Information
LES CONSEQUENCES DE LA 3EME PLACE
Doublé par Lens au classement, le club olympien reste tout de même dans la course pour une qualification directe en Ligue des champions
Les Olympiens avaient les nerfs à vif quand ils ont quitté - tardivement - le stade Bollaert-Delelis, samedi soir. Ils n’avaient guère envie de s’épancher, eux qui ruminaient cette défaite contre Lens (1-2) synonyme de recul à la 3e place du classement (position qualifiée "d’horrible" en interne), à quatre journées de la fin du championnat. À l’exception des préposés au contrôle antidopage, la plupart d’entre eux ont rallié leur bus illico presto après avoir expédié les obligations médiatiques, pendant que les discussions autour de l’arbitrage de Clément Turpin se poursuivaient dans les entrailles de l’arène artésienne, oscillant entre incompréhension et colère. Car si la troisième et dernière marche du podium offre un strapontin pour la prochaine édition de la Ligue des champions, celui-ci se révèle souvent piégeux, voire fatal, avec le 3e tour préliminaire puis les barrages à franchir avant d’avoir le privilège de s’asseoir à la table des géants du continent.
LES COMPÉTITIONS - La Juve, meilleur allié de l’OM
Quand la délégation olympienne a quitté le Nord, étourdie et dépouillée de sa deuxième place, personne n’évoquait la possibilité qui permettrait à l’OM d’être tout de même propulsé directement en phase de poules, au même titre que le vice-champion et le champion de France : voir le vainqueur de la Ligue Europa se qualifier pour la C1 grâce à un billet arraché dans son championnat, le lauréat de l’épreuve étant qualifié d’office et désigné tête de série.
Pour mieux comprendre, jetons un coup d’œil sur la C3. Celle-ci déroule son dernier carré ce jeudi, avec deux belles affiches : d’un côté entre l’AS Rome et le Bayer Leverkusen, de l’autre entre la Juventus et le Séville FC. L’OM n’espère pas grand-chose de la première demi-finale. Les Romains et les Allemands sont largués et seul un parcours parfait, conjugué aux chutes à répétition de leurs concurrents, les verrait arracher un billet pour la Ligue des champions. Les hommes de José Mourinho pointent au 7e rang de Serie A, avec cinq points de retard sur l’Inter (4e). Quant à Leverkusen, 6e, il accuse un retard de 8 unités à trois journées de la fin. Autant dire que, là aussi, il faudrait un authentique miracle pour que les troupes de Xabi Alonso comblent leur retard sur l’Union Berlin et Fribourg.
La seconde demie offre un peu plus d’espoir au camp olympien. Pas grâce à Séville même si l’ancienne équipe de Jorge Sampaoli connaît un redressement spectaculaire - mais tardif - en Liga. C’est la Juventus qui est actuellement la mieux placée. Les Bianconeri sont allés s’imposer hier après-midi sur le terrain de l’Atalanta Bergame (2-0). Dauphins du champion Naples, ils sont en ballottage favorable avec 5 points d’avance sur le Milan AC, 5e. Une épée de Damoclès plane tout de même au-dessus de leur tête. Ils ont été sanctionnés, en première instance, de quinze points de pénalité pour avoir enregistré des plus-values artificiellement gonflées sur certains transferts. La sanction a été suspendue en appel mais la Juve s’attend à un nouveau retrait de points, vraisemblablement moins conséquent que la décision initiale mais qui ferait tout de même reculer au classement la formation de Massimiliano Allegri. En attendant, l’OM va sans doute la soutenir. Pablo Longoria, Javier Ribalta et Igor Tudor n’auront pas besoin de beaucoup se forcer.
Si jamais ces scénarios ne sourient pas à l’OM et que les Marseillais ne parviennent pas à dépasser Lens, ils seraient alors contraints de passer par des chemins de traverse pour atteindre la phase de groupes de Ligue des champions pour la deuxième année d’affilée. En cas d’élimination au 3e tour (aller les 8 et 9 août, retour une semaine plus tard) ou en barrages (aller les 22 et 23 août, retour une semaine plus tard), l’équipe olympienne serait reversée en poules de Ligue Europa.
MERCATO - Des perturbations à prévoir.
Être qualifié directement ou pas en Ligue des champions, modifie la donne en ce qui concerne le marché des transferts. L’OM estime toutefois que, sur le plan financier, la différence entre les deux places reste marginale, le manque à gagner en rentrées d’argent d’un côté étant à peu près compensé de l’autre par un rééquilibrage automatique des salaires (quasiment tous sont conditionnés à la "LdC") et la disparition des bonus à verser aux membres de l’effectif. De quoi permettre d’éviter un accident industriel en cas de non-qualification. Reste que pour attirer des joueurs du niveau C1, il vaut toujours mieux être assuré de participer a minima à la phase de poules. L’incertitude liée au 3e tour préliminaire et aux barrages, ainsi que la possibilité d’être reversé en Ligue Europa, changent la stratégie des dirigeants, qui doivent attendre le 30 août pour être fixés tout en mesurant les risques à prendre sans patienter jusqu’à ce délai. Cela peut aussi faire varier la perception des potentielles recrues. D’autant plus aujourd’hui, à une époque où la plupart des joueurs veulent entendre la petite musique de la "Champions". Ce sont les deux écueils principaux pour l’état-major olympien.
