Vingt et un ans après, Lens va savourer son retour en Ligue des champions avec la même ossature défensive, mais sans Seko Fofana ni Loïs Openda. Dans l'attente d'un numéro 9, il lui faudra surtout rester les pieds sur terre en Ligue 1.
La dernière fois que le RC Lens a savouré l'hymne de la Ligue des champions, Andy Diouf, recrue la plus onéreuse de l'histoire du club artésien (voir ci-contre), n'était pas encore né. L'équipe sang et or avait inscrit 8 points lors d'une première phase de groupes d'où le Bayern Munich n'était même pas sorti. Vingt et un ans après avoir fait tomber le futur vainqueur de l'épreuve à Bollaert, l'AC Milan (2-1), les Ch'tis vont de nouveau goûter à la plus prestigieuse compétition européenne de clubs.
« J'ai toujours rêvé de la C1, qui a alimenté tous mes étés, avoue Adrien Thomasson. Je ne pense pas qu'on y sera ridicules. Bien sûr, c'est un saut dans l'inconnu. Personne ne sait ce qui va se passer. Mais on va rentrer dans cette compétition avec des étoiles plein la tête et une motivation qui nous aidera sur certains matches. »
« On avait tous envie de rester au club pour vivre ça, résume Jonathan Gradit. On aurait aimé la jouer la saison dernière, pour voir. Ce que nous avons vécu, on s'en souviendra toute notre vie. La C1, c'est une juste récompense. On n'a rien volé. On a envie de montrer que l'on peut rivaliser face aux grosses équipes. »
Rennes et Paris au menu en août
Il faudra attendre septembre pour déguster ce plat de résistance. Le début du Championnat, copieux, doit contribuer à attiser l'appétit du dauphin du PSG en 2022-2023, avec deux déplacements sur trois en août (Brest dimanche, Paris le 26), plus la réception de Rennes le 20.
« Je ne pense pas que nous ayons été en surrégime la saison passée, estime Thomasson. À domicile, une équipe est portée par son public. À l'extérieur, nous avons pris le contrôle du jeu avec personnalité et caractère. On s'est créé des situations, que ce soit contre Paris (3-1, 1-3) ou des équipes relégables. On n'est jamais sortis du top 4. La différence, cette saison, c'est qu'on sera attendus comme l'OM, Paris ou Lyon. Il faudra du répondant. Le gros challenge est là. Dès dimanche à Brest, où ils vont vouloir nous attraper pour nous faire tomber dès la 1re journée. »
« On va clairement repartir à zéro, anticipe Gradit. Alors gardons ce qu'on a fait de bien : l'état esprit, qui est une priorité. Il n'y a pas de star chez nous, personne ne se croit plus haut que l'autre. Chacun joue avec cette simplicité qui fait notre force, et contribue au travail invisible, aux cheminements à l'entraînement qui créent des automatismes. »
Pour relever ce double challenge, le RC Lens a conservé la quasi-intégralité de son ossature défensive. Le recrutement anticipé contribue à offrir un plus vaste choix tactique à Franck Haise. « En 2023, on avait déjà de nouvelles possibilités avec les arrivées (Le Cardinal, Thomasson,
Fulgini), décortique le manager général. Quand on aura complètement terminé notre recrutement, on aura un groupe de 20-22 joueurs qui sera, à mon sens, encore plus complet que la saison dernière. »
Mais le capitaine Seko Fofana est parti en Arabie saoudite (Al-Nassr). Et le départ de Loïs Openda à Leipzig n'a pas été compensé. Il fait craindre un manque d'efficacité. Par le passé, l'équipe du Pas-de-Calais a toujours su rebondir malgré ses nombreux départs estivaux. Toutefois, la phase de préparation a fait émerger un déficit athlétique face à Manchester United (1-3, samedi). Lens doit moduler son pressing au plus haut niveau et vite retrouver la vitesse ainsi que la recherche permanente de la profondeur de son ex-attaquant belge.
« Ce sont deux grosses pertes pour nous, admet Thomasson. Mais la force collective peut les compenser. On aura des bons joueurs à tous les postes. »« Loïs, c'est comme si un membre de la famille était parti sans prévenir les autres, poursuit Gradit. Je ne pense pas que l'on sera moins forts. Ce sont deux joueurs très importants. Mais le collectif et le club passent avant les individualités. Il nous permettra de continuer à faire ce que l'on fait très bien depuis que l'on est remontés en L1. Il ne faut pas oublier que Loïs avait connu un passage à vide et que Wesley (Saïd) avait bien pris le relais. »
Les promesses d'Andy Diouf
Plus gros investissement de l'ère Oughourlian (14 M€), Andy Diouf affiche déjà beaucoup de personnalité dans son rôle de milieu relayeur ou offensif. Successeur de Seko Fofana dans le 3-4-2-1 lensois, il sera moins un joueur de coup d'éclat, expert en transitions et capitaine leader. Mais plus un milieu créatif, juste et percutant, notamment dans les petits espaces ou face aux blocs resserrés. L'ancien Rennais offrira dans ces circonstances plus de solutions tactiques, avec pour base une forte tenue de balle et une frappe de loin qui doit provoquer la réussite.
« On a bien suivi son parcours dans son ancien club (Bâle, SUI) et en Ligue Europa Conférence, rappelle Franck Haise. Il a montré un potentiel en train d'éclore. Évidemment, comme il n'a que 20 ans, il y a encore des choses à aller chercher. C'est tout ce qu'on attend de lui et il a déjà commencé à nous montrer. » Le match face au Torino (0-0, mercredi), plus que la défaite à Old Trafford (1-3, samedi) où il a manqué un peu de puissance, laisse augurer une influence grandissante, nourrie par l'expérience et la maturité d'un joueur qui affiche de belles promesses.
L'avis de L'Équipe
Quoi de neuf au RC Lens ? Pour le moment, de la cohérence, du savoir-faire collectif grâce à un recrutement anticipé et ciblé. Et l'ambition raisonnable de se qualifier à nouveau pour une Coupe d'Europe. Mais toujours pas de remplaçant à Loïs Openda, qui a déjà empilé 7 buts à Leipzig (ALL). De l'arrivée, nécessaire, d'un avant-centre efficace et rapide dépendra une partie du succès du club artésien cette saison en L1. C'est une solution indispensable pour exister en C1 et tenter de sortir de la phase de groupes.
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