un Ajax qui se débat en pleine crise sportive et extrasportive, et de cet OM, bricolé à l'arrache à la sauce "Pancho", lequel n'aura eu qu'un entraînement pour essayer de rameuter les troupes ? Qu'espérer d'une escouade au fonds de jeu insignifiant jusqu'ici et au moral forcément en vrac, après les tempêtes qui se sont abattues sur elle ces dernières heures, délaissée par son chef de file, Marcelino, dont le départ et celui de son staff ont finalement été actés hier, en début d'après-midi, "pour des raisons extrasportives" ?
L'OM va essayer de se relever des coups qu'il reçoit de tous côtés, mais il demeure hagard, le regard dans le vide, sans parvenir à mesurer s'il a touché le fond ou s'il continue de creuser son propre tombeau. Il navigue à vue, sans capitaines à sa barre dans l'attente que l'avenir de Pablo Longoria et de sa garde rapprochée soit éclairci. Il voyage léger, aussi, avec un équipage réduit à sa plus simple expression pour rallier les Pays-Bas. Jamais le club n'a intronisé officiellement Abardonado, propulsé pompier de service, aux côtés d'un staff resserré. Dernier rescapé de l'équipe Longoria, David Friio épaulera "Pancho", véritable soldat de l'OM, inlassable serviteur de son club de coeur où il a tout connu. Jean-Pierre Papin incarnait un autre recours. Il en avait envie. Mais il n'est pas lié par un contrat au club olympien et se contentera de le représenter ce midi, lors du traditionnel repas d'avant-match entre dirigeants des deux camps.
Arrivé à Amsterdam en milieu de journée, hier, nommé à la tête de l'équipe dans la nuit de mardi à mercredi, "Pancho" s'est immédiatement attelé à cette nouvelle mission. Avec une envie exaltée. Et des idées précises sur ce qu'il compte mettre en place, en si peu de temps, pour refaire battre le pouls d'une équipe à l'encéphalogramme plat, même si les résultats n'ont rien de catastrophique. "Je sais ce que je veux, je le demanderai aux joueurs, je leur expliquerai ma manière de fonctionner, pose-t-il. On essaie de faire notre boulot le mieux possible, être pro, faire passer des messages. Les joueurs répondront sur le terrain."
Il ignore jusqu'à quand s'étirera son intérim. "Je prends match par match, on verra", énonce-t-il sans dissiper le flou artistique qui règne à tous les niveaux. Peut-être apportera-t-il son amour du maillot, sa hargne, son goût du combat, et remettra au centre du jeu des principes simples, avec un schéma plus en rapport avec les forces dont il dispose. Hier, sa première séance sur la pelouse de la Johan Cruyff Arena s'est révélée très intense. Il s'est tenu en retrait, seul, intervenant de manière très ponctuelle et laissant résonner la voix de Gilles Marambaud, le préparateur physique.
Il a vécu tellement de choses à l'OM que cette période incertaine n'est pas sans lui rappeler des souvenirs. Mauvais, évidemment. Il faisait partie de la triste aventure de la saison 1999-2000 quand l'équipe a piqué une crise terrible. Il va puiser dans ce passé pour tenter de redresser la barre dès ce soir, contre un Ajax moribond, qui signe son pire début de saison depuis 1965. "J'ai connu la crise comme joueur, cela ne nous avait pas perturbés. Il y en aura d'autres. On doit répondre présent sur le terrain. On a vu beaucoup de vidéos de l'Ajax. Mais on s'occupe de nous", conclut-il.
Vu l'ampleur du chantier et des dégâts causés par les dernières secousses, c'est déjà pas mal. Cela sera-t-il suffisant ?
La Provence