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LIGUE 1; La classe européenne; Samedi, Lens, meilleure équipe à domicile des sept principaux championnats d'Europe, reçoit l'OM , troisième bilan continental à l'extérieur, dans un match qui s'annonce décisif pour la deuxième place
C'est ce qui s'appelle un duel européen. Le Lens-OM qui se profile samedi est une affiche entre deux futurs qualifiés (probablement par le biais de la 2e et la 3e place de Ligue 1) en quête de ticket direct pour la prochaine Ligue des champions, mais qui sont déjà, chacun à sa manière, dans l'élite continentale. Le RC Lens est la meilleure équipe à domicile des sept meilleurs championnats à l'indice UEFA (Angleterre, Espagne, Allemagne, Italie, France, Pays-Bas et Portugal, voir infographie ci-contre), à égalité avec Manchester City, le PSV Eindhoven et Benfica. L'OM est lui 3e de ce classement honorifique, derrière Naples et Benfica, avec le même nombre de points moyen que Feyenoord et Braga.
De très belles opérations comptables, la plupart du temps couplées à des performances de haut niveau offensivement et défensivement (par exemple contre Lorient, Paris et Monaco pour les Lensois, à Nice, Monaco ou Lyon pour les Marseillais).
Les petits malins qui ont réussi à priver ces deux clubs de victoire sur leur terrain de jeu favori se comptent sur les doigts d'une main. Du côté de Bollaert, seules deux formations ont pris un ou des points aux hommes de Franck Haise : Nice (1-0) et Lille (1-1). Pour ceux d'Igor Tudor, les retours de déplacements ont été systématiquement festifs, hormis ceux en Bretagne (Brest, 1-1, et Lorient, 0-0), en Alsace (Strasbourg, 2-2) et à Paris (1-0). "Je n'ai pas d'explication sur notre réussite à l'extérieur. Nous ne changeons pas notre façon de jouer. Ce sont les statistiques mais notre approche dans le jeu reste la même", disait le 11 février dernier Tudor, régulièrement interrogé sur la réussite des siens loin du Vélodrome.
Après le succès à Reims, le technicien croate faisait même mine d'apprendre que son équipe avait enchaîné une huitième victoire de suite à l'extérieur, devant un Thierry Henry hilare en entendant le possible bluff de son ex-équipier à la Juventus. D'un oeil extérieur, l'OM a tendance à jouer un peu plus bas en voyage qu'au stade Vélodrome. Les contres adverses sont moins destructeurs parce que les espaces dans le dos de Gigot, Mbemba, Kolasinac ou Balerdi sont resserrés, et cette impression est légitimée par les 11 buts encaissés (meilleure défense). Et les Olympiens profitent également d'équipes plus joueuses devant leur public, quand venir au Vélodrome avec des blocs prudents voire très bas est devenu une tradition pour les adversaires. "L'OM pèche souvent dans la dernière passe à domicile, c'est moins le cas à l'extérieur, analyse Daniel Xuereb, passé par les deux clubs. Les Marseillais prennent beaucoup de risques à la maison, moins en déplacement, et c'est à leur avantage. Les espaces laissés par les adversaires devant leur public leur permettent d'être plus efficaces et dangereux."
Le champion olympique 1984 poursuit son raisonnement au sujet de la saison époustouflante des Lensois à domicile : "Défensivement, ils sont ultra-solides à Bollaert (seulement 11 buts encaissés, le meilleur bilan). Ils exercent un énorme pressing dès l'entame, profitent d'un fantastique Fofana, ont des offensifs virevoltants et un buteur en feu (Loïs Openda, 18 réalisations)... Vous avez vu le match contre Monaco (3-0, 63 % de possession, 21 tirs) ? Ils les ont complètement asphyxiés et je les imagine tenter une nouvelle fois d'enflammer le match face à l'OM dans le premier quart d'heure." C'était aussi le cas face au PSG le 1er janvier (3-1) : l'intensité mise par Florian Sotoca et ses équipiers dans leur enceinte fétiche peut donner le tournis à toutes les équipes de Ligue 1. À l'inverse, l'OM a gagné à Monaco, Rennes, Lyon, Nice ou Clermont, autant d'adversaires de la première partie de tableau. Mais les partenaires de Valentin Rongier n'ont pas encore fait face à un stade à l'ambiance de classe européenne.
"Bollaert est un atout formidable, témoigne Xuereb, cinq saisons à Lens. On l'a vu avec le Vélodrome qui a poussé jusqu'au bout contre Auxerre même à 0-1, cela peut avoir son influence." Ça ne devrait pas faire peur aux Olympiens, qui avaient marché sur les Sang et Or la saison dernière sous les ordres de Sampaoli (2-0, dans un stade à quasi-huis clos). "L'OM a fait son meilleur match l'année dernière à Lens", confirme l'ex-Olympien. À ceux d'Igor Tudor de réécrire l'histoire.
La Provence