Pour leur dernière rencontre de la saison au Vélodrome, les joueurs actuels de l'OM tâcheront de se hisser à la hauteur de leurs glorieux aînés, qui ne cessent d'être fêtés par des supporters marseillais reconnaissants.
Pourtant arrivés au bout d'une saison harassante, les joueurs d'Igor Tudor se distingueront ce samedi soir par un état de fraîcheur inédit. En comparaison des glorieux anciens de 1993 et des fervents fidèles du Vélodrome qui ne cessent de célébrer les 30 ans de l'illustre victoire en Ligue des champions depuis vendredi. Partout dans la ville, des fumigènes et des vieilles écharpes en polyamide, des effluves de soufre et d'anis, une fête ininterrompue et joyeuse qui ne demande qu'à se poursuivre pour cette 37e journée de L1 face à Brest.
Exigeants, les groupes de supporters phocéens ont quelques griefs envers l'équipe et la direction actuelles, mais ils se sont concentrés sur le volet ludique pendant toute la semaine, élaborant un tifo inédit en 3D qui se déploiera sur les quatre tribunes du Vélodrome. Quelques héros de 1993 verront peut-être flou : ils étaient invités vendredi soir, après un bref hommage sur le balcon de l'hôtel de ville, à l'anniversaire d'Éric Di Meco, ses 60 ans avant l'heure (il les aura le 7 septembre).
Du volubile Basile Boli au piquant Didier Deschamps, en passant par Jean-Pierre Bernès et Dominique Tapie, la veuve du Boss, ils ont refait le match et profité de la clarté marseillaise. Ils doivent passer la journée à la Commanderie, rencontrer les minots du centre de formation avant d'être encore encensés ce soir au stade.
Moins porté sur la bagatelle et les divertissements futiles, quoiqu'il ait trinqué avec son ami Alen Boksic dès jeudi soir, Igor Tudor espère une dernière mémorable au Vélodrome face à Brest. « On doit gagner cette rencontre devant notre public, on veut finir la saison à domicile avec une belle performance et une belle victoire, offrir de la joie aux spectateurs, mais aussi à nous-mêmes », a-t-il détaillé en conférence de presse. Son style de jeu risqué, façon abordage du navire adverse avec le sabre entre les dents, aura le plus souvent ravi un public marseillais qui aime l'intensité et la sueur, quitte à ce que ce soit parfois un peu brouillon.
Le succès en Coupe de France face au Paris-SG, le 8 février (2-1), aura été le summum de l'exercice, même si les résultats en Ligue des champions (une victoire en trois rencontres à la maison, lors de la confrontation à huis clos contre le Sporting) et en L1 tempèrent le bilan au Vélodrome.
En cas de victoire ce samedi soir, l'OM pourrait terminer à 37 points glanés dans son antre sur l'exercice. Sur la dernière décennie, ce serait mieux que la saison dernière (32 points pris) ou qu'en 2020-2021 (35), égal à la collecte de 2018-2019, mais moins bien qu'en 2014-2015 et qu'en 2017-2018 (41 points), ou qu'en 2016-2017 (43). Destiné à une troisième place du Championnat en deçà de ses objectifs de l'été dernier et des espoirs nés pendant la saison, l'OM a surtout étoffé son matelas à l'extérieur. Mais il s'agit d'une autre histoire, et Tudor n'avait pas envie d'en reparler jeudi après-midi. « J'ai ressenti une véritable énergie ici », a-t-il expliqué et il aura au moins essayé de la retranscrire sur le terrain.
Le technicien sera privé du défenseur central Samuel Gigot, en protocole commotion après un choc contre Lille (1-2), et de Dimitri Payet, le maître à jouer d'autrefois, qui n'a pas de trophée scintillant dans son armoire mais possède un talent qui fait lever le stade, comme on s'en est encore aperçu lors de la victoire face à Angers, le 14 mai dernier (3-1).
Suspendu face à Brest puis Ajaccio, Payet a vu sa saison écourtée par la commission de discipline de la LFP, mais, résilient et orgueilleux, il ne sera peut-être pas à la retraite pour les 31 ans de Munich le 26 mai 2024. À Pablo Longoria et aux courtiers du foot moderne, toujours la tête au prochain transfert, les souvenirs d'un passé glorieux rappellent aussi cela : le public marseillais a toujours aimé s'identifier à ses joueurs, qu'ils soient puissants ou misérables, et parfois les deux. Une institution a de la mémoire, elle valorise la continuité et la transmission.
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