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Le compte à rebours est lancé; Afin d'arriver en forme et cohérents tactiquement lors des premières échéances européennes, qui détermineront l'avenir du club à court terme, les Olympiens devront adapter leur protocole. Pour quelles conséquences ?
Dans moins d'un mois, l'OM s'attaquera au premier de ses quatre rendez-vous continentaux (scénario idéal), dont l'issue déterminera l'avenir de la maison ciel et blanc. Enfin vêtu de son bleu de travail, mais pressé par l'incessant tic-tac de l'horloge européenne, Marcelino s'attaque à un chantier colossal. Du sol au plafond. Le 3e tour préliminaire (8-9 et 15-16 août) et les barrages (22-23 et 29-30 août) de la Ligue des champions en seront le juge de paix. Pour réussir sa mission, l'Asturien devra s'accommoder d'un timing serré et parer au plus pressé... tandis que Lens, détenteur de la 2e place tant convoitée par l'OM la saison dernière et assuré de la lucrative C1, sera dans ses petits souliers. Peu importent les embûches, le nouveau contremaître olympien compte opérer un changement radical par rapport à l'ancien propriétaire des lieux, Igor Tudor. Fini le pressing tout terrain, conséquence du marquage individuel.
Fini les trois centraux, pistons, attaquants de soutien et l'unique avant-centre. Place au 4-4-2 gravé dans le marbre. Place à l'équilibre, la défense en zone, les relances courtes, à terre, et les transitions supersoniques. Un menu copieux que Jordan Vérétout et sa bande n'auront pas le temps de digérer avant l'automne. D'autant plus s'ils doivent mettre les bouchées doubles pour être au point physiquement, plus tôt que prévu. Une certitude, Garcia Toral et son staff feront des concessions. Pour quelles conséquences ?
Voici onze ans, toujours sur le banc marseillais, un certain Élie Baup a vécu un été aussi mouvementé sur les bords de la Méditerranée. Appelé à la rescousse après le départ de Didier Deschamps, l'homme à la casquette était parachuté dans le canton du Valais, où l'OM entamait sa préparation. En ligne de mire Eskisehirspor, une première haie à franchir, dix jours avant l'ouverture du championnat, pour atteindre la Ligue Europa. Puis un rythme d'enfer jusqu'à septembre, avec sept rencontres compilées, dont la double confrontation avec Sheriff Tiraspol, synonyme de qualification en C3. "Tout est une question de temps... et dans ce type de période, tu n'en as pas. Tu dois créer le meilleur équilibre entre travail tactique et physique, tout en sachant que dans ces timings aucun des deux ne sera optimal. Et quand la compétition démarre, tu passes ton temps à faire de la récup' car les matches s'enchaînent tous les trois jours. La tâche est encore plus compliquée quand un nouveau coach, comme Marcelino, arrive avec des idées affirmées sur le jeu, insiste le Haut-Garonnais. Il ne pourra pas entrer dans les détails de sa méthode. Un coach a besoin d'au moins deux mois pour insuffler toutes les bases de sa philosophie."
Façonnée avant l'arrivée du technicien asturien en Provence, la campagne amicale (seulement quatre parties face à de modestes adversaires, à l'exception de l'ultime levée contre le Bayer Leverkusen) lui permettra de charger la mule à l'abri des regards indiscrets. Un tempo haletant que l'ex de Bilbao dicte déjà à ses hommes. Depuis sa prise de fonction la semaine dernière, les cigales bercent les Olympiens de l'aube au crépuscule.
"Les exhibitions, c'est bien pour donner du rythme à tout le monde, mais en avoir moins n'est pas un handicap. Il faut prendre le problème à l'envers et se dire que Marcelino aura plus d'occasions de peaufiner le style de son équipe à l'entraînement, poursuit Élie Baup. Dans l'immédiat, il devrait se concentrer sur le marquage en zone, le pressing, la hauteur de la ligne défensive, tout ce qui fait la récupération. Ce sont des repères qui sont facilement assimilables. Là ou c'est plus délicat, c'est quand on a le ballon, dans la transition offensive. Encore plus quand tu veux attaquer vite l'espace, que tu dois être bien coordonné et avoir des automatismes en répétant sans cesse les circuits de passes. Ça demande évidemment beaucoup plus de temps. Ça portera ses fruits, plus tard dans la saison."
Ajoutez à cela les rares oreilles capables, à cette heure, d'écouter les consignes offensives de l'Espagnol. Il y a fort à parier que les joueurs amenés à animer les couloirs et le front de l'attaque n'ont pas encore paraphé leur contrat. Le mercato, un autre caillou glissé dans la chaussure de Marcelino.
Après la tactique et le marché des transferts, une troisième épine s'est glissée sous son pied : la dimension athlétique. Si cinq semaines sont un délai "acceptable" pour monter en régime, Serge Conesa, préparateur physique de l'OM champion de France 2010, grimace lorsque se profile la suite des hostilités. "À partir de la manche aller du 3e tour préliminaire, les Olympiens vont disputer 8 matches en 26 jours. C'est difficile pour des organismes qui n'ont pas atteint leur rythme de croisière. Il y a deux solutions, annonce celui qui officie aujourd'hui au SC Toulon. La première consiste à adapter sa prépa pour avoir un pic de forme dès la reprise. Mais, plus tard, on s'expose forcément à un contrecoup. La seconde repose sur le staff. Il pratiquera un large turn-over d'une rencontre à l'autre. Par contre, ça peut compliquer la mise en place d'une équipe, des préceptes de jeu. Cette situation t'impose des dilemmes en permanence." Élie Baup se souvient, lui, d'un départ en fanfare, suivi d'une phase dépressive. "À l'époque, avec Christophe Manouvrier, on avait accéléré le processus. Les garçons avaient beaucoup souffert, mais ils étaient tout de suite dans le bain quand la compétition a commencé, se rappelle-t-il. Ces joutes européennes nous avaient permis d'être prêts plus tôt que nos concurrents en Ligue 1. On a enchaîné d'entrée six victoires, on carburait alors que les autres étaient au diesel. Après... on a fini par le payer."
À voir quelle addition Marcelino et sa bande devront régler. Celle, salée, d'une non-qualification en Ligue des champions ? Quelques points perdus au coeur de l'automne ? Ou un simple pourboire laissé, en bombant le torse, à leurs rivaux défaits ?
La Provence