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Tour de France des clubs : Lorient, ça pousse, ça pousse...
Lorient poursuit sa croissance à une vitesse vertigineuse. Ce qui ne manque pas de susciter de nouveaux défis sur le terrain et en dehors.
Croissance maîtrisée et conservatisme identitaire. Il ne s'agit pas du programme d'un nouveau parti politique de droite mais bien de la philosophie qui règne au FC Lorient. Le club, renforcé par l'actionnaire minoritaire (40 %) Bill Foley depuis janvier, s'attache à progresser à tous les étages, sans renier les idées de jeu qui ont fait sa renommée.
À cet égard, le fait que Régis Le Bris soit resté est plutôt une bonne nouvelle. Pour sa première saison au sein de l'élite, l'entraîneur a démontré qu'il pouvait allier résultats et projet de jeu, dans la lignée d'un de ses illustres prédécesseurs, Christian Gourcuff (1982-1986 ; 1991-2001 ; 2003-2014). Pourtant, le technicien s'est questionné sur le projet lorientais ces derniers mois. Nice a même saisi l'occasion pour le convoiter.
Cela n'a pas manqué de susciter des discussions entre Le Bris et le président Loïc Féry et la rupture n'est pas passée loin. « Il n'y a pas à l'avaler ou le digérer, assure le coach. Il était important de poser les problématiques et de prendre conscience qu'on avait d'énormes marges de manoeuvre. Je crois qu'il y a quelque chose de sain à ce processus. » Féry corrobore : « Il y a eu une incompréhension, ça s'est emballé... On travaille ensemble depuis onze ans, on a une relation de confiance. On s'est attachés à faire quelque chose d'analytique. On en ressort avec plus de responsabilités autour de Régis. Il n'y a rien eu d'irrémédiable. »
Une petite crise de croissance, en somme, qui résultait notamment de plusieurs départs l'hiver dernier (Dango Ouattara à Bournemouth, Terem Moffi à Nice). Cet été, Lorient a aussi perdu Enzo Le Fée (Rennes, 20 M€). Mais, après avoir dépassé le montant record pour une arrivée en janvier (Jean-Victor Makengo, 11 M€), les Merlus ont attiré le défenseur Formose Mendy (Amiens, L2, 7,5 M€), l'attaquant Aiyegun Tosin (FC Zurich, SUI, 4 M€) ou Romain Faivre. De quoi donner quelques garanties. « On s'est donné les moyens, avec des joueurs qui n'auraient peut-être pas été à Lorient par le passé, souligne Féry. Une saison réussie serait de continuer à donner du plaisir. On a fait une dizaine de guichets fermés la saison dernière, j'ai envie que ça perdure. Finir le plus haut possible dans le Championnat qui est le nôtre sera notre objectif. »
« On va essayer d'être dans une posture de challengers pour faire une meilleure saison que la précédente (10e), confirme le capitaine, Laurent Abergel. C'est largement faisable. » Le Bris, lui, est un poil plus prudent : « On sera toujours dans l'état d'esprit d'avoir tout à prouver en L1, d'être en conquête. Si on s'y prend autrement, on ira au-devant de beaucoup de désagréments. Notre objectif est que l'équipe ressemble à une équipe du FC Lorient, avec un jeu collectif, où l'on sent que les joueurs échangent, coopèrent, s'associent pour créer le meilleur résultat possible. Ça, c'est une marque historique du FC Lorient. Ensuite, mettre énormément de générosité et d'intensité dans ce qu'on produit. Si on doit continuer à progresser, c'est aussi dans notre capacité d'adaptation en situation de match. »
La curiosité Benjamin Mendy
Un joli programme en perspective. Et, au milieu de tout cela, figure une curiosité : l'arrivée inattendue du champion du monde Benjamin Mendy, récemment acquitté par la justice britannique de 7 viols, une tentative de viol et d'une agression sexuelle. Le latéral de 29 ans pourrait rejouer son premier match depuis deux ans (son dernier remonte au 15 août 2021 avec Manchester City contre Tottenham, 0-1). Un choix assumé par Le Bris, clair avec son groupe : « Il y a des attendus dans la manière de se comporter vis-à-vis de notre métier, un gros positionnement sur la responsabilisation des joueurs. » On allait l'oublier, mais l'ordre sera également une valeur cardinale du programme lorientais cette saison.
Le joueur à suivre : Faivre, symbole d'une ambition
Pouvait-on imaginer, il y a quelques années, Lorient aller chiper un joueur à Lyon ? Les exemples existent, mais pas de la même dimension que celle de l'arrivée de Romain Faivre, recruté pour 15 M€ par Bournemouth et prêté dans la foulée chez les Merlus, où il a déjà évolué entre février et juin avec réussite (17 matches, 5 buts, 3 passes décisives). « Quand on a vu qu'on n'arrivait pas à le faire venir car les conditions étaient hors de portée, on a parlé à Bournemouth, décrit le président Loïc Féry. J'assume d'avoir pris l'initiative. Cela donne une possibilité intéressante. »
Le milieu offensif de 25 ans « est un joueur majeur de notre équipe, on est contents de le retrouver », s'enthousiasme le capitaine Laurent Abergel. « Romain, c'est l'histoire d'une rencontre, raconte l'entraîneur Régis Le Bris. Il s'est bien senti chez nous, il nous apporte beaucoup. On s'est dit qu'on pouvait capitaliser et se donner l'espoir de continuer à avancer ensemble. Les objectifs sont clairs, il veut toucher son plus haut niveau. Nous l'estimons haut. Maintenant, il y a du travail pour bonifier ses points forts autour de la percussion et sa capacité à être déséquilibrant sur le bloc adverse. »
L'avis de L'Équipe
Lorient n'est plus un petit de Ligue 1. Il peut désormais se permettre quelques coups intéressants sur le marché des transferts et présentera un 11 compétitif malgré le départ d'Enzo Le Fée. Des discussions animées ont eu lieu cet été, mais la situation semble rentrée dans l'ordre et, après tout, la remise en question fait partie du haut niveau. Avec Régis Le Bris à leur tête, les Merlus peuvent espérer vivre une saison plaisante et proposer un jeu attrayant. Il n'y a plus qu'à.