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Marcelino à l'OM, un virage à 180 degrés après Igor Tudor
Sur tous les aspects, et sans forcer sa nature, le technicien espagnol Marcelino a marqué une rupture nette avec son prédécesseur, Igor Tudor, pour son premier grand oral d'entraîneur de l'OM.
Dans le tunnel du Vélodrome, mardi après-midi, une petite troupe guillerette papote en espagnol. Le président Pablo Longoria taquine un homme aux cheveux de jais, à la silhouette fine et moyenne, qui rappelle la sienne. Entre Igor Tudor et Marcelino, la différence est déjà de taille, l'immense Croate, ancien défenseur central d'1,92m, a laissé la place à un ex milieu de terrain au gabarit plus classique. L'élégance du technicien de 57 ans, à la chemise blanche savamment déboutonnée à deux échelons sous le col, contraste aussi avec le survêtement de professeur de sport de Tudor.
La vie marseillaise du Croate commençait sur le terrain et elle se terminait sur le terrain, il assumait cette façon d'être sans un regard pour les à-côtés du purement sportif. Engoncé dans un costume aussi recherché que celui de Pablo Longoria ou de Javier Ribalta, Marcelino a d'emblée proposé un visage plus charmeur, ou disons plus charmant, une volonté d'entraîner dans son sillage des suiveurs et des fans ne le connaissant guère. « Vous allez voir, il sait séduire », prévenait-on de l'autre côté des Pyrénées avant ce premier grand oral. Mardi, la communication rudimentaire de Tudor a laissé la place aux réparties développées de Marcelino, qui avait préparé des fiches et un discours de bienvenue.
Il a glissé ensuite des messages plus ou moins explicites, sur les sujets cruciaux. Ainsi, son compagnonnage avec Pablo Longoria, remontant à leur époque commune au Recreativo de Huelva (2006-2007) : « Je connais Pablo depuis qu'il a 20 ans. L'amitié, cela ne change pas le professionnalisme. Aujourd'hui, si je suis l'entraîneur de l'OM, c'est grâce à mon travail et à celui de mon staff. Nous avons toujours atteint des objectifs supérieurs à ceux qu'on nous avait fixés. Sur la scène européenne, on a joué des demi-finales contre de très grandes équipes, on a remporté une Coupe d'Espagne (avec Valence, en 2019). Tout cela est dû à nos capacités. Peu importe ce qu'il se passera au niveau professionnel, Pablo restera toujours mon ami. » Ou encore sur la première recrue de l'été, le milieu relayeur Geoffrey Kondogbia, acheté pour 8M€ à l'Atlético de Madrid : « Kondo, je l'appelle ainsi, on a eu la chance de travailler avec lui à Valence. C'est un joueur de classe mondiale. Je tiens à préciser qu'il s'agit d'une opération lancée avant mon arrivée. Ce n'est pas une demande personnelle. Il existait déjà des négociations entre l'OM et lui avant que je ne discute moi-même avec le club. »
Marcelino a aussi eu un mot pour son staff, qu'il connaît pour certains depuis « vingt ans ». Tous étaient présents pour son avènement. Au deuxième rang, son adjoint principal Ruben Aria et ses fils analystes Bruno et Sergio, ou encore Ismael Fernandez, le préparateur physique à la mâchoire sculptée au scalpel et au physique de méchant dans n'importe quelle bonne série télé. Un peu plus loin dans la salle, l'épais Alberto Torres, chargé de la prévention des blessures et de la réathlétisation, à l'oeuvre à la Commanderie depuis lundi, ainsi que les collaborateurs d'Eugenio Botas, l'omniprésent mais discret agent de Marcelino. Promettant de vite le parler, le nouvel entraîneur a glissé quelques mots en Français. Il a rappelé une lointaine visite du Vélodrome comme international espoirs, en 1985, et une défaite face aux Bleuets sur un but de Jean-Pierre Papin. Les deux hommes ont fait justement connaissance mardi matin, un grand plaisir pour le nouvel entraîneur de l'OM.
Changements radicaux
Après les souvenirs, ont-ils parlé de philosophie de jeu ? La rupture tactique avec Tudor sera nette : « On a regardé plusieurs matches de la saison dernière, et l'idée de cette équipe est clairement différente de la nôtre, surtout défensivement. Il n'y aura pas de marquage individuel, je vois le foot d'une manière différente. On va jouer 90 % du temps à quatre défenseurs. On établira des zones de pressing, en fonction des joueurs et de leur aisance dans le pressing. J'adore le contre-pressing et les principales équipes européennes le font. » Sur le système, il ne s'éloignera « pas beaucoup du 4-4-2, mais on peut passer en 4-2-3-1, voire en 4-3-3. L'organisation dépendra aussi du profil des joueurs, les offensifs surtout. Mais on ne va pas changer tout le temps selon l'adversaire, on veut se concentrer sur nous-mêmes et convaincre les joueurs de cette idée. » D'ici un gros mois, il s'agira de solder l'ère Tudor. « La transition entre les deux styles devra être rapide, on a une compétition européenne qui arrive vite », dit Marcelino. Il le sait mieux que personne : en août, les apparences ne compteront plus.