Lucas Hernandez (PSG) : « Essayer d'entrer dans l'histoire du club » Lucas Hernandez, transfuge du Bayern Munich, est bien décidé à faire de son passage au PSG un succès. Coulisses de son recrutement, forme physique, poste au sein de la défense parisienne : le champion du monde 2018 se livre.
Sa jambe droite est recouverte de tatouages. Sur le devant de celle-ci, Lucas Hernandez (27 ans) a immortalisé la victoire du Bayern Munich en finale de la Ligue des champions contre le PSG (1-0, le 23 août 2020) ; sur son mollet, c'est le succès en Coupe du monde avec l'équipe de France en 2018 qui a trouvé sa place. « J'ai laissé ma jambe gauche disponible pour le PSG et gagner la Ligue des champions », rigole le nouveau défenseur parisien, recruté il y a quelques semaines au Bayern contre une indemnité de transfert d'environ 45 M€.
L'ancien Munichois, avant de se laisser convaincre par le projet parisien et de s'engager cinq ans dans la capitale, a reçu un appel de son copain Kylian Mbappé l'incitant à le rejoindre. Hernandez semble déjà à son aise au sein de ce nouvel effectif, conversant et rigolant en espagnol notamment avec Neymar et le Coréen Kang-in Lee. Lundi, en marge d'un événement promotionnel organisé au musée Nakanoshima, spécialisé dans l'art traditionnel et moderne japonais, où le PSG a installé une boutique éphémère, le défenseur central nous a accordé son premier entretien après sa signature dans la capitale.
« Est-ce la première fois que vous venez au Japon ?
Non, la deuxième. Je m'y étais déjà rendu avec l'Atlético de Madrid il y a huit ou neuf ans, je ne me souviens plus exactement (c'était lors d'une tournée en 2015). Ça fait longtemps mais j'en garde de bons souvenirs.
Vous appréciez ?
Oui, j'aime bien la mentalité, la culture japonaise, l'éducation des gens. Le respect qu'ils témoignent, c'est incroyable. C'est un pays différent, dépaysant, mais c'est bien de venir ici et d'y passer du temps afin de mieux connaître le Japon et sa population.
Comment se passent vos premières semaines parisiennes ?
Franchement, je me sens très bien. Tous mes coéquipiers m'ont sympathiquement accueilli, j'en connaissais déjà pas mal. J'essaie de m'adapter le plus vite possible à mes partenaires pour que ça se fasse rapidement.
Vous évoluiez à l'étranger jusqu'alors : malgré l'éloignement, suiviez-vous le parcours et l'actualité du PSG ?
Oui, bien sûr. En France, on ne se rend pas compte de ce que représente le PSG à l'étranger. Il est très suivi. Le club est très ambitieux, souhaite s'améliorer chaque année pour devenir l'un des plus grands en Europe et même dans le monde, donc on s'intéresse à ce qu'il fait. Il n'a pas encore remporté la Ligue des champions mais le jour où cela arrivera, il sera davantage suivi.
Était-ce une évidence pour vous de signer au PSG après le Bayern Munich ?
Oui, même si j'avais la possibilité de continuer au Bayern. L'intérêt du PSG, son ambition et le projet que la direction souhaite mettre en place dans le futur m'ont convaincu. J'en ai parlé à mes proches, je suis moi aussi très ambitieux donc je vais essayer d'entrer dans l'histoire du club. Pas de devenir une légende mais de tout faire pour tout gagner avec Paris. C'est ce qui m'a motivé.
À quand remontent les premiers contacts ?
Avec mes conseillers, ça date déjà. Après, ils m'en ont parlé et m'ont dit que le club était vraiment intéressé, alors je leur ai dit que si c'était sérieux, je serais d'accord pour rejoindre le PSG. Le Bayern est l'un des meilleurs clubs du monde, j'ai eu la chance d'y évoluer quatre ans et de tout gagner avec, mais j'avais besoin d'un autre challenge. Comme je l'ai déjà dit, j'ai envie de créer l'histoire au PSG en réalisant ce qu'il n'a jamais fait.
Quel projet la direction parisienne vous a-t-elle présenté ?
Un projet très attractif, à l'image cette année de l'ouverture du nouveau centre d'entraînement qui est ce qui se fait de mieux en Europe et probablement dans le monde. Il est unique. Le club grandit et s'améliore chaque année. Ce sont des choses comme cela qui permettent de convaincre de nouveaux joueurs comme moi de venir, avec l'envie de tout gagner, d'avoir la pression de remporter la L1, la Coupe de France et la Ligue des champions.
Aviez-vous pris des renseignements sur le club avant de signer ? Ses difficultés en Ligue des champions ne vous ont-elles pas fait hésiter ?
Non. Il y a deux ans, le PSG nous avait éliminés avec le Bayern (3-2, 0-1 en quarts de finale de Ligue des champions). Je n'ai pas hésité : au contraire, ça m'a donné plus envie de relever ce challenge et de montrer que Paris peut faire mieux.
