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Fact checking : l'OL est-il vraiment avantagé par l'arbitrage?
Au lendemain du réjouissant Lyon-Brest (4-3), émaillé par plusieurs décisions contestées, en faveur des deux équipes, retour sur la saison «arbitrale» des Lyonnais.
Même si l'on préférera se souvenir de ce formidable Lyon-Brest (4-3) pour le spectacle et les émotions, surtout si l'on est supporter lyonnais, difficile d'occulter l'arbitrage de Mathieu Vernice (note dans L'Equipe: 1/10) qui s'est noyé et a perdu le fil de son match, en se trompant sur plusieurs décisions, oubliant un penalty pour Brest, expulsant injustement son leader Pierre Lees-Melou et omettant de donner le rouge à son gardien Marco Bizot.
Pas très heureux à l'aller
En revisitant l'ensemble de la saison de Ligue 1 de l'OL afin de savoir si les Lyonnais ont été avantagés ou désavantagés par l'arbitrage, une évidence apparaît: les Gones n'ont, dans un premier temps, pas vraiment été aidés par leurs entraîneurs (Laurent Blanc, Fabio Grosso) et leurs joueurs. Et même parfois par le destin, comme lorsque Willy Delajod (5/10) n'était pas revenu sur la main de Shamar Nicholson, passeur décisif sur l'ouverture du score clermontoise, dans un match qui avait vu l'OL perdre (1-2, 9e journée), se faire dépasser par son adversaire du jour pour se retrouver lanterne rouge à 5 points du barragiste
Une autre remarque perfide de L'Equipe lors de la défaite à Lens (14e journée, 2-3), sous la direction de Clément Turpin (5/10), fait état d'un «penalty sévère contre Skelly Alvero [qui] a rappelé aux Lyonnais que tout leur serait difficile, cette saison, tout le temps, jusqu'au bout».
Mais avant la 17e journée et le déplacement des hommes de Pierre Sage au Havre, aucun signe manifeste de scandale. Trois journées plus tard, lors de la réception de Nantes (1-0), l'OL finissait à 10 contre 11: «Le rapport de forces aurait été différent pour finir, sans doute, si M. Bastien (4/10) ne s'était pas trompé une fois sur deux dans sa décision de sortir un carton rouge: si l'expulsion de Lovren (84e) était logique, après intervention du VAR, on ne voit pas comment Duverne (Nantes) a pu échapper à un deuxième jaune pour un croc-en-jambe volontaire sur Nuamah, qui l'avait effacé (69e).» Depuis, et avant le fameux Lyon-Brest, des coups de sifflet ont un peu plus fait réagir dans trois rencontres de l'OL.
18e journée, Le Havre-OL (3-1): Friio réclame le rouge
Au Havre, perméables et quasi inoffensifs, les Lyonnais coulent (1-3) et terminent le match à 9. «L'histoire du match peut aussi se raconter autour des décisions de Gaël Angoula (2/10) dont le statut de natif du Havre passe mal chez certains Lyonnais. L'arbitre, peu inspiré, n'a pas été aidé par ses assistants du VAR, muets dans l'oreillette après une semelle d'Opéri sur la cheville de Clinton Mata dans la surface de réparation (15e)».
Le directeur sportif lyonnais réagit en zone mixte: «Normalement, c'est rouge et penalty. Quand on sait que le joueur fait ensuite une passe décisive et marque un but... Il faut quand-même se faire respecter.»
Le dirigeant évoque également un penalty non sifflé pour une main de Sabbi (45e + 5) et juge «sévère» l'expulsion d'O'Brien (28e). Pierre Sage tempère: «Je ne veux pas parler de ce que décident les arbitres, sinon j'aurais fait arbitre. Les erreurs auraient été anecdotiques si on avait été meilleurs dans certains compartiments.»
