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DÉPART; Fumée noire pour Marcelino ? Après seulement deux mois et demi et sept rencontres sur le banc de l'OM, l'entraîneur devrait déjà quitter le club et a probablement dirigé son dernier match contre Toulouse. Rien n'était officiel hier soir mais c'était la tendance.
À quoi tient la trajectoire d'un entraîneur et d'un club ? Un penalty non sifflé dans les arrêts de jeu d'un match retour de coupe d'Europe qui aurait pu assurer à l'OM de disputer les barrages de Ligue des champions ? À un non-match à Nantes à 11 contre 10 (1-1), à trois poteaux à Metz (2-2, aussi en supériorité numérique) ou contre Toulouse (0-0), qui ont empêché son équipe de faire un carton plein en Ligue 1 ? Cela aurait pu faire oublier, un instant au moins, un fond de jeu inexistant et laisser du temps à Marcelino Garcia-Toral pour convaincre que son excellente réputation en Espagne n'était pas usurpée. Et, accessoirement, ne pas accentuer la grogne des associations de supporters qui en ont après Pablo Longoria depuis quelques mois.
Hier, la journée a été folle et pleine de rebondissements au lendemain d'une réunion houleuse à La Commanderie entre supporters et dirigeants, lundi soir (lire par ailleurs), où le sujet Marcelino n'était pas à l'origine de la fronde.
Le président, chahuté comme jamais par les représentants des groupes, a fait part à son coach du coup de pression, qui s'en est ému jusqu'à lier son destin à celui de son ami de quinze ans Longoria. Les deux avaient déjà travaillé ensemble à plusieurs reprises par le passé (Huelva, Santander, Valence) et sont tous deux proches de longue date de l'influent impresario Eugenio Botas (qui ne gère plus la carrière de "MGT").
Les deux amigos ont donc, ensemble, marqué l'actualité sportive à Marseille et au-delà hier, alors que la Ligue des champions reprenait le même jour, sans eux évidemment. Les premières rumeurs de démission ont vite été démenties par le clan de l'Asturien, laissant tout de même la porte ouverte à un départ rapide si Longoria était amené à quitter le club. Les réunions se sont ainsi enchaînées dans l'après-midi et la soirée, avec en point d'orgue une visio entre le président et l'entraîneur d'un côté de l'Atlantique, de l'autre le propriétaire Frank McCourt. Les téléphones de tous les acteurs proches ou plus éloignés chauffaient sévèrement mais peu de choses filtraient de cet entretien décisif pour le futur de l'OM.
La tendance à 19 h était plutôt à un départ des deux Espagnols et Pablo Longoria aurait présenté sa démission à l'Américain, selon une source proche du dossier, sans que l'on n'ait obtenu de confirmation, puis les heures se sont égrainées et son patron n'y répondait pas formellement. Le communiqué de presse de l'OM, publié à 22 h 27 et complètement lunaire, ne nommait ni Marcelino ni Longoria, laissant tout le monde sur sa faim et l'impression que chacun essayait de gagner du temps, encore. Mais, selon nos informations, les dirigeants ne feront pas le déplacement aujourd'hui à Amsterdam. Ils ne seront pas les seuls à ne pas se rendre dans la capitale néerlandaise. Toujours selon nos informations, bien que cela n'ait pas été officialisé, le sort de Marcelino semblait scellé : l'icône du Sporting Gijon a semble-t-il dirigé son dernier match à l'OM dimanche contre Toulouse, et ne devrait pas être sur le banc demain dans la Johan-Cruyff Arena.
Si tel est le cas, "Marce" n'aurait dirigé que sept matches officiels à l'OM, pour un bilan comptable correct (trois victoires, trois nuls, une défaite), noirci par l'élimination en 3e tour préliminaire de C1 contre le Pana et des contenus pas franchement emballants. Le jeu indigent était au coeur des débats depuis plusieurs semaines, et la cote de l'ancien technicien de Valence, Villarreal et Bilbao était au plus bas auprès de supporters olympiens très exigeants et lessivés moralement par une saison dernière qui a tourné au vinaigre dans toutes les compétitions après avoir tutoyé les sommets dans la manière et les résultats. Marcelino n'était pas responsable des débâcles contre Tottenham, Annecy, Paris ou Lens, mais la patience des fidèles de l'OM avait été bien entamée.
Mais ce n'est pas cette impopularité naissante ou le sentiment qu'il n'y arriverait pas qui ont fait ciller Marcelino. Apprécié par une bonne partie du vestiaire (dont la majorité des joueurs qui le composent n'ont rien compris à ce qui s'est joué hier et n'ont même pas fait office de figurants tant ils étaient éloignés de la scène), "MGT" avait été quelque peu lâché par son président dimanche, qui a confié en privé avoir peut-être fait une erreur en le nommant entraîneur de l'OM.
"Chacun a son concept de l'amitié. Un ami, tu sais qu'il sera toujours là, dans les bons et dans les mauvais moments. Pablo, je le connais depuis vingt ans, il a vingt ans de moins que moi. Je le considère comme un ami. Peu importe ce qu'il va se passer, il le restera", disait tout sourire Marcelino lors de sa présentation, excité par son premier challenge à l'étranger qu'il espérait auréolé de succès. Dans une interview à La Provence, il affirmait aussi : "Si j'avais eu des doutes, je ne serais pas venu". Des phrases prononcées en début d'été qui ont très mal vieilli alors que l'automne n'a même pas commencé.
La Provence