Information
Tactique; Comment la défense de l'OM a muselé l'OL
Tombeur de l'OL dimanche soir (1-0), l'OM s'est appuyé sur l'agressivité et la concentration de sa défense centrale dans toutes les zones du terrain.
Quelques jours après un match intense et au scénario douloureux contre Tottenham en Ligue des champions, l'Olympique de Marseille aurait pu entamer la rencontre face à l'OL (1-0), dimanche, avec une gueule de bois persistante.
Mais comme souvent, les hommes d'Igor Tudor ont pris l'avantage grâce à une première période dominante, dans le style voulu par leur entraîneur.
Le Vélodrome a soutenu pendant les quarante-cinq premières minutes des Marseillais organisés et agressifs, qui ont privé les Lyonnais de temps et d'espace. Sur le plan offensif, leur prestation ne restera pas dans la mémoire du Vieux-Port. C'est surtout la supériorité du trio Balerdi-Gigot-Mbemba sur les attaquants rhodaniens qui ressort de cette victoire étriquée au bout d'un match avare en occasions (17 tirs au total, la plupart anecdotiques). Fatigués en deuxième période, les Phocéens ont reculé et défendu de plus en plus bas, aidés par la concentration de leur secteur défensif.
Des centraux qui défendent en avançant
Depuis ses premiers jours sur la Canebière, Igor Tudor s'est démarqué par ses idées en phase défensive, claires et risquées, aussi bien pour l'adversaire, qui peut suffoquer, que pour l'OM, qui, face à des équipes coordonnées ou des joueurs habiles, peut ouvrir des espaces immenses dans son dos.Adepte d'un pressing très agressif via un marquage individuel, Tudor mise sur des récupérations hautes et l'endurance supérieure de ses hommes, au moins pendant le premier acte. « Beaucoup d'équipes ont souffert lors des quarante-cinq premières minutes au Vélodrome, déclarait Laurent Blanc au micro de Prime Video après la défaite lyonnaise. Je pense notamment à Lens. » Vainqueurs au Vélodrome, les Sang et Or avaient résisté aux vagues blanches et bleues en première période (66 % de possession et 8 tirs à 2 pour l'OM). Dans l'ovale, Balerdi sort de la ligne défensive pour coller Lacazette, qui s'apprête à recevoir une passe de Malo Gusto. Dans l'ovale, Mbemba est sorti de la ligne défensive pour se rapprocher d'Aouar.L'OL a vécu la même entame. La défense centrale marseillaise a contrôlé tous les Rhodaniens demandant le ballon dos au jeu, en particulier le duo formé par Alexandre Lacazette et Moussa Dembélé, éteints au point d'être séparés à la mi-temps par le coaching de leur entraîneur, remplaçant l'ancien attaquant du Celtic Glasgow par Karl Toko Ekambi. Buteur, Samuel Gigot a réussi par ailleurs quatre interceptions (en 60 minutes), preuve du harcèlement constant qu'il a fait subir à ses adversaires directs. Même chiffre pour Leonardo Balerdi, intraitable avec Lacazette. Les centraux phocéens ont suivi tous les décrochages lyonnais, ce qui les a parfois amenés à finir dans les trente derniers mètres, une vision à laquelle on est désormais habitués.Dès la première minute, Mbemba sort très haut sur Aouar, décroché.Déjà proche de Lacazette, très bas sur cette action, Gigot lit le dégagement rhodanien et va passer devant le capitaine de l'OL.Avant même les mouvements des Gones, les Marseillais étaient déjà aux aguets. Contrairement à la défense en zone qui préconise généralement d'attendre le temps de passe pour sortir sur l'adversaire, le marquage individuel invite les joueurs à prendre leurs adversaires directs comme repères.
La défense du jeu direct
Gênée par le pressing des locaux, la formation dirigée par Laurent Blanc a eu recours à un jeu plus direct en première période pour passer par-dessus l'intensité marseillaise. Sur ces séquences-là, l'OL espérait avancer grâce au duo Lacazette-Dembélé, théoriquement capable de recevoir et tenir le ballon sous pression.L'OL vient de récupérer le ballon très bas. Six Marseillais sont devant le ballon. Dans la loupe, Caqueret prend l'information...Il joue vite vers l'avant et vise Dembélé. Mais dans la loupe, Balerdi a deviné l'intention du milieu lyonnais et passe devant Dembélé, une fois de plus.
Aucun des deux Français n'est parvenu à exister dans les airs.
Lacazette n'a remporté aucun duel de la tête, Dembélé un seul. Littéralement bousculés par les centraux marseillais sur chaque contact, ce qui a fini par agacer les joueurs et le staff lyonnais, ils ont été battus dans le combat. La moindre déviation, coordonnée avec un appel en profondeur, aurait pourtant pu casser le marquage individuel de l'OM.Alors que Mbemba, attiré par le positionnement d'Aouar entre les lignes, était souvent à hauteur de ses propres milieux, Gigot et Balerdi s'occupaient des deux pointes, qui les fixaient plus bas. Quand le ballon circulait dans les pieds lyonnais, ils devaient se montrer vigilants dès qu'un joueur n'était pas cadré par un de leurs partenaires. Ils ont su bien anticiper le jeu long.Thiago Mendes n'est pas cadré par un Marseillais, il peut allonger. Dans l'ovale, Gigot et Balerdi anticipent et reculent déjà, de trois-quarts, face à Lacazette et Dembélé.Dépourvus de couverture, la moindre erreur de timing de leur part aurait ouvert une autoroute vers le but de Pau Lopez. Aidés par le manque de mouvement adverse, ils ont rendu une copie presque parfaite, coupant les quelques appels de Dembélé et Lacazette.Dans l'ovale, Gigot doit gérer l'appel de Dembélé, parti dans le dos des deux autres centraux.Grâce à sa puissance et son engagement, il parvient à devancer Dembélé en taclant au sol. L'OM repart de l'avant.La sortie de Gigot (61e), touché à la tête dans un contact avec Jordan Veretout, aurait pu déstabiliser la défense centrale olympienne. Sead Kolasinac, entré axe gauche, a fait glisser Balerdi plein axe, et les Marseillais n'avaient plus l'énergie pour presser haut. Mais ils ont su se montrer imperméables plus bas, parfois dans leur propre surface, une zone du terrain où ils n'ont pas l'habitude de défendre longtemps.Solidaires, ils ont multiplié les prises à deux ou à trois, réagi vite pour bloquer les angles de frappe et renvoyé des centres dangereux en devançant quasiment à chaque fois les attaquants lyonnais (4 dégagements pour Mbemba, 4 pour Balerdi aussi).Cette victoire les ramène à une longueur du podium avant le déplacement à Monaco, concurrent direct pour la qualification en Ligue des champions. Ensuite, Igor Tudor aura l'occasion de travailler à nouveau sur le plan athlétique, en attendant une deuxième partie de saison qui verra le rythme des matches diminuer drastiquement pour son équipe. De quoi inquiéter les prochains visiteurs du Vélodrome, dont Toulouse, trois jours après Noël.
L'Equipe