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Un peu d’espoir
Ce dimanche soir nous a rappelé à quel point la L1 était bien plus que le PSG, l'OM, Monaco ou Lyon et combien les trajectoires linéaires et ambitieuses de Lens et Rennes enrichissent le Championnat de France.
Après deux journées, on ne sait pas encore ce que sera la Ligue 1, mais on sait déjà ce qu’elle ne sera pas : elle ne sera pas le Championnat où jouent Lionel Messi et Neymar, pas un Championnat avec trois clubs en Ligue des champions, pas un Championnat que nos voisins européens regardent de près, sinon pour faire leurs courses, pas un Championnat, non plus, qu’ils craindront quand viendront les tirages au sort des Coupes d’Europe. Il est un peu tôt pour ce niveau de renoncement ou de fatalisme, alors que la L1 n’a montré que des bribes d’elle-même, mais quelques jours après que l’élimination de l’OM en C1 nous a largement fatigués de défendre cette cause perdue, il faudra sans doute que passe l’été pour que l’amour revienne.
Mais les grands mots ne sont pas toujours nécessaires, il y a de la place pour les sentiments intermédiaires : un peu d’espoir, peut-être, par habitude, par nécessité et par vocation, puisque l’on ne peut pas passer sa vie dans le sillage de la L1 sans rêver qu’elle ait un peu plus à donner, même avec deux clubs de moins. Ainsi, il ne nous a pas échappé que la Ligue 1 allait rester le Championnat de Kylian Mbappé, que le PSG allait peut-être présenter une attaque bleue formidable, et qu’il ne fallait pas désespérer d’un modèle capable de proposer à un attaquant émergent comme Elye Wahi un tremplin à l’intérieur de ses frontières.
Lens et Rennes, deux identités profondes
Mais c’est le problème avec l’espoir, même juste un peu d’espoir : on attendait beaucoup de Lens-Rennes (1-1), envisagé comme une alternative durable aux chocs classiques, et on n’en a pas toujours vu assez, parce que Lens n’avait pas assez de talent en attaque pour concrétiser l’étouffement des Rennais, en première période, et parce que les Bretons n’ont pas été assez réalistes pour gagner sur leur long temps fort en fin de match. Mais ce dimanche soir nous a rappelé à quel point la L1 était bien plus que le PSG, l’OM, Monaco ou Lyon, surtout ce Lyon-là, et combien les trajectoires linéaires et ambitieuses de Lens et Rennes enrichissent le Championnat de France, son niveau comme sa narration. Ils proposent une manière de jouer plus intense, parfois asphyxiante, et une autre plus fluide, parfois brillante, mais deux identités profondes qui tiennent à un entraîneur, mais aussi à un environnement, ce qui englobe à la fois le public et l’actionnariat. Après deux journées, on ne sait pas ce que sera la Ligue 1, ni si Lens sera à la hauteur de la grande vie qui l’attend, mais on sait qu’on ne regrettera jamais le temps passé à suivre ces deux-là.
L'Equipe