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DE FRÉDÉRIC MEYRIEU; "Le traumatisme européen était dans les esprits"
Présent au stade Saint-Symphorien vendredi, l'ancien meneur de jeu passé par les deux clubs Frédéric Meyrieu livre son avis sur la prestation des Marseillais et leur début de saison.
Quel regard portez-vous sur la prestation des Olympiens face à Metz ?
Il faut tenir compte de tous les paramètres. Je me doutais qu'il y aurait des petits couacs, c'est normal après la terrible désillusion en coupe d'Europe. Même si on préfère enchaîner après un tel échec, le traumatisme reste dans les esprits. Il y a eu quelques changements au niveau de l'équipe titularisée. Mais on sent du doute. Certains garçons sont un peu crispés. Par exemple Geoffrey Kondogbia, avec trois actions symboliques, où il n'arrive pas à se détendre pour effectuer une transversale précise. Ces petits détails sont un baromètre de la situation mentale de l'équipe. Après, on ne peut pas occulter le manque de réussite. Les Olympiens souffrent d'un manque de chance évident. C'est l'OM, et ici on n'a pas le temps de prendre le temps. Il faut des résultats, vite enchaîner. Pourtant, ils sont tombés sur une équipe de Metz largement à leur portée. En temps normal, au bout de 20-25 minutes, il y a 3-0 pour l'OM. L'autre difficulté, c'est le réveil soudain de Metz auquel les Marseillais ne s'attendaient pas, encore moins quand leur adversaire a été réduit à dix. Sauf que le FCM a enfin mis de l'agressivité à la récupération, s'est projeté avec plus de tranchant et l'OM ne savait plus ce qu'il se passait. Il n'a pas su répondre et la peur a forcément commencé à gagner les rangs.
Cette peur est-elle une conséquence de l'élimination face au "Pana" ?
C'est un tout. Mais je vous rappelle qu'on est à l'OM, et que certains joueurs, notamment les nouveaux, doivent être surpris. Il ne faut pas sous-estimer l'impact du contexte marseillais. Il y a une pression permanente, on réclame des résultats tout de suite, il n'y a aucune patience. L'échec en Ligue des champions tend un climat qui n'a pas forcément besoin de l'être. En échouant à remplir son objectif européen, l'OM n'aura plus le droit à l'erreur en championnat, ni en coupe, ni en Ligue Europa. On va lui demander beaucoup, peut-être trop.
L'instabilité récurrente de l'OM lui joue-t-elle des tours ?
C'est une stratégie dangereuse, néfaste pour le début de saison. J'ai connu ça quand je jouais à Metz, à l'été 1998. On se fait éliminer dès le 2e tour préliminaire de la Ligue des champions par le HJK Helsinki... On n'était pas prêt, il n'y avait pas d'automatismes, on commençait à se découvrir. Je retrouve un peu de ça dans cet OM. L'été des Olympiens, leur préparation et leurs débuts à Athènes m'ont rappelé des mauvais souvenirs. Changer autant un effectif, ça remet la mémoire collective de l'équipe à zéro. On doit tout reconstruire. Et, forcément, ça va prendre du temps. Le souci, c'est qu'à Marseille, on n'en a pas.
Comment expliquez-vous le manque d'efficacité criant de l'OM ?
C'est là que les joueurs doivent être forts mentalement. Ce n'est pas une fin d'avoir des qualités physiques et techniques. Il faut aussi un mental d'acier. Le mental, encore plus à Marseille où la pression est phénoménale, tu dois insister dessus lors du recrutement. Et si à cela vous ajoutez un manque de réussite flagrant, de la malchance, des décisions arbitrales très contestables, vous plongez. Les Olympiens doivent se blinder pour faire tourner la roue. Certes, on n'a pas de chance en ce moment, mais on va mettre ça derrière nous, on va la provoquer en insistant toujours plus, en étant plus constant sur l'ensemble d'une rencontre. Pour l'instant, je parlerais plutôt de manque de réussite plutôt que d'efficacité. L'OM ne souffre pas d'un déficit de talent. Malgré son irrégularité, l'OM développe des phases de jeu intéressantes. En début de saison, on regarde ce phénomène sous le prisme du manque de réussite. Par contre, si ça a tendance à perdurer, il va falloir se poser des questions.
La Provence