22e journée, OL-Nice (0-1): Rivère charge Turpin
À l'issue de la défaite de Nice au Groupama Stadium (0-1), les Aiglons ne peuvent que râler sur des suspicions de penalty, Duje Caleta-Car poussant de l'avant-bras Evann Guessand (45e), Nicolas Tagliafico emmenant Jordan Lotomba au sol avec lui en le tirant par le maillot (82e). Le président de l'OGC Nice, Jean-Pierre Rivère, est remonté contre M. Turpin (3/10): «Être arbitre est très difficile et il est normal de faire des erreurs. Mais à un moment, cela s'accumule. Cela fait plusieurs matches avec des erreurs d'arbitrage alors qu'il y a le VAR. Alors, à quoi il sert ?. M. Turpin est peut-être intouchable. Quand j'ai voulu lui parler en fin de match, il m'a dit: "Vous ne me touchez pas et vous ne me montrez pas du doigt." Mais à un moment, il faut qu'il (Turpin) redescende. Je trouve que M. Turpin a fait un très mauvais match et j'avais beaucoup d'appréhension qu'il nous arbitre. Cela commence à bien faire. Il y a des arbitres avec qui on arrive à discuter car on est tous des acteurs du jeu mais là on n'a pas pu.»
28e journée, Nantes-OL (1-3): Lacazette passe à l'orange
Dans un stade de la Beaujoire à huis clos, Alexandre Lacazette est l'homme au centre de la victoire de Lyon (3-1) et des débats... Son égalisation, d'un tacle sur un dégagement de Nathan Zézé après un double arrêt d'Alban Lafont (75e) intervient vingt-deux minutes après une action qui aurait pu lui valoir le rouge pour une manchette involontaire dans le visage du défenseur des Canaris Zézé, dont l'arcade explose après le contact avec le coude du capitaine de l'OL. Jérôme Brisard (5/10), l'arbitre principal, n'a pas bougé, tandis que Lacazette, simplement averti, venait s'inquiéter de son état de santé.
Une attitude commentée dans L'Equipe par Saïd Ennjimi, ancien arbitre international: «Elle n'est pas reprochable sur le plan du règlement. Le VAR ne l'informe que s'il y a un sujet important. Mais quand il y a un joueur au sol, une excitation plus que de nature sur le banc de touche, c'est bien d'aller voir la vidéo.»
L'entraîneur nantais, Antoine Kombouaré, réagissait après avoir été reçu dans le vestiaire des arbitres: «J'en veux beaucoup à l'arbitre. Le quatrième arbitre dit: on a checké là-haut (au VAR), ils disent que c'est un coup d'épaule. Je souhaitais au moins qu'il (M. Brisard) aille revoir les images. Quand moi j'ai revu l'action, je suis scandalisé, j'ai les boules. On fait confiance, et là, le geste de Lacazette, même s'il est involontaire, c'est coup de coude et rouge tous les jours.»
L'OL n'est pas avantagé, mais la roue tourne... bien
Outre l'amélioration de son expression collective, il est incontestable que l'OL est porté par une dynamique très vertueuse depuis l'arrivée de Pierre Sage début décembre. S'il faut louer leur capacité à renverser la situation en fin de match, c'est souvent parce que les Lyonnais ont été en difficulté dans la première heure, et parfois bien payés de ne pas avoir été sanctionnés davantage avant de réagir.
Il y a également un effet loupe, car l'OL vient de prendre six points à Nantes (3-1) et contre Brest (4-3) en une semaine, là où il en aurait pu en prendre zéro à l'automne en fournissant les mêmes prestations. Et quand l'arbitrage lui semble favorable, c'est généralement parce que la pièce est tombée du bon côté au moment où les arbitres ont dû trancher une action qui tolérait deux réponses. La folle remontée au classement peut ajouter au sentiment de suspicion, d'autant que davantage de clubs se sentent menacés par des Lyonnais qui n'inquiétaient pas grand-monde quelques semaines plus tôt.