Comment avez-vous vécu les critiques, notamment celles des supporters ultras parisiens, liées à votre signature au PSG ?
Cela ne fait pas plaisir. Après, je comprends les gens parfaitement, je suis jeune et j'ai eu des propos maladroits sur l'OM et le fait que je ne jouerais jamais au PSG. Je suis conscient de la situation, j'arrive ici pour montrer à tous les supporters du PSG qui sont sceptiques que je suis là pour tout donner pour le club et ce maillot. Ils le verront très vite. Je suis très compétiteur et, dès mon premier match, je donnerai tout pour ce maillot.
Vous payez aussi le fait d'être né à Marseille.
Je suis né à Marseille, c'est vrai, mais je n'y peux rien. Je n'ai jamais vécu à Marseille, mon seul souvenir, c'est quand j'ai battu l'OM avec l'Atlético de Madrid en finale de la Ligue Europa (3-0, le 16 mai 2018 ; il avait disputé toute la rencontre). Sinon, je n'ai rien qui me rattache à la ville, aucun membre de ma famille n'y vit.
Il y a eu d'autres interrogations à votre sujet, physiques celles-ci. Comment vous sentez-vous après votre grave blessure au genou droit contractée lors de la Coupe du monde au Qatar ?
Cela a été une blessure très compliquée (rupture du ligament croisé antérieur du genou droit) mais je suis rétabli, je me sens très bien. J'ai repris normalement avec l'équipe. J'ai des charges de travail spécifiques. En plus des entraînements avec le groupe, je fais plus de renforcement musculaire.
Je me sens très bien, je n'ai pas d'appréhension ni de doute alors que parfois, tu peux en avoir après ce genre de blessure. Tu peux avoir tendance à lever un peu le pied inconsciemment, mais pas là. J'espère qu'en signant ici à Paris, je laisse aussi derrière moi les blessures et que je vais pouvoir enchaîner les rencontres.
À l'Atlético, vous étiez très rarement blessé...
(Il coupe.) Oui, c'est vrai. Au Bayern, je l'ai été davantage.
Est-ce le froid ?
Je ne sais pas si c'est le froid ou la langue (rires). Au Bayern, je me suis souvent blessé, j'en ai conscience et je fais en sorte que cela ne m'arrive plus. J'avais envie d'un changement de vie, de revenir dans mon pays, la France, où je parle la langue.
Vous avez eu du mal avec l'allemand ?
Oui, je le parle un peu mais ça n'a pas été simple. Je voulais revenir dans un pays où je serais plus à l'aise, me sentir comme à la maison.
Avez-vous échangé avec Luis Enrique avant votre signature ou plus récemment ?
Avant ma signature, non, on n'a pas parlé, mais dès que je suis arrivé, oui. Je le connaissais d'Espagne, c'est un super coach avec des idées bien claires. On a tout pour faire une bonne saison avec lui. On va essayer de répondre à ses attentes pour atteindre les objectifs.
Quelles sont ces "idées claires" ?
Il a dit comment il voulait que l'on joue, comment on devait évoluer défensivement et offensivement.
C'est-à-dire ?
Il veut que l'on ait le plus possible la possession du ballon. Là, il a entièrement raison : plus tu as le ballon, moins tu vas courir derrière. C'est à nous de mettre en place ses souhaits en jouant assez haut sur le terrain.
Savez-vous comment il compte vous utiliser ? À quatre ou trois derrière ? Il est réputé pour préférer une défense à quatre.
Le système de jeu, on ne le connaît pas ; parfois, on évolue à quatre, parfois à trois. On a travaillé les deux. Comme le coach vient d'arriver, il veut avoir toutes les options et choisir la meilleure pour l'équipe.
Quand on vous a présenté le projet, on vous a dit que vous joueriez défenseur axial et/ou latéral gauche ?
J'ai été recruté pour évoluer dans l'axe mais avec la possibilité de glisser latéral gauche si besoin, en cas de souci, pour dépanner. Cela ne me pose aucun problème car je l'ai toujours fait, aussi bien à l'Atlético qu'au Bayern ou en équipe de France. À Paris, ce sera pareil.
Quels sont vos objectifs cette saison avec le PSG mais aussi en bleu ?
Mon objectif principal est de jouer le plus possible au PSG et surtout de gagner tous les titres. Avec les Bleus, disputer l'Euro. J'espère être performant et pouvoir enchaîner pour évoluer régulièrement sans pépins.
Kylian Mbappé n'a pas été convié au stage par la direction du club. L'avoir ou non avec vous cette saison, ça fait une petite différence quand même, non ?
Je connais très bien Kylian, c'est un super ami. Après, ce sont des choses qui ne m'appartiennent pas, c'est davantage une question pour le club. C'est une évidence qu'il vaut mieux l'avoir avec soi. On va voir ce qu'il va se passer. »