Information
La Côte ou la décote
Avec sept points en trois journées, l’OM, encore inconstant dans le jeu, va passer à Nice un examen brûlant qui en dira davantage sur ses ressources. MÉLISANDE GOMEZ
On ne s’ennuie vraiment pas, cet été, à Marseille, et c’est presque avec soulagement que l’on découvrira la feuille de match de ce Nice-OM, en début d’après-midi : une liste de vingt noms qui ne change pas de la journée, c’est plutôt rare, au club, dans ce mercato enfiévré. Lancé dans un grand chambardement de son effectif, l’OM a aussi des matches à jouer le week-end venu et c’est l’occasion d’abandonner les options d’achat non obligatoires avec bonus pour revenir au terrain, ce qui n’est pas plus mal. Cette semaine, encore, le casting a été retouché, Éric Bailly est devenu la onzième recrue de ce marché frénétique et Arkadiusz Milik a été exfiltré vers la Juventus Turin.
Les visages changent régulièrement le matin à l’entraînement, pour Igor Tudor, mais les contingences du mercato semblent glisser sur les épaules du Croate comme une douce brise de fin de soirée. Alors qu’il comptait sur l’attaquant polonais, par exemple, pour conclure les actions cette saison, l’entraîneur a accueilli avec stoïcisme la nouvelle de son départ : « Arek m’a beaucoup plu, mais un choix a été fait. » Milik n’est plus là, la vie continue et Tudor maintient le cap, il continue d’inculquer ses principes de jeu pendant les séances, d’une voix ferme et convaincue et, jusqu’ici, les résultats lui donnent un peu d’air, du haut de ses sept points après trois journées.
Ce n’est que le tout début et, dans le contenu, l’ouvrage reste perfectible, mais un entraîneur qui ne perd pas a les idées qui portent et les épaules plus légères. Et s’il rapportait au moins un point de Nice, tout à l’heure, le Croate deviendrait le premier coach de l’OM invaincu sur ses quatre premiers matches de L1 depuis Élie Baup, il y a dix ans. Ce serait un bon signal pour la suite si l’équipe réussit à avancer alors qu’elle digère encore les méthodes sans pincettes de son nouvel entraîneur, si elle traverse sans dégâts le tourbillon du mercato estival.
L’OM n’a plus le temps d’être inconstant
Mais le court déplacement à Nice dessine un premier virage piégeux, après une entame plutôt clémente sur le papier (Reims, Brest, Nantes), et le souvenir encore frais de la saison dernière (voir page 11) promet un accueil électrique aux Marseillais.
L’après-midi sera torride, donc, et pas seulement à cause des 35 degrés annoncés par les prévisions météo, et l’examen donnera une idée de la solidité de cet OM encore inconstant, séduisant face à Reims (4-1), laborieux à Brest (1-1), débridé contre Nantes (2-1). « Il y a eu de bonnes choses, d’autres qui ne m’ont pas plu, où j’attendais davantage, constate Tudor. Ce que vous voyez en match est un mélange de différentes choses, la personnalité d’un entraîneur, les caractéristiques des joueurs, leur passé, leurs expériences. Il y a besoin de temps pour qu’un entraîneur laisse une empreinte sur son effectif. »
Mais le temps, justement, va se compresser d’un coup. La Ligue des champions vient affoler le calendrier, l’OM va enchaîner sept matches d’ici au 18 septembre et la pente va se durcir nettement, pour Tudor, qui en est parfaitement conscient : « Le petit problème qu’on a, c’est que nous allons jouer tous les trois jours et qu’il y aura moins de temps pour l’entraînement. » Autant prendre les points le plus vite possible, donc, dans le sillage des débuts prometteurs d’Alexis Sanchez face aux Nantais, le week-end dernier.
Trouver les bonnes associations en attaque constitue un des chantiers pour le 3-4-3 de l’ancien entraîneur de Vérone, où le Chilien avait endossé le costume du 9, dimanche, où Luis Suarez est efficace dès qu’il entre en jeu, et où l’heure de Dimitri Payet semble venue (voir par ailleurs). « Je vois qu’il est de mieux en mieux », estime son entraîneur. Cela tombe bien : septembre s’annonce chargé.
L'Equipe