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Pourquoi Rennes déçoit en L1
Le début de saison médiocre de Rennes le met sous forte pression avant le déplacement à Nice, dimanche (20h45).
Présent vendredi dernier à la Piverdière, au retour des joueurs d'Athènes, l'actionnaire François Pinault avait dû être soulagé par le succès face au Panathinaïkos (2-1), en Ligue Europa. Mais il a déchanté dimanche au Roazhon Park, voyant une équipe plus amorphe que conquérante contre Strasbourg (1-1). Et loin du podium annoncé comme un objectif en début de saison après la quatrième place obtenue depuis deux ans. Il est d'ailleurs parti avant la fin, avant les sifflets qui sont tombés sur les hommes de Bruno Genesio. Il attend de voir une équipe d'un niveau en phase avec l'objectif, qui sait se sublimer, et il voit une équipe qui n'arrive pas à grandir.
S'il garde confiance dans le trio Cloarec-Maurice-Genesio, le mercato lui aurait laissé quelques interrogations, parce qu'il aurait pu (ou dû ?) être plus ambitieux, notamment, derrière et devant. Trois mois pour ne pas prendre vraiment forme, c'est trop, et ce début de saison faiblard (8e place avec 12 points en 10 matches) accroît la pression avant le déplacement à Nice, dimanche (20 h 45). L'entraîneur en a convenu lui-même : « On n'a gagné que deux matches sur dix en Championnat, c'est largement insuffisant. »
Genesio souffle le chaud et le froid
Rennes avait pris tournure en fin d'été, ces deux dernières saisons. Genesio espérait raccourcir le temps de mise en route mais c'est l'inverse qui se produit. L'autre priorité était de rendre l'équipe moins friable, et là aussi, ce n'est pas ce qui ressort, en témoignent les buts gaguesques contre Le Havre (2-2, le 27 août) ou à Lorient (1-2, le 22 octobre). « On a dans l'ensemble un contrôle du jeu, trop peu de tirs cadrés, trop peu d'efficacité offensive et à la moindre occasion de l'adversaire on subit un but », a relevé le technicien. Les statistiques d'Opta confirment : Steve Mandanda a encaissé - hors but contre son camp - 2,48 buts de plus qu'il « n'aurait dû » d'après le modèle des Expected Goals.
On revoit le Rennes que Genesio aime par séquences, comme dans le jeu en première période à Lorient, on perçoit un certain caractère, comme à Athènes, mais ça ne tient pas encore debout sur la durée. Genesio a souligné le poids trop lourd des enjeux et des axes d'amélioration, en ce début de saison, « entre l'annonce des objectifs qui a pu mettre une pression sur certains, le fait de dire qu'on doit être plus solides, qui a ancré qu'on ne l'était pas suffisamment ».
Pour perdre moins souvent, il a d'abord installé plus de prudence, plus de gestion, et l'équipe en a oublié de jouer. À la pause à Lorient, à 1-2, l'entraîneur a tenu un discours dur qui n'a pas eu d'effet. Il a ramené de la confiance pour Athènes mais la même équipe, quasiment, a coincé contre Strasbourg, trois jours plus tard.
Matic trop seul au milieu
Si la défense et l'attaque sont trop tendres, le milieu refondé cet été n'est pas assez fort non plus, avec et sans ballon. Seul Nemanja Matic amène un plus et Strasbourg, dimanche, a été heureux de le voir sortir (à sa demande), car il a tiré presque aussi souvent au but dans le dernier quart d'heure (5 fois) que dans les 75 minutes qui avaient précédé (6).
La finesse de Lovro Majer, parti à Wolfsburg, manque. Enzo Le Fée, Fabian Rieder et Désiré Doué ne se sont pas encore imposés. Ce dernier, préféré au Suisse dimanche, a déjà laissé passer plusieurs occasions de briller. Et Benjamin Bourigeaud, baromètre de l'équipe, est à plat.
Capitaine depuis le départ d'Hamari Traoré, le milieu formé à Lens (29 ans) incarne la période plus jubilatoire qu'a connue le club depuis 2018. Il a brillé quand il était milieu droit (7 buts et 10 passes décisives en L1 la saison passée, 11 et 12 celle d'avant). En fin de saison passée, Genesio a trouvé un nouvel équilibre en laissant ce couloir à Jérémy Doku et en réaxant Bourigeaud au milieu, ce qui a fonctionné.
Rennes a ensuite anticipé le départ de Doku en attirant Ludovic Blas, fixant Bourigeaud dans l'axe. L'ancien Lensois était sorti à la pause à Brest (0-0, le 2 septembre), comme à l'heure de jeu à Lorient, et il a été quelconque contre Strasbourg. Le réinstaller à droite pourrait être une option rassurante.
Une concurrence à géométrie variable
Chez les autres leaders, Matic tient son rang. Steve Mandanda aussi, globalement, même s'il devait mieux faire sur le but alsacien, dimanche, notamment. Et Martin Terrier, lui, reprend le rythme. Arthur Theate s'est fait doubler en défense axiale par Jeanuël Belocian, le jeune qui monte.
La concurrence existe moins pour Warmed Omari, puisque Christopher Wooh n'a pas été maintenu suite à la défaillance du premier à Lorient. Sans doute parce que Genesio voit Belocian et Omari plus complémentaires. Chez les recrues, en dehors de Matic, Blas ne provoque pas assez de danger, Rieder et Le Fée n'ont pas encore marqué les esprits et Bertug Yildirim, qui peut être intéressant, n'a pas été utilisé contre le Racing car Genesio a lancé Terrier dans l'axe.
Le coach rennais a gardé un onze stable sur la séquence à trois matches et ça ne lui a pas souri dimanche, les entrants ne se mettent plus trop en valeur. Ce qui peut signifier une frustration ou une démobilisation, et il lui faut maintenir des liens qui ne sont pas encore assez solides. « S'il y en a qui choisissent un autre chemin, ils se mettront en dehors d'eux-mêmes », a énoncé l'entraîneur rouge et noir après le nul contre Strasbourg.
Un avertissement qu'il a déjà lancé plusieurs fois à son groupe ces dernières semaines, sans que rien ne change vraiment, ni en bien ni en mal, et c'est tout le problème.