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TANDEM; Blanc - Passi, les copains d'abord; Amis depuis près de quarante ans, les deux anciens Olympiens travaillent désormais ensemble. Après avoir dirigé Al Rayyan au Qatar, le duo a pris les rênes de l'OL, adversaire de l'OM ce soir
Les prémices de leur amitié remontent à leur rencontre dans les terres cathares, en sélection du Languedoc-Roussillon. Simples ados, ils y naviguaient en pères peinards, l'un depuis Alès, l'autre en provenance de Béziers. Les liens forts et sacrés se sont créés à Montpellier, au début des années 80. Là-bas, du côté de la Paillade, il n'y avait pas souvent de lapins au rendez-vous des bons copains... Entre Laurent Blanc et Franck Passi, les rapports ont toujours été fusionnels. Pas étonnant, donc, que ces deux taiseux bossent désormais ensemble. Après une expérience lointaine au Qatar - où ils sont restés de décembre 2020 à février 2022 -, les voilà à Lyon, au pays de Jean-Michel Aulas.
Il y a longtemps, déjà, qu'ils souhaitaient se retrouver. Depuis que Jean-Louis Gasset, son adjoint historique, est devenu numéro 1 (à Montpellier, Saint-Étienne, Bordeaux et désormais en Côte d'Ivoire), le "Président" avait fait de celui qui était ironiquement surnommé "El Local" son assistant idéal. Mais le tandem a mis du temps à se former, le champion du monde étant resté quatre ans sans club après son départ du PSG.
"Comme il lui disait toujours qu'il l'appellerait s'il avait quelque chose d'intéressant, Franck a refusé des offres, raconte Jean-Charles De Bono, dont l'ex-coach de l'OM (d'avril à octobre 2016) est proche. Il a patienté pendant un moment. Il s'est sacrifié pour Laurent, c'est de la fidélité."
Quand l'un cassait
la mâchoire de l'autre
Après avoir préparé le terrain à Marcelo Bielsa à Lille, de février à juin 2017, puis épaulé Thierry Henry durant un mois à Monaco (en janvier 2019), l'ancien homme à tout faire de la maison ciel et blanc (entraîneur en chef, adjoint, traducteur d'"El Loco", boss de la réserve) a succédé à Pascal Plancque à Niort, en Ligue 2, début 2020. L'aventure chez les Chamois, brutalement interrompue par le Covid et le premier confinement, s'est finalement arrêtée dès la fin de saison, par choix personnel du natif de Bergerac, qui a alors décidé d'attendre de démarrer sa collaboration avec son pote de toujours.
Nommés à l'OL voilà presque un mois, ils s'apprêtent à vivre leur premier défi de taille sous les couleurs des Gones ce soir au Vélodrome, un lieu qui leur est cher. "Mes deux années à Marseille ont été un tournant dans ma carrière. Je le dis souvent : quand vous réussissez là-bas, vous êtes capables de réussir partout en Europe", glissait ainsi "Lolo" vendredi en conférence de presse. Leur image reste d'ailleurs bonne à La Commanderie, quand bien même les membres de l'OM à les avoir connus ne sont plus très nombreux. "Ce sont deux superbes personnes avec lesquelles je suis ami. Je suis content qu'ils aient retrouvé un club, ils le méritent", insiste Robert Nazaretian, conseiller du président à la formation, vice-président de l'OM Association et mémoire des lieux.
Depuis le 9 octobre, le duo passe ses journées à préparer le plan de relance rhodanien. Cela ne les empêchera pas de se souvenir des bons moments passés ensemble, hors football. "Es-tu prêt à retourner à Saint-Martin ?", demandait Blanc à Passi dans une interview décalée publiée sur le site de l'OM en 2016, juste avant la finale de coupe de France contre Paris. Réponse de son compère : "Demain ! C'est un souvenir inoubliable, nous étions jeunes, avec nos fiancées qui sont nos femmes maintenant. On a passé dix jours là-bas, c'était vraiment bien."
Au cours de ce long roman d'amitié, d'autres contrées ont été explorées, telles qu'Ibiza et Lloret de Mar, temples de la fiesta à l'espagnole, ou, plus récemment, Carnon-Plage, station balnéaire de l'Hérault, où l'ex-Mancunien a ses habitudes. De bonnes occasions, aussi, pour rire en repensant au jour où, sur un ballon aérien anodin, lors d'un match du MHSC face à Sochaux, le Biterrois a involontairement fracturé la mâchoire du Cévenol. "Je ne t'en ai jamais voulu, enchaînait l'ancien libero dans l'entretien croisé. Ça fait partie des aléas du métier et du football. C'était il y a très longtemps... Tu m'as permis de bien rester deux mois au chaud avec la possibilité de manger avec une paille. Tu sais très bien qu'entre nous, on ne peut pas s'en vouloir et surtout pas de ces choses-là. Ne t'inquiète pas, c'est oublié."
Robert Nouzaret :
"Des mecs bien"
Ces deux-là ne seront jamais fâchés. Au moindre coup de Trafalgar, c'est l'amitié qui prend le quart... "Ils avaient la mentalité pour être potes, souligne l'un de leurs mentors à Montpellier, Robert Nouzaret. C'était une bonne période. Ils étaient d'excellents footballeurs, mais surtout de belles personnes. Je ne suis pas étonné de les voir ensemble aujourd'hui. Ce sont des mecs bien. Ils ont tout pour réussir."
Aujourd'hui, les Gones misent sur leur complémentarité. "Franck se retrouve avec quelqu'un qui a gagné la coupe du monde, l'Euro, le championnat de France... Laurent est une grosse pointure, un personnage du football français, avec tous les titres qu'il a pu remporter", appuie De Bono. Le premier occupe un rôle de terrain similaire à celui de Gasset, quand le second prend les décisions et se retrouve en première ligne médiatique. Le Minot connaît son Passi sur le bout des doigts et sait que ça collera : "Il est remarquable, d'une droiture extraordinaire. Tout est sérieux, rigoureux, il fait des plaisanteries quand il faut, il a de la douceur. C'est un caméléon. Il est honnête, c'est sa qualité première. Il respecte les autres. De nos jours, c'est rare."
Licencié par Jacques-Henri Eyraud dès son arrivée, l'ex-milieu avait accusé le coup. Logique. Le revoilà en Ligue 1, grâce à son complice éternel. Ils s'appelaient les copains d'abord.
La Provence