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Après des années de domination sur le foot français, quelle est l'image du PSG en province ?
Au fil du temps, le PSG a consolidé son poids en province jusqu'à devenir le club le plus apprécié de l'Hexagone.
Il aura fallu attendre la 107e édition de la Coupe de France pour que la finale se joue hors de Paris ou sa petite ceinture. Un événement unique lié aux travaux en cours au Stade de France en vue des Jeux Olympiques. L'affiche opposant le Paris-Saint-Germain et l'Olympique Lyonnais, demain, aura donc lieu au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq, à 200 kilomètres au nord de l'Île-de-France, mais rien ne dit que le soutien que recevra la bande à Luis Enrique sera moindre que sur ses propres terres. Si 15 000 places ont été allouées aux différents groupes de supporters parisiens dans un virage, autant que pour les Lyonnais, les tribunes latérales pourraient bien, elles aussi, être garnies de fans de Kylian Mbappé, Marquinhos et compagnie.
Car au fil du temps, le PSG a tissé sa toile loin du Parc des Princes, devenant un mastodonte à l'échelle française. En novembre 2023, une étude Ipsos-LFP plaçait le club de la capitale comme le club de Ligue 1 le plus supporté en France dans 6 des 12 régions métropolitaines (hors Corse, région non testée) et figurait dans le top 3 dans 11 d'entre elles.
Un vide à combler
Favorisée dans tous les territoires éloignés des villes abritant un club d'envergure, la popularité grandissante du PSG ne semble pas avoir de limites. Si l'origine d'un attachement n'est pas géographique ou cultivée dans le cadre familial, il trouve souvent son écho dans les performances sportives. « Le rapport Paris-province est quelque chose d'historiquement très structurant, détaille Ludovic Lestrelin, maître de conférences à l'université de Caen Normandie. Il est très profond parce que ce n'est pas qu'une frontière géographique, mais une frontière sociale, politique et économique. Mais avec le football, il est possible de supporter un club en faisant abstraction de ces facteurs. »
Un constat logique et historique : dans les années 1950, le Stade de Reims trustait le devant de la scène et toute une génération, partout en France, s'est mise à supporter l'équipe de Raymond Kopa, Roger Piantoni, etc. Même cas de figure avec l'AS Saint-Étienne des années 1970 ou bien l'OL des années 2000. Dominateur, le PSG peut même devenir, derrière un club local aux résultats médiocres, une équipe à soutenir en parallèle dans l'esprit de nombreux amateurs de football.
Pour étendre sa popularité hors d'Île-de-France, le PSG dispose de plusieurs leviers. Si le club n'a pas encore franchi les frontières de sa région avec ses trois boutiques officielles uniquement concentrées sur Paris et ses environs, il dispose de 14 fan-clubs officiels en France métropolitaine. À ce nombre s'ajoutent ceux basés dans les territoires ultramarins. « Avant eux, il y a eu des "PSG club" dans les années 1990-2000, des groupes officiels, chapeautés directement par le club, cherchant à s'implanter dans les différentes régions françaises », rappelle Lestrelin qui a travaillé sur l'évolution de la popularité du football au fil du temps.
Un engouement intergénérationnel
Pour monter un fan-club dans sa région, il faut remplir un formulaire puis passer plusieurs entretiens avec le club. C'est ce qu'a fait Nicolas Zenker, vice-président de celui du Nord-Pas-de-Calais, créé en novembre 2022 : « On est 60 aujourd'hui. Au-delà de ce nombre, le PSG limite. Ça doit être pour ne pas "concurrencer" les groupes de supporters déjà établis. »
En fonction des rencontres, l'association obtient un quota de places. Elle reste par exemple privilégiée pour les matches face à Lille ou Lens. « On me contacte tous les jours pour entrer dans le fan-club. Je vois bien qu'aujourd'hui, il y a un énorme potentiel de supporters dans le Nord-Pas-de-Calais. Au collège, à mon époque, on était 2 ou 3 à être pour le PSG. Là, on va dans ceux de la région, des maillots du club, il y en a à la pelle », constate celui qui n'a jamais vécu dans la capitale mais qui a hérité du virus PSG par son paternel.
Si l'attrait pour le club est compréhensible chez la jeune génération, comment expliquer l'existence de fans parisiens plus âgés et vivant loin de la capitale ? « Les années 1980 ont acté l'implantation de la télé dans le foot en France. Le PSG de l'époque Mustapha Dahleb, Safet Susic, y était beaucoup exposé, recontextualise Lestrelin. Et puis il y a l'imaginaire que peut véhiculer un club. Dans les années 1990, si l'on ne veut pas être pro-OM, on se dirige du côté du PSG. À Toulon, il y avait un "PSG club" qui était très actif à une époque où le SC Toulon avait coulé. La rivalité avec l'OM étant très forte, il y a alors peut-être eu un report de l'identification de Varois vers le PSG. »
En France, la popularité du club puise également sa source dans l'identification croissante des fans à certains joueurs. Fascinés par ses performances avec les Bleus, quantité de jeunes filles et de jeunes garçons n'ont d'yeux que pour Mbappé et supportent, du coup, le PSG. « Ce n'est pas un phénomène nouveau, assure Lestrelin. En 1990, il y a un joueur qui faisait kiffer plein de monde : Chris Waddle. Et au fur et à mesure, l'attachement a dépassé le joueur et s'est porté sur l'OM. » À cet égard, l'importance des prochains mercatos parisiens dépassera le strict cadre du terrain.