L’OM a d’ailleurs prévu de régénérer en grande partie l’effectif marseillais au prochain mercato. Ce qui n’est pas pour déplaire à Pablo Longoria et Javier Ribalta. Friands de transferts, ils considèrent que c’est une nécessité pour revitaliser un groupe et pour maintenir un certain niveau de concurrence dans l’équipe. Ce que pensait déjà à son époque Didier Deschamps. Sans compter que le style de jeu prôné par Igor Tudor réclame une forme physique et mentale irréprochable. Partant de ce principe, les dirigeants olympiens tablent sur huit à neuf recrues dans le sens des arrivées et autant au niveau des départs. Dans ce domaine, on sait déjà que Nuno Tavares, encore une fois à côté de la plaque samedi à Lens, retournera à Arsenal à la fin de son prêt. Le cas d’Issa Kaboré est différent, car si l’option d’achat (fixée à 20M¤ par Manchester City) est hors de propos, il pourrait y avoir des négociations pour discuter d’un nouveau prêt ou pour baisser l’indemnité de départ.
L’OM étudiera toutes les offres
Des joueurs comme Matteo Guendouzi, Cengiz Ünder, Leonardo Balerdi, Pau Lopez, voire Valentin Rongier ont également une valeur marchande, même s’ils n’ont pas tous le même rôle et le même poids dans le vestiaire. Un facteur à prendre en compte sachant qu’en cas de non-qualification en C1, l’OM devra aussi chercher davantage de plus-values pour équilibrer son bilan comptable.
L’OM étudiera de toute façon toutes les offres. Idem pour les joueurs arrivés l’été dernier, même si, a priori, ceux-ci sont appelés à rester. Quid d’Alexis Sanchez ? Recruté libre après sa rupture de contrat avec l’Inter de Milan, le Chilien dispose d’une année supplémentaire en option. Si la participation en Ligue des champions est une condition sine qua non pour "El Nino maravilla", les responsables marseillais réfléchissent eux aussi à son sujet. Des discussions auront lieu entre toutes les parties dès la fin de l’exercice, programmé à Ajaccio le 3 juin. Comme avec les autres joueurs de l’effectif. Pour le reste, il faut encore attendre.
L’OM N’A PLUS SON DESTIN ENTRE LES MAINS - “Ce n’est pas terminé, on ne va rien lâcher”
Cette saison, il est plutôt conseillé au supporter de l’OM d’avoir la nuque solide pour éviter le torticolis. Il y a encore quatre semaines, après un piteux nul à Lorient (0-0) qui faisait reculer les Provençaux à la 3e place, les plus pessimistes s’attendaient à être croqués au bout du sprint final par l’ASM. Les Monégasques ont depuis perdu deux fois et presque abandonné leur rêve de podium, mais durant ce laps de temps, les hommes d’Igor Tudor repassaient devant Lens et se retrouvaient à une distance raisonnable du PSG. Cinq unités à combler en cinq rencontres face à des Parisiens englués dans la crise et presque en roue libre, ça ne semblait plus si insurmontable.
Samedi soir, sous les coups de 23 heures, plus personne ne pensait au titre, et pour cause : les Sang et or venaient de battre les Olympiens dans un match crucial, les doublaient, et les laissaient avec comme seul horizon la quête de la 2e place, toutefois bien compromise. Deux points de retard à combler sur le Racing alors qu’il en reste douze à distribuer, ce n’est pas l’ascension de l’Everest. Mais les hommes de Franck Haise ont une belle tête de vice-champion grâce à leur énergie débordante et leur part de chance sur la double confrontation contre l’OM.
À l’aller, les Marseillais avaient archi-dominé la première période avant de s’incliner sur un tir de loin improbable et contré par Leonardo Balerdi de David Pereira da Costa. Et au retour, pas besoin de rappeler les circonstances de l’ouverture du score refusée à Alexis Sanchez. D’autre part, le calendrier len-sois n’est pas effrayant (voir ci-contre) : réceptions de Reims et Lorient, qui n’ont plus grand-chose à jouer, déplacement à Ajaccio, qui va descendre, et à Auxerre, à la lutte pour le maintien. 25 ans après le titre du RCL de Gervais Martel acquis grâce à un nul à l’Abbé-Deschamps, le clin d’œil pour les Ch’tis serait beau.
Mais ça, Matteo Guendouzi et les Olympiens s’en fichent. "Ce n’est pas du tout terminé, vous avez vu le scénario de la saison dernière, ça s’est joué jusqu’à la dernière seconde. Tout peut encore se passer sur cette fin de saison, il reste quatre matches, on va tout donner, essayer d’engranger le maximum de points", promet l’ancien d’Arsenal, avant de tempérer : "Mais on va évidemment être dépendant des résultats de Lens. On va espérer un faux pas de leur part. Il faut qu’on réponde présent sur les quatre derniers matches parce qu’il y a une qualification en Ligue des champions à aller chercher. On ne va rien lâcher."
Avec un peu moins de mots, Igor Tudor dit la même chose : "Il reste encore quatre matches, on les jouera à fond. Il reste 12 points à prendre, on verra." Pas grand monde ne s’inquiète de la réception d’Angers (35e journée), de Brest (37e j., qui sera toutefois dans l’obligation de prendre des points au Vélodrome) ou du déplacement à Ajaccio (38e j.). Mais le choc de la 36e journée à Lille, qui n’a plus perdu au stade Pierre-Mauroy depuis le 31 août (1-2 face à Nice), vaudra le détour et sera à hauts risques. Comme le serait un passage par un 3e tour préliminaire puis un barrage pour accéder à la Ligue des champions en cas de troisième place finale…