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COACHING; "Ici, Antonio est partout..."; Coéquipiers à la Juventus, Tudor et Conte se retrouvent ce soir avec le costume d'entraîneur. Hier, le technicien croate est revenu sur leur relation alors que le coach italien a loué son travail
Le feu... et le feu. La réunion entre Antonio Conte et Igor Tudor, ce soir à l'occasion de Tottenham-OM, met aux prises deux entraîneurs au tempérament affirmé. Deux grandes gueules adorables en dehors du terrain, mais deux hommes sanguins dès qu'ils entrent en action. Deux professionnels qui ne sont pas là pour sucrer les fraises, et qui ne transigent pas pour affirmer leur philosophie de jeu (qu'ils partagent aussi) et faire régner l'ordre dans leur vestiaire. Bref, deux techniciens au caractère bien trempé.
Mais c'est aussi et surtout un moment de retrouvailles entre deux anciens coéquipiers qui ont vécu l'apogée de leur carrière de joueur sous les couleurs de la Juventus Turin. Enfant de Lecce et milieu de terrain emblématique, Conte figure toujours aujourd'hui parmi les symboles de la Vieille Dame, dont il a porté le maillot bianconero de 1991 à 2004 avant d'en devenir l'entraîneur (2011-14). Né à Split et défenseur dur au mal, Tudor ne fait clairement pas partie de la même caste, même s'il a joué à Turin de 1998 à 2007. Mais les deux hommes ont partagé des joies immenses sous la même tunique, notamment le titre de champion en 2003, et des peines marquantes, comme la défaite en finale de Ligue des champions lors de la même saison face au Milan. De quoi nourrir des liens indéfectibles. "En tant que joueur, si l'on pouvait voir que Conte étudiait l'entraînement et que l'on pouvait deviner cette carrière, pour Tudor, qui à l'époque avait un air plutôt distant, personne n'aurait imaginé qu'il ferait plus tard ce travail", rembobine Luca Curino, journaliste à la Gazzetta dello Sport.
Biberonnés au football italien et à sa culture particulière, le Transalpin (53 ans) et le Croate (44 ans) n'en sont pas au même stade, non plus, dans leur parcours d'entraîneur. Et pas seulement d'un point de vue capillaire puisque, avec le temps, Conte a gagné des cheveux tandis que Tudor en a perdu. L'ancien international italien a déjà ramené des titres (quatre en Serie A, trois avec la Juve, un avec l'Inter ; un en Premier League avec Chelsea) là où le Dalmate n'a pas encore dépoussiéré son armoire à trophées. "C'est un ami et l'un des meilleurs entraîneurs du monde", reconnaissait le coach de l'OM à propos de son homologue, en marge d'un match (perdu 1-0) par l'Udinese contre l'Inter Milan à San Siro en 2019. Pour l'instant, il s'agissait de leur seule confrontation directe sur un banc de touche. Une rencontre dont Conte ne se souvient pas, lui qui se rappelle, en revanche, avoir déjà vu Tudor dans le rôle d'adjoint lorsqu'il officiait à la Juventus avec Andrea Pirlo.
"Quand je suis arrivé à la Juve, je n'avais que 20 ans, a détaillé Igor Tudor hier dans les entrailles du flambant Tottenham Stadium. Antonio était là, avec (Ciro) Ferrara, (Paolo) Montero, (Alessandro) Del Piero, des joueurs et des hommes de grandes valeurs. Antonio était l'exemple pour nous tous, par ses mots et son comportement. Je l'ai eu comme coach par la suite, quand il était assistant à Sienne et que je suis allé jouer là-bas. Quand j'ai essayé d'être coach à mon tour et qu'il était en poste à la Juve c'est grâce à lui que j'ai pu voir les entraînements. Maintenant, c'est l'un des meilleurs entraîneurs au monde. Mais demain (lire ce soir), même si on sera là tous les deux, il ne faut pas oublier ce sont les joueurs qui décideront du match."
Ce soir, sur la pelouse du New White Hart Lane, ce sera donc leur deuxième rendez-vous. "Igor est un ami, a prolongé Antoni Conte hier en début d'après-midi dans l'auditorium du somptueux centre d'entraînement de Tottenham. On a joué ensemble pendant des années. C'est un bon gars. Je suis très content de le retrouver en tant que coach d'un club très important en Europe. Il a eu beaucoup de succès à Vérone la saison dernière et il paraît qu'il travaille très bien à Marseille. Il bosse beaucoup, son équipe a les idées claires. Je lui souhaite bonne chance, à lui et à l'OM, mais sauf lors des deux matches contre nous !", a plaisanté le Mister des Spurs.
Un trait d'humour partagé par Tudor pour justifier le choix de s'entraîner à Marseille hier matin, et non à Londres dans la soirée. "C'est comme ça. On a pensé que c'était mieux pour se préparer. Et puis, ici, Antonio est partout... Tout comme Fabio (Paratici, le directeur du football de Tottenham)", a glissé le coach de l'OM dans un sourire.
La Provence