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Marcelino (OM), un relationnel avec les joueurs basé sur la pédagogie
Pour sa première expérience hors d'Espagne, l'entraîneur de 57 ans va proposer une recette plus souple et enveloppante que son prédécesseur, le martial Igor Tudor.
Lors de sa conférence de presse de présentation, le 4 juillet, Marcelino a évoqué sa philosophie de jeu mais aussi sa vision des ressources humaines. « Je crois que les relations personnelles sont quelque chose de très important pour moi, pour mon groupe de travail, a-t-il expliqué, en restant plutôt en surface. Le dialogue, il sera de plus en plus poussé, de plus en plus profond et durable s'il y a de la sincérité. Il s'agit pour nous d'une valeur fondamentale, indiscutable. Dans les relations humaines, on doit créer ça avec chacun des joueurs. Après, nous sommes tous là pour défendre l'OM, on doit s'aider, être solidaires, ce qui nous permettra de renverser la situation si besoin. De bonnes relations humaines couplées à de l'humilité et du travail, et on sera très compétitifs. Pour former notre équipe, on doit trouver des joueurs mais aussi des personnes compatibles. »
Derrière ces poncifs, une réalité limpide : l'entraîneur espagnol, volontiers charmeur, a un rapport moins clivant avec son groupe qu'Igor Tudor. Le technicien croate de 45 ans avait connu une préparation estivale mouvementée en 2022, enchaînant les altercations avec ses joueurs (Cengiz Ünder, Jordan Amavi, Gerson, Matteo Guendouzi... la liste est non exhaustive) mais ce côté directif avait les atours de la modernité pour le duo Pablo Longoria-Javier Ribalta. Avec Marcelino, 57 ans, l'OM revient à un style d'entraîneur plus classique, un coach expérimenté et madré. Et un peu vieillot ? Voilà l'une des craintes de Ribalta au moment de choisir le successeur de Tudor, lui qui scrutait des tendances plus récentes. Autre inquiétude pour le directeur du football, auprès de ses interlocuteurs : que la proximité entre Longoria et Marcelino, amis de longue date, rende la relation de travail plus complexe quand il y aura des turbulences.
Pour le recruteur Antonio Salamanca, qui connaît bien les deux hommes, « ce lien très fort est un avantage : il apporte de la fluidité, on l'a vu à Valence », quand Marcelino coachait et Longoria officiait comme directeur sportif (2018-2019). Scout de haut niveau, Salamanca a oeuvré pendant quatre saisons et demie pour Marcelino, à Villarreal puis à Valence : « Dans sa gestion, il a cette capacité à impliquer tout le monde, à avoir des joueurs constamment en éveil, à faire appel aux seconds rangs s'il en a besoin. Son premier adjoint, Ruben Uria, a un rôle clé : il fait le lien entre le staff technique et les joueurs. Le duo est complémentaire et ça se passe relativement bien avec le vestiaire. Marcelino dit sa façon de penser aux joueurs, mais de façon modérée et sans se mettre en porte-à-faux. Les joueurs bossent vraiment avec lui, ils savent qui ils ont en face et ils ont envie de lui rendre sur le terrain. On est sur une méthode plus soft que le basique "partir à la guerre", mais cela fonctionne. »
Pendant la carrière de Marcelino, une seule querelle notable, avec Mateo Musacchio à Villarreal, à l'été 2016. Pendant la préparation, il avait retiré le brassard à l'Argentin, se brouillant avec le défenseur et une partie du vestiaire. Marcelino avait finalement quitté son poste, avant même le début de la saison. Pour le reste, « c'est un entraîneur très proche du groupe, détaille Francis Coquelin, sous ses ordres à Valence pendant un an et demi. Il aime échanger et ça arrive souvent qu'il reste longtemps après les entraînements pour discuter avec les joueurs. Il aime avoir leur ressenti, ça peut être sur la séance qui vient de se terminer, sur le match précédent ou sur la période actuelle quand un joueur est un peu moins bien. Il aime savoir pourquoi, s'intéresse et ça permet de créer des liens. »
Coquelin, actuel milieu de Villarreal, ose une première comparaison entre Tudor et Marcelino : « De ce que j'ai pu voir, le onze ne changeait pas beaucoup la saison dernière à l'OM. Ce n'est pas trop dans les habitudes de Marcelino. Il fait quand même pas mal tourner ses équipes. Sur certains postes, il n'hésitera pas à faire des rotations si les joueurs sont performants. Ça permet à tout le monde de rester bien impliqué. Il a pour habitude aussi de donner son onze de départ le jour du match seulement, et c'est peut-être un détail, mais ça maintient du suspense et tout le monde sous pression. »