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Et si l’OM le faisait ?
Les Marseillais, irrésistibles en ce moment, ont quelques raisons de croire qu’ils peuvent taquiner le PSG pour le titre de champion. Mélisande GOMEZ ET VINCENT GARCIA
Depuis le dernier titre de champion en 2010 et malgré deux deuxièmes places ces trois dernières saisons, il y a eu trop de déceptions dans l’histoire récente de l’OM pour jouer les gros bras. Aussi tôt et après un peu plus d’une moitié de Championnat, pas un Marseillais ne va se risquer à proclamer haut et fort qu’il ambitionne la première place. « On met la pression aux équipes devant et derrière, s’est contenté de dire le capitaine Valentin Rongier, porte-parole du groupe, après Nantes (2-0, mercredi). On montre qu’il faudra compter avec nous. On a le droit de rêver mais parler de titre non, il reste énormément de matches. On n’a pas cet objectif en tête aujourd’hui ».
Et demain ? Début mars, après avoir affronté Nice, le PSG deux fois à domicile, dont une en Coupe de France, et Rennes à l’extérieur, il sera peut-être plus difficile de se cacher, si l’OM poursuit son rythme infernal. L’équipe d’Igor Tudor reste sur neuf victoires et un nul depuis dix matches toutes compétitions confondues, en dégageant une impression de force collective qui peut la mener très loin.
Un mercato qui donne des solutions
Si l’on ne se fie qu’à l’algèbre, l’effectif marseillais s’est un peu allégé, durant ce mercato hivernal : quatre joueurs sont partis (Gerson, Isaak Touré, Bamba Dieng et Pape Gueye), et trois sont arrivés (Malinovski, Ounahi, Vitinha). Mais il faut aller au-delà des chiffres pour constater que Tudor dispose de davantage de solutions aujourd’hui qu’il y a un mois. Car les joueurs qui sont partis sont des éléments que le Croate n’utilisait que très peu, alors que les recrues ont tout, sur le papier, pour apporter rapidement.
Jusqu’ici, Malinovski ne convainc pas encore complètement, mais l’Ukrainien a montré à l’Atalanta tout le bien qu’il pouvait faire dans une équipe et la qualité de son pied gauche. Azzedine Ounahi, lui, a réussi ses débuts. Il lui a suffi d’un quart d’heure dans son nouveau club pour s’offrir un but de jeu vidéo, alors même qu’il a prévenu, hier : « Physiquement, je ne suis pas encore à mon niveau. » Le Marocain, en confiance après sa très bonne Coupe du monde, possède « une capacité de déséquilibre rare » pour son président, Pablo Longoria, et « beaucoup de talent » selon son coach. Alors que l’OM devra faire sans Amine Harit, dont la saison est terminée, Ounahi a le profil pour combler le manque et même davantage de polyvalence. Enfin, Vitinha a des statistiques qui promettent, depuis le début de la saison dernière, et ressemble à l’alternative qui manquait au côté d’Alexis Sanchez. Le Portugais permettra à Tudor de varier les options, en attaque, où Sanchez pourrait reculer d’un cran, et aussi souffler de temps en temps.
Un cadre collectif qui résiste aux absences
Leonardo Balerdi, en pleine confiance en ce moment, sera suspendu contre le PSG mercredi prochain en Coupe de France. Un coup dur pour l’OM ? Même pas sûr tant le jeu prôné par Igor Tudor a été digéré, en attendant le temps d’adaptation pour les nouvelles recrues. Du marquage individuel aux courses à effectuer, en passant par les coups de pied arrêtés, chacun connaît sa partition dans le 3-4-2-1 immuable du Croate. Le onze de départ peut changer sans que cela n’affecte les résultats. La lourde suspension d’Eric Bailly, qui reviendra pour Clermont le 11 février, n’a eu aucune incidence. La longue blessure de Jonathan Clauss non plus. Le piston droit a fait une entrée remarquée à la Beaujoire. Mais en son absence, Cengiz Ünder a dépanné et même Nuno Tavares, le gaucher, avec d’autres qualités mais aussi une continuité. Le patron de la défense, Chancel Mbemba, est laissé au repos face à Rennes en Coupe de France (1-0, 20 janvier) ? Leonardo Balerdi, Samuel Gigot et le polyvalent Sead Kolasinac sont là pour assurer derrière. Pau Lopez est victime de soucis musculaires avant Monaco (1-1, 28 janvier) ? Ruben Blanco, son remplaçant, sort un arrêt décisif à 0-1 qui maintient l’OM dans le match. Sur la durée, Lopez fait quand même figure d’indispensable, tout comme Sanchez devant. Mais sinon, le coaching de Tudor n’affecte ni le jeu ni les résultats de son équipe. « On est sereins », a clamé Mattéo Guendouzi, lui-même remplaçant mercredi. Ça se voit.
Un calendrier qui donne du temps
On l’a dit et redit : le football de Tudor consomme énormément de carburant. La philosophie du Croate repose d’abord sur l’intensité et le physique de son équipe. La moindre baisse de régime peut coûter cher, parce qu’il faut parfois courir très vite pour rattraper les prises de risques offensives, et parce qu’il faut rester incisif pendant tout le match pour que le pressing étouffant fonctionne. La saison est longue et les corps fatiguent, mais la cadence ne s’annonce pas insoutenable, pour les Marseillais : éliminés des Coupes d’Europe, ils n’auront qu’un match par semaine d’ici à la fin du Championnat, sauf en cas de qualification en Coupe de France.
Ce ne sera pas le même planning pour le PSG, qui va dépenser pas mal d’énergie physique et mentale en Ligue des champions. Après le calendrier surchargé de l’automne, après les onze matches enchaînés entre le 30 septembre et le 13 novembre, l’OM n’a plus « que » 18 matches de prévus en trois mois, ce qui laisse le temps de souffler, et aussi de travailler tactiquement pendant la semaine. Et, au fil des mois, le staff pourrait se frotter les mains d’avoir fait le choix d’une deuxième vraie préparation physique pendant la trêve de la Coupe du monde : les joueurs ont transpiré mais ils en voient les bénéfices, en ce moment.
L'Equipe