Information
L'édito de Vincent Duluc : « Un modèle français »
Le football est presque simple : s'il faut être riche, voire très riche, pour gagner, tous les riches ne gagnent pas, et il leur arrive de se casser la figure dans un grand bruit de vaisselle cassée, juste avant l'arrivée des huissiers.
La lecture du classement de la L1, ce lundi matin, suggère qu'il est temps que Vincent Labrune retrouve le sommeil et qu'on en finisse, peut-être, avec l'obsession du milliard. Quand Brest et Reims sont sur le podium, quand le PSG est cinquième, que l'OL est dernier et que les Pays-Bas nous devancent à l'indice UEFA, ce n'est pas parce que la L1 manque d'argent. C'est parce qu'elle le dépense mal. On ne risque pas de contester l'adéquation à long terme entre les investissements et les résultats : les sans-grade ne remportent jamais la Ligue des champions, et en Ligue 1, Montpellier aura été la seule immense surprise du XXIe siècle, en 2012. Le football est presque simple : s'il faut être riche, voire très riche, pour gagner, tous les riches ne gagnent pas, et il leur arrive de se casser la figure dans un grand bruit de vaisselle cassée, juste avant l'arrivée des huissiers.
Sans doute ne faut-il pas, alors, envisager le montant des futurs droits télé comme un enjeu central de son avenir. L'OL ne s'est pas affaibli parce qu'il était pauvre, le PSG n'a pas échoué en Ligue des champions parce qu'il n'a pas pu recruter, et l'OM n'est pas dans le flou parce que Longoria n'aurait pas eu les mains libres. Ce n'est pas, non plus, parce que Brest aurait soudain eu de l'argent qu'il occupe le haut du classement, alors que la manière dont Lorient peine, après un recrutement remarquablement dispendieux à son échelle, illustrerait presque ce trait de Louis de Funès dans La Folie des grandeurs : « Les riches, c'est fait pour être très riches, et les pauvres, très pauvres. »
On ne sait plus de quoi est riche l'OL. C'est le destin des grands clubs, parfois, de payer leurs erreurs et d'être menacés par la nuit. Mais ce qui donne le mieux la mesure de son déclin est sa manière d'avoir trouvé encourageante sa défaite à Reims (0-2), dimanche, et de voir un espoir dans le naufrage, sous prétexte qu'il écoperait avec une tasse plutôt qu'une petite cuillère. Trois ans après avoir atteint le dernier carré de la C1, l'OL est menacé de relégation, et ce n'est pas si soudain quand on convoque des souvenirs, qu'ils aient été liés à une relégation sportive ou administrative : l'OM est tombé en Ligue 2 en 1994, un an après son sacre à Munich, Saint-Étienne est descendu en 1984, trois ans après son dernier titre de champion de France, et Bordeaux a fait un premier passage en D2 en 1991, quatre saisons après son quatrième sacre national. Pour en arriver là, il faut faire beaucoup d'efforts. Il faut se tromper de direction à peu près à chaque carrefour. Il faut affaiblir l'équipe à chaque fois qu'on pense la renforcer. Pour s'en sortir, il faut à peu près faire l'inverse, mais en général, on ne sait plus.