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Marcelino - Pablo Longoria, les retrouvailles entre copains à l'OM
Un lien très fort existe entre Marcelino, rigoureux entraîneur espagnol de 57 ans, et le président de l'OM Pablo Longoria, de vingt ans son cadet. L'opportunité des retrouvailles était trop belle, en ce mois de juin 2023.
Interrogé le 1er juin, jour de la démission d'Igor Tudor, sur la possibilité que Marcelino Garcia Toral succède au technicien croate, Pablo Longoria rétorquait mollement : « C'est un moment pour bien réfléchir aux différents candidats, il faut analyser les différentes options. » Une façon de noyer le poisson sans démentir ce qui a toujours été plus qu'une piste parmi d'autres depuis son arrivée à l'OM, à l'été 2020. Une amitié de dix-sept ans, un partenariat de longue durée entre deux gamins des Asturies, une région de durs au mal au nord-ouest de l'Espagne. Marcelino a toujours occupé un coin de l'esprit de Longoria, qui n'a cessé d'élargir sa garde prétorienne depuis son débarquement en Provence. Parmi ce cercle de fidèles, l'ami d'enfance Pedro Iriondo, embauché comme directeur général à l'été 2021, le "grand frère" et bras droit Javier Ribalta, directeur du football depuis juin 2022.
Ou encore Marco Otero, directeur du centre de formation depuis l'été 2022, et l'agent Eugenio Botas, représentant historique de Marcelino et ami de longue date de Longoria, à la manoeuvre sur bien des dossiers ces dernières saisons (embauche de Jorge Sampaoli en février 2021, mandaté par l'OM sur le départ de Luis Suarez à Almeria fin 2022, etc.) (*).
En attendant le médecin de Valence, désiré depuis plusieurs mois, la troupe s'agrandit donc avec le centurion Marcelino, un entraîneur exigeant et discipliné, un homme aux traits anguleux rappelant l'immense écrivain et cinéaste italien Pier Paolo Pasolini.
Quand Marcelo Gallardo, proposé par son agent, n'a eu droit qu'à une proposition orale après des discussions par visioconférence, Marcelino a obtenu une offre écrite courant juin et il planche sur l'effectif depuis plusieurs jours, de concert avec le tandem Longoria-Ribalta. Fan absolu d'un Paulo Fonseca verrouillé par le LOSC, Ribalta a d'abord diffusé l'idée qu'il n'était pas très chaud sur le dossier Marcelino, avant de se plaindre aujourd'hui qu'on écrive cela. Comme disait Pasolini, « la vérité n'est pas dans un seul rêve, mais dans beaucoup de rêves », et Ribalta a souvent l'air songeur. En période de mercato, Longoria arrange souvent la réalité à sa guise, comme il le confesse parfois, mais, sur Marcelino, il a toujours été d'une grande sincérité, rappelant régulièrement son affection pour ce mentor.
Ainsi sur le site de l'OM : « J'ai commencé à travailler avec un agent (Botas) qui vendait un service de scouting externalisé à des clubs comme Huelva et Santander. À Huelva, j'ai rencontré Marcelino. Il m'a appris à analyser le football. J'étais un jeune sans aucune formation dans ce milieu. Pour moi, échanger avec un entraîneur du niveau de Marcelino était génial. Je lui demandais tous les jours comment analyser un joueur. On le faisait ensemble. Il m'établissait les qualités qu'il regardait chez un joueur. J'absorbais des connaissances fortes. J'avais cette chance d'échanger tous les jours avec un coach qui entraînait en Liga. Je ne le remercierai jamais assez de m'avoir tant apporté durant ma formation. »
La légende urbaine dit même qu'ils ont partagé un petit appartement pendant plusieurs semaines, lors de cette aventure à Huelva. Ils se sont retrouvés à Valence, en 2018-2019, Marcelino sur le banc, Longoria comme dirigeant (au sein d'un état-major fourni) et avec Botas pour entremetteur. Cette proximité de coeur et d'idées devra désormais résister aux affres du quotidien, dans un club où la foule réclame des résultats immédiats. Garder de la lucidité dans les décisions et les échanges, ne pas se faire happer par les émotions et les sentiments, il s'agit d'un enjeu important pour Ribalta. Et Longoria l'a constaté lors de la dernière et bruyante réunion avec les groupes de supporters, pour préparer la prochaine saison : l'épaisse carcasse de Tudor était un bouclier fort pratique.
Le président sera directement responsable du projet Marcelino. Interrogé par la Provence en avril 2022, l'entraîneur de 57 ans ne s'inquiétait pas pour son petit protégé : « Pablo est très intelligent et humble, il sait s'adapter à chaque situation de la meilleure manière possible. C'est un homme de consensus, ouvert au dialogue, qui cherche le bon chemin pour son club. Pour être président, tu ne dois jamais douter de toi-même parce que les pressions sont importantes de la part des médias et du public. Je crois qu'il domine parfaitement ce contexte et que sa réussite tient dans le fait qu'il a réduit la part de hasard pourtant inhérente dans le football. Pablo est une personne honnête et bosseuse, quand on est comme ça, il est plus facile de s'imposer, quel que soit le poste. »
Entre des personnes qui s'apprécient autant, et sous le patronage du bienveillant Botas, forcément, les pourparlers n'ont pas été trop compliqués. Très optimiste sur le dossier de l'entraîneur à son retour des États-Unis dimanche, Longoria a peaufiné les détails contractuels depuis son lieu de villégiature aux Bahamas, en ce début de semaine.
Marcelino arrive avec un adjoint, pour l'instant, dans les mêmes eaux salariales turquoise que Tudor, et pour un contrat de deux ans, une gageure dans l'OM de Longoria. André Villas-Boas l'a quitté avec des éclats de voix, Jorge Sampaoli dans les vapeurs d'un mercato enfumé et Igor Tudor dans un fracas de verre cassé. Longoria est resté toujours droit dans ces tempêtes, et il a fini par lier son destin à un ami de longue date.