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BENOÎT CHEYROU; "L'OM ne peut pas se cacher"; Champion de France en 2010, l'ancien milieu olympien croit en les chances des hommes de Tudor. Il nous explique pourquoi même s'il redoute la concurrence et notamment Monaco
Marseille, Monaco, Toulouse. Benoît Cheyrou vit une après carrière toujours rythmée par les matches. Mais celui qui sort d'une semaine chargée et sera au Stadium dimanche, les commente désormais, au micro de Prime Video la plupart du temps quand il s'agit de Ligue 1, mais aussi pour New World TV lorsque la coupe de France prend le relais. L'ancien milieu de l'OM (41 ans), champion de France en 2010, balade son expertise aux quatre coins de France. Il porte un regard aiguisé sur les performances des ouailles d'Igor Tudor qui le séduisent et auxquelles il croit. Même si d'autres escouades de l'élite trouvent grâce à ses yeux, ce qui promet une lutte acharnée.
À quoi l'OM peut prétendre dans cette Ligue 1 ?
Sur ce que je vois, c'est-à-dire le turnover, l'intégration des nouvelles recrues, la façon de jouer, l'adhésion des joueurs au système et aux efforts demandés par l'entraîneur, cette équipe olympienne peut viser très haut. Malgré les absences ou les blessures - il y en a eu beaucoup derrière d'ailleurs -, on ne sent pas que le niveau baisse. Je n'ai qu'une seule interrogation.
Laquelle ?
Les joueurs peuvent-ils mettre la même intensité dans tous les matches jusqu'à la fin de la saison ? C'est tellement impressionnant... Je me souviens du match de coupe contre le PSG (2-1). Avec Mamad' Niang, on est sorti du match en se demandant si on aurait pu courir autant, aussi longtemps avec autant d'intensité pendant 90 minutes.
À quelle conclusion êtes-vous arrivés ?
(Rire) Moi, je n'aurais pas pu ! Mamad' non plus. J'espère qu'eux y parviendront. Ils ont été bien préparés. Il reste trois mois et demi de compétition. L'OM est dans la course pour le titre, il ne faut pas se cacher. Vu la mauvaise période du Paris Saint-Germain, c'est possible. Ça peut donner un certain carburant dans la tête pour continuer à faire les efforts et aller jusqu'au bout.
Voyez-vous des similitudes avec l'aventure vécue en 2009-10, conclue par le titre de champion ?
Non, on était une équipe très différente. On était moins dominant au niveau athlétique, les efforts n'étaient pas du tout les mêmes, tout comme l'intensité des courses. On a beaucoup comparé Jorge Sampaoli et Igor Tudor quand ce dernier est arrivé, parce que ça s'était bien passé avec l'Argentin et que tout le monde était déçu de son départ. Il y a eu des interrogations lors des matches amicaux. Mais je trouve des similitudes entre ces deux dernières saisons : dans l'engagement, dans la façon d'aller vers l'avant. Tactiquement, le système de Tudor est encore plus clair.
J'aime beaucoup ce qu'il demande à ses joueurs. Avec Sampaoli, c'était vraiment flou, parfois. C'était même flou pour les joueurs.
Le jeu prôné par Tudor vous séduit-il ?
Oui. J'aime ses idées et même sa façon d'être. Il peut paraître froid, ce qui tranche avec la chaleur des Marseillais. Je trouve qu'il ne surjoue pas, qu'il ne bluffe pas. Quand elles se retrouvent dans le contexte marseillais, certaines personnes peuvent en faire trop. Lui a le courage de rester fidèle à son état d'esprit, à sa personnalité. Et ça fonctionne.
Des joueurs vous surprennent-ils agréablement dans cet OM ?
Alexis Sanchez par sa débauche d'énergie, sa façon de mener l'équipe en montrant l'exemple dans les efforts défensifs. En plus, il marque. C'est assez exceptionnel. Tudor a trouvé l'équilibre au milieu avec Valentin Rongier et Jordan Vérétout. Pour moi, ce sont les garants de l'équilibre de l'équipe. Quand tous les défenseurs derrière eux montent et se projettent pour porter le ballon, ce sont souvent eux qui équilibrent l'équipe. Il faut beaucoup d'intelligence et de culture tactique pour faire ça.
Comment voyez-vous le duel pour le titre et ce match à trois ou quatre, avec Monaco, voire Lens ?
Quand on regarde le classement et si on enlève le PSG, l'OM, Monaco, Rennes, Lens et Lille sont des équipes qui ont des principes de jeu : elles jouent, vont vers l'avant, pressent, cherchent l'adversaire, mettent beaucoup de mouvements, ont une grande débauche d'énergie. Celui qui sera le plus haut à la fin du championnat sera celui qui aura été le mieux préparé physiquement. Évidemment, la coupe du monde a coupé la saison, la préparation athlétique a été différente de celles que l'on a pu connaître les saisons d'avant.
On peut s'interroger sur la manière dont les équipes ont géré cette coupure. Certaines ont eu beaucoup d'internationaux, d'autres moins. Comment ceux qui sont restés ont-ils été préparés ? Comment tiendront-ils physiquement ? Que ce soit l'OM, Monaco, Lens, Rennes ou Lille, leur jeu réclame beaucoup d'énergie. En tout cas, je prends beaucoup de plaisir à voir jouer ces équipes.
Monaco peut-il jouer les trouble-fêtes ?
Oui. L'ASM a un vrai cadre tactique bien assimilé par tous les joueurs. Malgré le turnover offensif avec Embolo, Ben Yedder, Ben Seghir, Golovine et Minamino, l'équipe continue de gagner et d'être performante. Monaco va être une très grosse menace.
Deuxième déplacement d'affilée pour l'OM dimanche à Toulouse avant le second acte du Clasico. Le calendrier n'est pas des plus simples...
Leur état physique et leur capacité à gérer la fraîcheur seront importants. Je pense à ça, notamment par rapport à la débauche d'énergie des joueurs sur les côtés. Je me rappelle août et septembre : Jonathan Clauss et Nuno Tavares étaient des extraterrestres dans leur façon de répéter les efforts, à l'extérieur, à l'intérieur. Ils passaient, frappaient, centraient, marquaient. On les a sentis un peu moins bien à un moment donné. Ça va peut-être revenir, ça demande beaucoup d'énergie. C'est ça qu'il va falloir surveiller. Il y a un peu plus de poids devant avec Vitinha dont on attend beaucoup. Il va peut-être soulager Alexis Sanchez de temps en temps.
L'effectif de l'OM est-il suffisamment étoffé ? Contre Nice, les quelques changements ont été préjudiciables...
Quand on voit le nombre de blessures dans cette défense à trois, elle a tourné et les joueurs ont toujours répondu présent, ou presque.
Au milieu de terrain, Rongier et Vérétout assurent l'équilibre, mais Guendouzi peut également faire du bien à ce niveau-là. Offensivement, il y a du monde. L'effectif est suffisamment costaud pour faire face. D'autant qu'il n'y a plus la coupe d'Europe. Ça peut jouer aussi.
La Provence